JÉRUSALEM : Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo est arrivé lundi matin en Israël pour une tournée de cinq jours au Moyen-Orient au cours de laquelle il doit évoquer la normalisation des relations entre l'Etat hébreu et des pays arabes.
Selon des images transmises par l'ambassade américaine, le chef de la diplomatie américaine portait un masque sanitaire aux couleurs du drapeau américain à sa descente de l'avion qui a atterri lundi matin à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv.
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo est à Jérusalem pour des discussions sur l'accord de normalisation annoncé entre Israël et les Emirats arabes unis, voire sa possible extension à d'autres pays arabes, selon des sources diplomatiques.
Il doit se rendre aux Emirats arabes unis, à Bahreïn et au Soudan dans le cadre d'une tournée au Moyen-Orient, ont précisé les mêmes sources dimanche.
A Jérusalem, il s'entretiendra avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, de l'accord de normalisation, parrainé par Washington, entre Israël et les Emirats, premier pays du Golfe à établir des relations officielles avec l'Etat hébreu.
Israël a signé des accords de paix avec l'Egypte (1979) et la Jordanie (1994), deux voisins avec lesquels il avait été en guerre.
A la faveur de la normalisation, Israël et les Emirats ont dit vouloir multiplier les échanges commerciaux, la vente de pétrole émirati à Israël, et de technologie israélienne aux Emirats, en plus de doper le secteur du tourisme avec à la clé des projets de vols directs entre Tel-Aviv et Dubaï et Abou Dhabi.
M. Netanyahu a dit souhaiter que ces vols traversent l'espace aérien de l'Arabie saoudite, ce qui devrait nécessiter des pourparlers. Ryad a exclu tout accord avec Israël avant un règlement de paix entre Israéliens et Palestiniens.
« Changer la trajectoire »
Les Emirats assurent que l'accord conclu avec l'Etat hébreu prévoit de « mettre fin à toute annexion supplémentaire » de secteurs en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Mais M. Netanyahu a dit que l'annexion était simplement « reportée ».
Cette annexion est prévue dans le plan du président américain Donald Trump annoncé en janvier, pour un règlement du conflit israélo-palestinien. Le plan prévoit aussi la coopération entre Israël et des pays arabes hostiles à l'Iran, ennemi juré de l'Etat hébreu.
Après l'annonce le 13 août de l'accord entre Israël et Abou Dhabi, la direction palestinienne a dénoncé un « coup de poignard dans le dos », les Emirats ayant normalisé les liens avec l'Etat hébreu sans paix préalable israélo-palestinienne. Mais la normalisation « permettra de changer la trajectoire de la région d'un passé d'hostilité et de conflits, à un autre d'espoir, de paix et de prospérité », a plaidé l'ambassadeur des Emirats à Washington, Youssef al-Otaïba, dans une lettre en hébreu publiée vendredi en Une du Yediot Aharonot, journal le plus vendu en Israël. Mais il a aussi prévenu que des « difficultés » pourraient pointer à l'horizon mais sans remettre selon lui en cause la normalisation.
Maintien de la supériorité technologique d’Israël dans la région
Un sujet s'impose comme particulièrement sensible pour §Israël : la vente possible d'avions de combat F-35 aux Emirats par les Etats-Unis.
Les Emirats disposent d'une soixantaine de Mirage 2000, un avion de combat polyvalent, mais selon le New York Times l'administration Trump a « accéléré » son offensive pour vendre des F-35 nouvelle génération aux Emirats dans la foulée de son rapprochement avec Israël.
Historiquement, Israël s'est opposé à la vente de F-35 aux autres pays du Moyen-Orient, y compris à la Jordanie et à l'Egypte, car il veut maintenir sa supériorité technologique dans la région. M. Netanyahu a soutenu que l'accord avec les Emirats, conclu sous l'égide des Etats-Unis, n'incluait pas de clause pour la vente de F-35 à ce pays du Golfe.
« Les Emiratis disent qu'il y a eu une promesse, Israël dit que non (...) mais il y a des arrangements qui peuvent être réalisés pour satisfaire Israël », explique à l'AFP Joshua Teitelbaum, spécialiste du Golfe à l'université israélienne Bar-Ilan, en évoquant des accords passés en coulisses pour faciliter la vente de F-15 à l'Arabie saoudite et à l'Etat hébreu.
Depuis l'accord avec les Emirats, les spéculations vont bon train sur les autres candidats possibles à la normalisation avec Israël: Bahreïn, Oman, voire le Soudan ?
Les Palestiniens, du Fatah laïc de Mahmoud Abbas aux islamistes du Hamas, tentent eux de mobiliser des puissances régionales comme la Turquie et l'Arabie saoudite, voire l'Iran et le Qatar, pour faire obstacle à la normalisation.