En Irak, un journaliste entre la vie et la mort après l'assassinat d'un militant

Des manifestants irakiens brûlent des pneus devant le siège du gouvernorat de Karbala / AFP
Des manifestants irakiens brûlent des pneus devant le siège du gouvernorat de Karbala / AFP
Short Url
Publié le Lundi 10 mai 2021

En Irak, un journaliste entre la vie et la mort après l'assassinat d'un militant

  • Le journaliste Ahmed Hassan de la chaîne al-Fourat, atteint à la tête à Diwaniya, plus au sud, a été transféré à Bagdad où il a subi plusieurs opérations et « restera encore deux semaines en soins intensifs »
  • Ces deux attaques ont provoqué un choc en Irak, même si le pays est habitué aux violences pré-électorales. Des législatives anticipées ont été annoncées pour octobre 2021

BAGDAD : Un journaliste connu en Irak cible d'une tentative d'assassinat était lundi entre la vie et la mort, 24 heures après le meurtre de l'une des plus grandes voix contre la mainmise de l'Iran et des groupes armés dans le pays.

Par deux fois, dimanche vers 01H00 du matin et lundi à la même heure, des hommes armés de pistolets munis de silencieux ont tiré sur les deux hommes.

Attaqué alors qu'il rentrait chez lui, le militant Ehab al-Ouazni, coordinateur des manifestations antipouvoir à Kerbala, ville sainte chiite du Sud, est mort sur le coup. 

Le journaliste Ahmed Hassan de la chaîne al-Fourat, atteint à la tête à Diwaniya, plus au sud, a été transféré à Bagdad où il a subi plusieurs opérations et "restera encore deux semaines en soins intensifs", selon l'hôpital spécialisé où il a été admis. Il était sur le point de sortir de son 4X4 devant son domicile quand l'attaque a eu lieu.

Ces deux attaques ont provoqué un choc en Irak, même si le pays est habitué aux violences pré-électorales. Des législatives anticipées ont été annoncées pour octobre 2021.

Impunité

Mais l'impunité sur laquelle les tueurs semblent compter pour frapper des figures connues, sous l'oeil à chaque fois de caméras de surveillance, a fait ressurgir le spectre des éliminations politiques, dans un pays qui en était coutumier surtout durant le conflit confessionnel (2006-2009).

Depuis le début de la révolte populaire inédite d'octobre 2019, au moins 70 militants ont été victimes d'assassinats ou de tentatives d'assassinat et des dizaines enlevés, parfois brièvement. Hicham al-Hachémi, un spécialiste du jihadisme, a été assassiné en juillet 2020 sous les yeux de ses enfants devant sa maison à Bagdad.

Personne n'a revendiqué ces assassinats mais pour les militants, comme pour l'ONU, il s'agit de "milices" dans un pays où les groupes armés financés par le grand voisin iranien n'ont cessé de gagner en influence.

"Les milices de l'Iran ont assassiné Ehab al-Ouazni et vont tous nous tuer, elles nous menacent et le gouvernement reste silencieux", a dénoncé l'un de ses amis dans une vidéo tournée à la morgue.

Selon ses proches, Ehab Ouazni avait récemment affirmé aux forces de l'ordre se sentir menacé mais aucune protection ne lui avait été accordée.

Peu après son assassinat, une dizaine de formations, dont Al-Beit al-Watani, l'un des rares partis nés de la "révolution d'octobre", ont annoncé qu'elles boycotteraient les législatives.

"Comment un gouvernement qui laisse passer sous ses yeux des pistolets avec silencieux et des bombes peut-il garantir un climat électoral sûr?", s'est interrogé Al-Beit al-Watani dans un communiqué, alors que plusieurs candidats ont dit avoir reçu des menaces de mort.

« Iran dégage »

Pour le député Saad al-Helfi, du camp de l'influent dignitaire chiite Moqtada Sadr, "le retour des assassinats vise à entraver les élections". Et, a prévenu Moqtada Sadr, lui-même ancien chef d'une milice, dans un tweet: "participer aux élections se fait sous certaines conditions, les assassinats n'en sont pas une". 

Après les attaques, la colère a éclaté contre l'Iran, puissance agissante en Irak, dont les alliés tiennent le second bloc au Parlement irakien.

Dimanche soir, des manifestations ont eu lieu à Diwaniya et Nassiriya, alors que des manifestants ont brûlé des pneus et des préfabriqués devant le consulat d'Iran à Kerbala. Le ministère iranien des Affaires étrangères a dit s'être "plaint" à l'ambassade d'Irak à Téhéran.

Avant cela, les participants au cortège funéraire d'Ehab Ouazni à Kerbala avaient scandé "Iran dégage!" ou "Le peuple veut la chute du régime!".

La police a eu beau dire qu'elle ne "ménagerait pas ses efforts" pour capturer les auteurs de cet assassinat et le Premier ministre Moustafa al-Kazimi promettre de "rattraper les tueurs", ils n'ont pas convaincu.

Les militants estiment que M. Kazimi, également patron du renseignement, n'a toujours pas fait justice aux critiques assassinés, un an après sa prise de fonction.

Ehab Ouazni lui-même s'en était pris à M. Kazimi en février sur Facebook: "tu es au courant de ce qu'il se passe? Tu sais qu'ils enlèvent et tuent ou bien tu vis dans un autre pays que nous?".


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Short Url
  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.