ROME: Rome a qualifié vendredi d'«inacceptables» les tirs essuyés la veille par des bateaux de pêches italiens au large des côtes libyennes, qui ont légèrement blessé un capitaine italien.
«Il est inacceptable que les gardes-côtes libyens procèdent à des tirs de semonce à hauteur d'homme», a dénoncé le ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio sur la chaîne La7, tout en soulignant que «ces eaux sont dangereuses et interdites».
«Nous déconseillons d'y aller, pas depuis quelques mois mais depuis des années (...) Il s'agit d'un pays (la Libye, ndlr) où il y a encore des tensions, et c'est dangereux», a-t-il ajouté. Dans un communiqué, le ministre de la Défense Lorenzo Guerini a rappelé que la Marine italienne est «constamment présente dans cette zone d'environ 160 000 km2 en vertu des accords internationaux en vigueur».
Salvatore Quinci, le maire de Mazzara del Vallo, le port sicilien d'où venaient les bateaux de pêche, a raconté à l'agence AGI que «la cabine d'un bateau était criblée de balles et que le capitaine a été blessé non seulement au bras mais aussi par un éclat de verre au crâne».
En dépit des mises en garde du gouvernement, les bateaux de pêche italiens, en particulier en provenance de Sicile, continuent à fréquenter cette zone où ils pêchent traditionnellement des crevettes roses depuis le début du siècle dernier, à la recherche notamment de la crevette «gambero rosso», particulièrement prisée des chefs des restaurants gastronomiques et dont le prix peut atteindre 60 euros le kilo chez les poissonniers.
Cette pratique est émaillée de nombreux incidents graves. En septembre, dix-huit pêcheurs venant de Sicile (huit Italiens, six Tunisiens, deux Indonésiens et deux Sénégalais) avaient ainsi été capturés sous l'accusation de pêche dans les eaux territoriales libyennes, et n'avaient été libérés par la Libye qu'en décembre.
Les tensions sur les droits de pêche ont augmenté à partir de 2005 quand le dictateur libyen Mouammar Kadhafi a proclamé que sa zone de pêche protégée s'étendait à 74 milles nautiques (près de 140 km) de la côte, au mépris des normes internationales.
Et la guerre civile en Libye a exacerbé davantage encore les hostilités, l'Italie recommandant désormais à ses pêcheurs d'éviter la zone contestée.