Le conseil des sages de Facebook confirme l'interdiction de Trump sur le réseau social

Un écran de téléphone affiche un logo Facebook avec le portrait officiel de l'ancien président américain Donald Trump en arrière-plan, le 4 mai 2021, à Arlington, en Virginie. (Photo, AFP)
Un écran de téléphone affiche un logo Facebook avec le portrait officiel de l'ancien président américain Donald Trump en arrière-plan, le 4 mai 2021, à Arlington, en Virginie. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 05 mai 2021

Le conseil des sages de Facebook confirme l'interdiction de Trump sur le réseau social

  • «Au moment de la publication des messages de M. Trump, il y avait un risque clair et immédiat de préjudice et ses paroles de soutien aux personnes impliquées dans les émeutes ont légitimé leurs actions violentes»
  • Le Conseil a également formulé des recommandations politiques à mettre en œuvre par Facebook «pour élaborer des politiques claires, nécessaires et proportionnées qui favorisent la sécurité publique et respectent la liberté d'expression»

NEW YORK: Le conseil de surveillance de Facebook a décidé mercredi de maintenir l'interdiction faite à l'ancien président américain Donald Trump de poster des messages sur sa page Facebook et sur son compte Instagram.

Il ne s'agit toutefois pas d'une décision définitive, celui-ci jugeant qu'il n'est «pas approprié pour Facebook d'imposer» une sanction d'une durée indéfinie, a-t-il expliqué dans un communiqué.

Il lui demande ainsi de «réexaminer la décision arbitraire imposée le 7 janvier» dans les six prochains mois.

L'ancien chef de cabinet de Trump, Mark Meadows, a immédiatement condamné cette décision sur la chaîne Fox News, estimant que cela aurait un effet dissuasif sur la liberté d'expression. 

«C'est un triste jour pour l'Amérique, c'est un triste jour pour Facebook», a-t-il déclaré.

Le conseil de surveillance, dont les décisions sont contraignantes, a jugé que l'ancien locataire de la Maison Blanche «avait créé un environnement où un risque sérieux de violence était possible» avec ses commentaires le 6 janvier, jour de l'assaut du Capitole.

«Au moment de la publication des messages de M. Trump, il y avait un risque clair et immédiat de préjudice et ses paroles de soutien aux personnes impliquées dans les émeutes ont légitimé leurs actions violentes», a-t-il détaillé. 

En tant que président, M. Trump exerçait une forte influence, ont-ils également argué. «La portée de ses publications était importante, avec 35 millions d'abonnés sur Facebook et 24 millions sur Instagram», a-t-il poursuivi.

Le Conseil a également formulé des recommandations politiques à mettre en œuvre par Facebook «pour élaborer des politiques claires, nécessaires et proportionnées qui favorisent la sécurité publique et respectent la liberté d'expression».

Facebook avait banni de sa plateforme l'ancien président américain au lendemain de l'invasion du Congrès en janvier par une foule de ses partisans, lors de la certification de la victoire de Joe Biden à l'élection de novembre 2020.

Le groupe californien avait auparavant toléré de nombreux messages du milliardaire républicain jugés problématiques par de larges pans de la société, et même en interne. 

Mais le 7 janvier, le réseau avait finalement suspendu «jusqu'à nouvel ordre» le candidat perdant pour avoir enfreint ses règles sur l'incitation à la violence, notamment dans une vidéo où il exprimait son soutien aux émeutiers.

Fin janvier, Facebook s'était alors tourné vers son conseil de surveillance pour trancher cette affaire.

De 89 à 2 millions d'abonnés

La société finance à hauteur de 130 millions de dollars cette sorte de «cour suprême» indépendante, composée de 20 membres internationaux dont des journalistes, des avocats, des défenseurs des droits humains et d'anciens dirigeants politiques.

Elle a rendu en début d'année ses premiers verdicts (contraignants) et émis une série de recommandations (non contraignantes).

Pour Donald Trump, face aux 9 000 réponses à un appel à commentaires du public, elle s'était donné plus de temps. 

D'autres plateformes ont pris des mesures similaires après l'invasion du Capitole.

YouTube attend que «le risque de violence diminue» avant d'autoriser l'ancien président à publier de nouveau des vidéos sur sa chaîne. 

Twitter – son ancien réseau de prédilection avec près de 89 millions d'abonnés – a suspendu son compte de manière irrévocable, même si Jack Dorsey, le fondateur du réseau, avait déploré un «échec à promouvoir une conversation saine».

Le conseiller de Donald Trump, Jason Miller, avait promis que Donald Trump lancerait sa propre plateforme avec «des dizaines de millions d'abonnés». Mais pour l'instant il s'agit seulement d'un blog ajouté sur son site mardi, avec les mêmes messages que sur le réseau Gab, ouvertement conservateur et conspirationniste.

Malaise

Les fans du milliardaire accusent Facebook de censure. 

Les partisans d'un maintien du statu quo considèrent, eux, que la suspension du compte de l'ancien président aurait dû intervenir bien plus tôt.

«Il utilisait Facebook et les autres plateformes pour répandre des messages clairement faux sur les processus électoraux, sapant de manière très efficace la démocratie américaine», a estimé Samuel Woolley, de l'école de journalisme de l'université du Texas.

L'ostracisation numérique de M. Trump a été globalement saluée par les élus démocrates et la société civile américaine.

Mais en Europe, elle a suscité des critiques d'associations et de dirigeants, dont la chancelière allemande Angela Merkel, inquiets du pouvoir des sociétés technologiques sur la liberté d'expression.


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
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  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
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  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.