AL-MUKALLA: Le Premier ministre du Yémen s'est rendu mercredi sur le champ de bataille de la ville de Marib, une démonstration de force au milieu de d’indications croissantes que l'offensive de la milice houthie soutenue par l'Iran pour prendre le contrôle de la province semble faiblir.
Maeen Abdel Malik Saïd a présidé une réunion de hauts responsables gouvernementaux et militaires dans la ville. Il a déclaré que le président Abed Rabbo Mansour Hadi a ordonné un soutien militaire accru aux troupes gouvernementales afin de combattre les Houthis.
«L'histoire est en train de s’écrire maintenant à Marib. Tout le Yémen suit Marib de près et nous sommes venus à Marib pour faire partie de ce moment remarquable… l'État et ses moyens sont avec vous», assure le Premier ministre.
Saïd affirme que le gouvernement va accepter tout effort de paix durable qui mette en œuvre un grand écart entre le Yémen et l'Iran. «Nous n’allons pas implorer pour une paix qui établisse un État fragile et raciste, calqué sur le modèle iranien et ses milices dans la région», a-t-il ajouté.
Le gouverneur de Marib, Sultan al-Arada, rappelle que l'offensive des Houthis a provoqué un déplacement «énorme» de la population, et que des milliers de personnes ont fui les combats. «Les Yéménites ne pourront jamais jouir de la paix tant que les armes de l’État demeurent entre les mains de la milice», soutient Al-Arada.
Riche en réserves de pétrole et de gaz, Marib est le dernier bastion du gouvernement yéménite dans le nord du pays. Les Houthis veulent désespérément en prendre le contrôle afin de l’utiliser comme une carte d’influence dans les pourparlers de paix négociés par l'ONU, mais le gouvernement est tout aussi déterminé à défendre Marib.
Martin Griffiths, l'envoyé de l'ONU pour le Yémen, a admis mercredi que les factions en guerre au Yémen ne sont pas près de conclure un accord et de mettre fin à la guerre, malgré les efforts diplomatiques considérables déployés jusque-là. «Nous discutons de ces questions depuis plus d'un an maintenant, et la communauté internationale nous appuie sans réserve», affirme-t-il.
«Malheureusement, nous ne sommes pas dans une situation où nous pouvons parvenir à un accord. Pendant ce temps, la guerre se poursuit sans relâche, et cause d'immenses souffrances à la population civile», ajoute-t-il.
À l'issue d'une série de réunions d'une semaine à Riyad et à Mascate, Griffiths a déclaré que les dernières discussions portent sur l'arrêt de l'assaut des Houthis contre Marib et l'assouplissement des restrictions sur les ports de Hodeidah ainsi que l'ouverture de l'aéroport international de Sanaa.
«Je vais continuer d'impliquer tous les acteurs et parties concernés sans relâche pour leur offrir les occasions de trouver des terrains d'entente et faire avancer les efforts de paix», a souligné Griffiths.
Des responsables au courant des discussions confient à Arab News que les Houthis ont refusé de rencontrer Griffiths et Tim Lenderking, l'envoyé spécial américain pour le Yémen, pour des pourparlers à Oman. Les milices houthies insistent plutôt pour l’ouverture de l’aéroport de Sanaa à des destinations illimitées, en particulier l’Iran, la levée des restrictions imposées au port maritime, ainsi que l’arrêt complet des frappes aériennes de la coalition arabe, avant même d’envisager de mettre un terme à leur offensive meurtrière sur la ville centrale de Marib.
«Nous ne leur faisons pas confiance car ils n'ont jamais respecté le moindre accord», signale un haut responsable yéménite. Ce dernier dévoile par ailleurs que le gouvernement yéménite accepterait de permettre les vols à partir de l'aéroport de Sanaa vers l'Inde, l'Égypte, la Jordanie et le Soudan, et lèverait les restrictions sur les navires à Hodeidah. Mais il croit que des vols directs de Sanaa vers l'Iran, la Syrie et le Liban permettraient aux Houthis d’acheminer des armes et des combattants.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com