AL-MUKALLA : Un mannequin yéménite, enlevé par les Houthis, sera soumis à un test de virginité, a déclaré Amnesty International vendredi.
Le groupe de défense des droits de l’homme a exhorté la milice à renoncer immédiatement à ses projets.
« Les Houthis, autorités de facto au Yémen, doivent immédiatement renoncer à tout projet visant à soumettre Entesar Al Hammadi à un test de virginité forcé », lance Lynn Maalouf, directrice régionale adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International. « Elle est punie par les autorités pour avoir défié les normes de la société profondément patriarcale du Yémen qui consacrent la discrimination à l’égard des femmes ».
Les Houthis ont interdit aux médias des régions qu’ils contrôlent et aux utilisateurs des réseaux sociaux de publier ou de partager des informations liées au cas de Mme Al-Hammadi. Ils ont également interdit à ses avocats de s’adresser aux organes de la presse internationale.
« Les Houthis ont un bilan déplorable de détentions arbitraires basées sur des accusations infondées – pour faire taire ou punir critiques, activistes, journalistes et membres des minorités religieuses – ainsi que de tortures et d’autres formes de mauvais traitements », a ajouté Mme Maalouf.
Khaled Mohammed Al-Kamal, l’avocat du mannequin, a précisé qu’un procureur houthi avait ordonné l’interdiction de la couverture médiatique et lui avait interdit, ainsi qu’à tout autre personne, de s’adresser aux médias.
« C’est contraire à la loi », affirme-t-il à Arab News. « Mais ce n’est pas un problème si cela permettra de la libérer ».
L’actrice et mannequin, âgée de 20 ans, ainsi que deux autres actrices, se rendaient à un tournage de film le 20 février lorsque des miliciens armés les ont enlevées et emprisonnées à Sanaa.
Leur enlèvement a suscité des condamnations et attiré l’attention des médias, les défenseurs des droits de l’homme demandant que la milice soit désignée comme une organisation terroriste.
Irrités par la couverture médiatique de cette affaire, les Houthis ont destitué un procureur qui avait ordonné la libération du mannequin, placé Mme Al-Hammadi en isolement et fait pression sur M. Al-Kamal pour qu’il abandonne l’affaire.
Mais il s’est engagé à continuer à la défendre et a demandé sa libération, même sous caution, affirmant qu’elle pleurait tout le temps et qu’elle avait menacé de faire une grève de la faim pour obliger les Houthis à la libérer.
« Je suis son avocat et je continuerai à la défendre jusqu’au bout », ajoute-t-il. Il a indiqué que d’autres avocats locaux avaient accepté de se joindre à lui pour défendre le mannequin.
Les Houthis n’ont pas présenté de chefs d’accusation clairs à l’encontre de Mme Al-Hammadi, mais les habitants ont déclaré que l’enlèvement s’inscrivait dans le cadre d’une répression morale à l’encontre des artistes et des actrices, ainsi que des espaces à fréquentation mixte.
Par ailleurs, les combats se sont intensifiés dans les provinces de Ma’reb, de Jouf, de Hodeïda et de Taaz, quelques jours après que l’envoyé spécial de l’ONU au Yémen a annoncé que les efforts de paix visant à mettre fin à la guerre étaient voués à l’échec.
À Hodeïda, les forces du gouvernement ont affronté les Houthis à Hays et dans des régions contestées à l’intérieur de la ville de Hodeïda, ont indiqué les médias locaux, vendredi.
Les Forces conjointes, trois unités militaires majeures de la côte ouest du pays, ont précisé que 68 Houthis avaient été tués et 176 blessés.
Une trêve conclue dans le cadre de l’accord de Stockholm, signé fin 2018, a largement échoué à mettre fin aux hostilités à Hodeïda. Les groupes de défense des droits locaux qui recensent les victimes de la guerre ont indiqué que des centaines de civils ont été tués par des mines terrestres et des obus.
À Ma’reb, le ministre yéménite de la Défense a déclaré vendredi que des troupes avaient affronté les Houthis à Mashjah et Al-Kasara alors que les miliciens avançaient vers la ville de Ma’reb.
Les médias publics ont montré des dizaines de véhicules militaires et de combattants se dirigeant vers le champ de bataille pour repousser les Houthis.
Des milliers de combattants ont été tués depuis début février, lorsque les Houthis ont repris l’offensive pour prendre le contrôle de Ma’reb.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com