Jean-Noël Baléo: «Le français, une langue d’avenir pour les jeunes»

Entretien avec Jean-Noël Baléo, à la tête de la direction régionale Moyen-Orient de l’Agence universitaire de la francophonie (Photo fournie).
Entretien avec Jean-Noël Baléo, à la tête de la direction régionale Moyen-Orient de l’Agence universitaire de la francophonie (Photo fournie).
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Publié le Mercredi 05 mai 2021

Jean-Noël Baléo: «Le français, une langue d’avenir pour les jeunes»

  • L’impact de la crise sanitaire a frappé de plein fouet les institutions d’enseignement supérieur de la région du Golfe
  • L’AUF accompagne ses universités membres, via des formations de formateurs, pour intégrer le numérique dans les pratiques pédagogiques

BEYROUTH: Ingénieur de formation, ancien directeur de l’Institut français d’Irak et conseiller de coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France à Bagdad, Jean-Noël Baléo dirige depuis le 1er septembre 2020 la direction régionale Moyen-Orient de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), premier réseau universitaire au monde – plus de 1 007 établissements universitaires et de recherche dans 119 pays. Également titulaire d’un doctorat en sciences de l’École des mines de Paris, il compte à son actif trente années d’expérience professionnelle au cours desquelles il a occupé plusieurs postes à responsabilité dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche puis dans la coopération internationale et la diplomatie.

Arab News en français l’a rencontré à Beyrouth où il s’est confié sur les défis auxquels fait face l’enseignement supérieur dans la région – notamment avec la pandémie de Covid-19 – et a réaffirmé l’engagement et la volonté de l’AUF de consolider les domaines dans lesquels elle intervient tels que la formation, la recherche, le développement durable et l’entrepreneuriat.

En septembre 2020, vous avez été nommé à la tête de la direction régionale Moyen-Orient de l’AUF, qui regroupe à elle seule 89 universités ou centres de recherche dans 16 pays du Moyen-Orient. Quelle est la stratégie mise en place en priorité pour votre mandat?

Les universités du Moyen-Orient sont confrontées à de nouveaux défis, dans un environnement marqué par des chocs externes, à commencer par la crise sanitaire. Au Moyen-Orient, l’AUF concentre l’accompagnement de ses établissements membres autour de plusieurs orientations stratégiques:

- développer les capacités d’expertise et d’innovation par la recherche et répondre aux enjeux économiques et sociaux prioritaires de la région;

- épauler les universités dans leurs efforts de résilience face aux crises auxquelles elles sont confrontées, notamment dans la nécessité de réseautage et de coopération internationale;

- transformer les méthodes d’enseignement par l’innovation pédagogique, notamment par le recours à l’outil numérique;

- mettre en place une démarche entrepreneuriale et d’insertion professionnelle des étudiants, en lien avec le monde socioprofessionnel;

- mettre en place une démarche en faveur de la qualité;

- soutenir l’usage de la langue française et la francophonie scientifique.

L’AUF, qui affirme avec force son positionnement en faveur du développement des sociétés, entend se déployer sur l’ensemble du cycle éducatif d’une part, et comme partenaire de l’élaboration de politiques publiques d’autre part. Elle est elle-même opérateur de programmes ou de projets à impact national financés par des bailleurs nationaux ou multilatéraux.

Envisagez-vous un développement du réseau dans la région Moyen-Orient et Golfe?

Le nombre de membres de l’AUF au Moyen-Orient est important avec 89 établissements dont 24 au Liban, 19 en Égypte, 11 en Iran, mais seulement 3 dans le Golfe. Il est clair que cette présence insuffisante de l’AUF dans le Golfe ne reflète pas l’intérêt stratégique de cette région. Aussi, l’AUF a décidé de porter ses efforts pour développer une offre de services et étoffer son portefeuille de projets dans le Golfe. Un effort très significatif est également conduit pour que l’AUF s’investisse davantage en Égypte.

Aujourd’hui, l’expansion de la Covid-19 pousse de nombreux établissements universitaires à aller vers les enseignements en ligne. Quelle est la position de l’AUF – notamment dans la région qui connaît de nombreuses disparités – à ce sujet?

En effet, l’impact de la crise sanitaire très suivie par l’AUF, pour n’évoquer que celle-ci, a frappé de plein fouet les institutions d’enseignement supérieur de la région. La fermeture des universités et l’obligation de mettre en place des enseignements à distance ont été un choc brutal et un bouleversement pour la grande majorité des établissements du Moyen-Orient, qui n’y étaient pas forcément tous préparés. L’obligation est devenue aiguë, avec la crise sanitaire, d’engager une mutation partielle du tout présentiel vers une partie d’enseignement à distance. La place de l’usage du numérique dans les pratiques pédagogiques est ainsi devenue stratégique. Enfin, la région du Moyen-Orient est insérée dans un contexte mondial de l’enseignement supérieur dans lequel la tendance de fond est à l’introduction de cursus hybrides.

Dans ce contexte, l’AUF accompagne ses universités membres, via des formations de formateurs, pour intégrer le numérique dans les pratiques pédagogiques, renforcer les compétences, et favoriser l’innovation et la qualité dans le domaine des technologies éducatives. L’AUF, positionnée de longue date avec son expertise dans le domaine du numérique, son réseau de campus numériques francophones et ses initiatives en formations ouvertes et à distance, est également opérateur de grands projets au Moyen-Orient. Ces derniers visent à engager la transition des universités vers l’usage pédagogique du numérique, sur des bases rationnelles, efficaces et éprouvées, afin de permettre à nos membres bénéficiaires d’assurer une continuité pédagogique via un enseignement en ligne de qualité.

Quels sont, à votre avis, les défis auxquels fait face la francophonie d’aujourd’hui globalement? Et dans le monde arabe en particulier?

Les défis auxquels doit faire face la francophonie sont nombreux, et en particulier dans la région. L’usage de la langue française est parfois perçu comme en recul, ici dans notre région, alors même que le français, cinquième langue mondiale avec plus de 300 millions de locuteurs en grande majorité de moins de 30 ans, seule langue parlée avec l’anglais sur tous les continents et deuxième apprise dans le monde après l’anglais, connaît une dynamique remarquable. C’est donc une langue d’avenir pour les jeunes, notamment en Afrique, et un premier choix évident de seconde langue de référence dans de très nombreux pays non francophones.

Aujourd’hui, le français, tout en conservant ses atouts spécifiques linguistiques et culturels, s’affirme comme une langue utilitaire, une langue de l’employabilité et de l’emploi, des échanges économiques et de la mobilité internationale. Les jeunes de la région qui la choisissent l’ont bien compris.

Un message à notre lectorat – notamment aux étudiants – francophone dans le monde arabe?

Je dirai aux étudiants de la région qu’après les avoir écoutés à l’aide de la consultation mondiale qu’elle a organisée courant 2020, l’AUF s’apprête à renouveler son offre et son interaction précisément avec le public étudiant. Cela se fera par la mise à jour technologique de ses Campus numériques francophones (CNF) et la mise en place de nouveaux espaces d’accueil qui leur seront ouverts, les Centres d’employabilité francophones (CEF), notamment destinés à favoriser l’insertion professionnelle et soutenir des initiatives d’entrepreneuriat étudiant. Et pour conclure, je leur rappelle l’intérêt majeur du plurilinguisme et du français comme outil d’employabilité internationale et d’ouverture sur le monde.


Le métro de Riyad bat le record Guinness du plus long réseau sans conducteur

Un métro arrive à la station King Saud University à Riyad, le 27 avril 2025. (AFP)
Un métro arrive à la station King Saud University à Riyad, le 27 avril 2025. (AFP)
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  • Le métro de Riyad comprend six lignes intégrées et 85 stations, et intègre des technologies de pointe
  • Le système de transports publics de Riyad, incluant le métro et les bus, soutient le trafic, l’économie, le développement urbain et la vie sociale de la ville

LONDRES : Le Guinness World Records a officiellement certifié le métro de Riyad comme le plus long réseau de métro sans conducteur au monde, avec 176 kilomètres, mettant en lumière les avancées rapides de l’Arabie saoudite dans le domaine des transports modernes.

Le métro de Riyad constitue un élément essentiel de l’initiative de transport public dans la capitale saoudienne. Il comporte six lignes intégrées, 85 stations, et fait appel à des technologies de pointe.

Le système fonctionne selon un modèle automatisé sans conducteur, géré par des salles de contrôle avancées garantissant des niveaux élevés de précision, de sécurité et de qualité, selon l’agence de presse saoudienne (SPA).

L'ouvrage de référence annuel indique que le métro de Riyad a été « conçu pour améliorer la mobilité urbaine, réduire les embouteillages et promouvoir la durabilité grâce à des solutions de transport respectueuses de l'environnement ».

Le réseau de transports publics de Riyad, incluant métro et bus, soutient le trafic de la ville, son économie, son développement urbain et sa vie sociale.

Cette réalisation met en avant les efforts de la Commission royale pour la ville de Riyad visant à adopter des concepts de transport urbain innovants et durables, démontrant son engagement en faveur d’infrastructures modernes qui améliorent la qualité de vie et soutiennent la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, ajoute la SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cisjordanie: des soldats israéliens tuent deux Palestiniens apparement en train de se rendre

Un homme marche dans la rue, devant un appartement détruit au lendemain d'une opération militaire israélienne au cours de laquelle un tireur palestinien a été tué, dans la ville de Naplouse, occupée par Israël, dans le nord de la Cisjordanie, le 25 novembre 2025. (AFP)
Un homme marche dans la rue, devant un appartement détruit au lendemain d'une opération militaire israélienne au cours de laquelle un tireur palestinien a été tué, dans la ville de Naplouse, occupée par Israël, dans le nord de la Cisjordanie, le 25 novembre 2025. (AFP)
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  • Deux Palestiniens ont été tués lors d’une opération israélienne à Jénine, une scène filmée sous plusieurs angles: l’Autorité palestinienne parle d’« exécution sommaire », tandis qu’Israël affirme que les forces ont agi face à une menace

Jénine, Territoires palestiniens: L'armée et la police israéliennes ont annoncé jeudi examiner les circonstances dans lesquelles deux Palestiniens ont été abattus lors d'une opération conjointe de leurs forces alors qu'ils étaient apparemment en train de se rendre à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

La scène a été filmée sous plusieurs angles, notamment par un journaliste de l'AFP, dans cette ville bastion de groupes armés palestiniens.

L'Autorité palestinienne a identifié les Palestiniens tués comme Montasser Billah Mahmoud Abdullah, 26 ans, et Youssef Ali Assassa, 37 ans, dénoncé les faits comme une "exécution sommaire" et accusé les forces israéliennes de "crime de guerre documenté et complet".

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, figure de l'extrême droite, a dit apporter son "soutien total aux gardes-frontières et aux soldats de l'armée qui ont ouvert le feu sur des terroristes recherchés sortis d'un bâtiment à Jénine".

Des vidéos ayant largement circulé sur les médias sociaux montrent deux hommes sortir d'un bâtiment cerné par des soldats israéliens, les bras en l'air. On les voit ensuite se coucher à terre devant les soldats avant d'être redirigés vers l'intérieur du bâtiment. Des coups de feu retentissent. Les deux hommes gisent au sol.

Les images tournées par le JRI de l'AFP montrent les deux hommes sortir du bâtiment puis y rentrer avant les coups de feu. Un immeuble placé entre le journaliste et la scène obstrue une partie de l'image. On voit ensuite des soldats évacuer un cadavre.

- "Les terroristes doivent mourir !" -

Une fois la nuit tombée, un photographe de l'AFP a vu des Palestiniens nettoyer les lieux. Des flaques de sang maculaient encore le sol.

Dans un communiqué commun, l'armée et la police (dont dépend l'unité des gardes-frontières) indiquent que leurs forces ont procédé dans la soirée "à l'arrestation de deux individus recherchés pour des actes terroristes, notamment des jets d'explosifs et des tirs sur les forces de sécurité".

"Après leur sortie [du bâtiment où ils étaient cernés], des tirs ont été dirigés vers les suspects", ajoute l'armée, précisant que "l'incident est en cours d'examen".

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a dénoncé dans un communiqué une "exécution de sang-froid".

"Les soldats ont agi exactement comme on l'attend", a estimé de son côté M. Ben Gvir. "Les terroristes doivent mourir!" a-t-il écrit sur son compte X.

Citant une source au sein des gardes-frontières, le journal de gauche Haaretz a indiqué qu'une enquête préliminaire mentionnait d'ores et déjà qu'un des deux hommes tués avait tenté de se relever après avoir été au sol et fait un "mouvement suspect", qui a décidé les policiers et les soldats à tirer.

- "Déshumanisation" -

"L'exécution documentée aujourd'hui est le résultat d'un processus accéléré de déshumanisation des Palestiniens et de l'abandon total de leurs droits par le régime israélien", a estimé B'Tselem, organisation israélienne de défense des droits de l'Homme dans les Territoires palestiniens occupés.

"Il est du devoir de la communauté internationale de mettre fin à l'impunité d'Israël et de traduire en justice les responsables de la planification et de l'exécution de sa politique criminelle contre le peuple palestinien", ajoute l'ONG.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas sur le sud d'Israël.

Elles n'ont pas cessé avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. Mercredi, l'armée israélienne a annoncé le lancement d'une nouvelle opération contre les groupes armés palestinien dans le nord de la Cisjordanie.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.


Israël frappe à nouveau le sud du Liban, un an après le cessez-le-feu

L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
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  • L’armée israélienne a mené de nouvelles frappes dans le sud du Liban, ciblant des infrastructures et des sites d’armes du Hezbollah, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis un an
  • Le gouvernement libanais est accusé par Israël et les États-Unis de tarder à démanteler la présence militaire du Hezbollah dans la zone frontalière, tandis que Beyrouth dément toute faute et rejette les accusations israéliennes

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir mené de nouvelles frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, au moment où elle intensifie ses attaques sur le territoire libanais malgré un cessez-le-feu avec le mouvement pro-iranien qu'elle accuse de chercher à se réarmer.

"Il y a peu, l'armée israélienne a frappé et démantelé des infrastructures terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones dans le sud du Liban", écrit l'armée dans un communiqué.

"Dans le cadre de ces frappes, l'armée a visé plusieurs sites de lancement où des armes du Hezbollah étaient stockées", ajoute le communiqué, qui précise que les frappes ont également touché des "postes militaires utilisés par des membres du Hezbollah pour mener des attaques terroristes".

L'agence de presse d'Etat libanaise ANI a annoncé une série de "raids aériens israéliens sur Al-Mahmoudiya et Al-Jarmak dans la région de Jezzine."

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, signé il y a un an jour pour jour, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Mercredi, le ministre israélien de la Défense Israël Katz avait averti qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré M. Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

La Présidence libanaise a publié mercredi une déclaration du président Joseph Aoun qui "a rejeté les allégations israéliennes qui portent atteinte au rôle de l'armée et remettent en question son travail sur le terrain, notant que ces allégations ne reposent sur aucune preuve tangible."