JÉRUSALEM: L’unique magistrat du tribunal israélien chargé d'examiner l'appel d'expulsion déposé par des familles palestiniennes, dans le quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem, a décidé de laisser trois juges de la Cour suprême trancher dans cette affaire lundi.
La décision survient à la suite du refus de l'organisation des colons juifs et des avocats des familles palestiniennes de tenter de parvenir à un accord, tel qu’ordonné par le juge.
L'avocat Hosni Abou Hussein, qui représente les familles, affirme à Arab News que le juge israélien n’a pas eu le courage de prendre la bonne décision.
«Notre requête de faire appel de l'expulsion était fondée sur des preuves juridiques solides que n'importe quel juge aurait facilement accepté, mais l'ambiance générale rendait difficile la tâche du juge».
Le chef du Haut Comité de suivi pour les citoyens arabes en Israël, Mohammad Baraka, et le député de la Knesset Ahmad Tibi ont rencontré des représentants des familles à Jérusalem. Ils ont ensuite publié une déclaration de soutien qui loue leur «ténacité» et leur rejet des offres de compromis.
Tibi explique à Arab News que la priorité est de soutenir les familles palestiniennes et de protéger l'identité de la ville. «Le but de cette tentative d'expulsion injuste est de judaïser la ville arabe de Jérusalem», martèle-t-il.
Abdel Latif Ghaith, un militant chevronné de Jérusalem, affirme à Arab News que le soutien public aux résidents de Cheikh Jarrah doit certainement se poursuivre.
«Manifestement, les tribunaux israéliens ne vont pas agir d’eux-mêmes, même dans un cas où la justice est aussi évidente. La pression publique à la fois locale, régionale et internationale, ainsi que les actions légales et la documentation incontestée, inverseront sans aucun doute l'effort des colons juifs déterminés à s'emparer de cette zone palestinienne», dit-il.
Ihab Abdel Latif, un résident de Cheikh Jarrah dont la demeure est entourée par des colons juifs illégaux des deux côtés, se dit inquiet. «Bien que nous ne soyons pas actuellement menacés d'expulsion, si les tribunaux israéliens insistent pour fermer les yeux sur les faits de cette affaire et apportent un soutien public aux colons juifs, nous sommes tous condamnés».
La Jordanie détenait le contrôle de Jérusalem lorsque l'Office de secours et de travaux des Nations Unies (UNRWA) a construit des logements sur un terrain vacant et a commencé à facturer des loyers aux Palestiniens. Les organisations de colons, qui se disent également propriétaires de ce terrain, réclament à présent un loyer.
L'avocat Abou Hussein explique que le compromis recherché par les tribunaux a échoué à cause du grand différend entre les deux parties. Les Palestiniens affirment qu'ils sont prêts à éviter l'expulsion sous prétexte de loyer impayé en déposant le montant dans un fonds devant les tribunaux. L'organisation Lahav Shomron est prête à permettre aux Palestiniens de rester, à condition de payer, mais dans ce cas, les colons juifs seraient considérés comme les vrais propriétaires de ces terres.
Selon la loi sur la protection des loyers à Jérusalem, l'offre de l'organisation des colons permet aux familles palestiniennes de rester aussi longtemps qu'un membre désigné de la famille est en vie. Par la suite, l'organisation saisirait les maisons. Les résidents palestiniens rejettent cette offre.
De nouvelles preuves sorties des archives ottomanes en Turquie et de celles du gouvernement jordanien, prouvent que la Jordanie et l'UNRWA ont accepté de construire des logements sur le terrain pour les Palestiniens, souligne Abou Hussein. La terre appartient en fait à la famille Hijazi Saadi depuis 1149 Hijri (1736 ap. J.-C.).
Les colons se servent de vieux documents ottomans, et affirment que la terre appartient à un groupe juif oriental qui s'est enregistré en 1972.
Les avocats palestiniens contestent cette revendication, et assurent que les documents des archives ottomanes à Istanbul auxquels les colons se réfèrent n'existent pas, et auraient en réalité été falsifiés.
Abou Hussein soutient que les colons revendiquent des terres sans preuve, et prétendent en être les premiers propriétaires.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com