BEYROUTH: Au Liban, le secteur du tourisme sollicite un assouplissement des restrictions liées au confinement pour assurer la survie des entreprises. Toutefois, le corps médical et les autorités sanitaires appellent à tirer les leçons du drame du coronavirus survenu en Inde afin de prévenir une crise plus grave.
Selon Jean Beiruti, secrétaire général de la Fédération du tourisme et des syndicats, le nombre des cas infectés par la Covid-19 baisse progressivement au Liban, ce qui encourage les entreprises touristiques à relancer prochainement leurs activités.
«Nous exhortons les autorités à assouplir les mesures de restrictions dans les lieux ouverts tels que les piscines, les restaurants et les cafés en plein air, et à prolonger les horaires d'ouverture de 21h30 jusqu'après minuit», confie-t-il à Arab News.
Si le tourisme intérieur ne parvient pas à compenser l'ensemble des pertes enregistrées au Liban, il est néanmoins capable de faire vivre le secteur, fait-il savoir.
Pour Beiruti, la pandémie et la «crise économique suffocante» que traverse le pays le plongent dans une période difficile.
En raison de la crise, 50% des établissements touristiques ont dû fermer boutique ou subir de lourdes pertes, ajoute-t-il, compte tenu du fait que le tourisme représente 20% du revenu national.
«Le problème est politique. Si les difficultés se résorbent, l'économie du pays se redressera. Mais, en attendant, nous comptons sur le tourisme intérieur», précise-t-il.
Ces observations coïncident avec la baisse du nombre de décès et de nouvelles infections constatée avec les statistiques quotidiennes communiquées par le ministère de la Santé. Un confinement total et un couvre-feu seront de nouveau imposés pour la prochaine fête de l'Aïd al-Fitr.
En effet, le Liban compte plus de 500 000 cas de coronavirus et le nombre total de décès s'élève à 7 278.
«En dépit des progrès enregistrés au niveau de la pandémie au Liban, nous sommes encore classés en quatrième catégorie; cette classification est critique», explique le Dr Abdel Rahman Bizri, président du Comité national en charge de la campagne de vaccination.
Toutefois, le pays peut évoluer vers une meilleure classification si le nombre d'infections continue de baisser, indique-t-il.
Le problème est politique. Si les difficultés se résorbent, l'économie du pays se redressera. Mais, en attendant, nous comptons sur le tourisme intérieur.
Jean Beiruti
«Dans ce cas, nous intégrerons probablement à la troisième catégorie. Les rassemblements de dix personnes seront donc autorisés, davantage de clients auront la possibilité de se rendre dans les restaurants, et les horaires d'ouverture des établissements touristiques et commerciaux seront prolongés», confie-t-il à Arab News.
«Dans un mois ou deux, il est possible que nous accédions à la deuxième catégorie. Mais cela dépend du fait que la mise en œuvre des mesures soit systématique dans toutes les régions; c'est ce qui a été observé à ce jour au cours du confinement total.»
Pour lui, les citoyens doivent être conscients qu'ils constituent «la base de la lutte contre le coronavirus».
Le taux de vaccination au Liban plafonne à 6,3% grâce à la campagne menée par le ministère de la Santé, à laquelle s’ajoutent les moyens que déploie le secteur privé, à ses propres frais, auprès de ses employés.
Ces initiatives portent le taux de vaccination à près de 10% pour la première dose et à 3,5% pour la seconde.
Ces pourcentages, plutôt faibles, n’en sont pas moins «impressionnants» aux yeux de Bizri, qui attribue la lenteur du processus d’inoculation au retard dans la livraison des doses de vaccin.
Un million de doses sont attendues pour le mois de juin, explique le docteur, qui insiste toutefois sur le fait que les citoyens devaient continuer à respecter les mesures préventives le temps que l'immunité se renforce.
Le ministre de la Santé, Hamad Hassan, a fait savoir dimanche dernier que le Liban avait adopté des mesures pour contenir la propagation de la souche indienne. Ainsi, les personnes en provenance de l'Inde doivent se soumettre à une quarantaine de quatorze jours dans un pays tiers avant de pouvoir entrer sur le territoire libanais.
Selon le ministre, la souche indienne du virus présente les mêmes symptômes et les vaccins actuels permettent de s’en protéger, même si elle se propage rapidement.
Le Dr Firas al-Abyad est le directeur de l'hôpital universitaire public Hariri, qui soigne les personnes contaminées par le coronavirus. Il met en garde contre «la négligence» face aux mesures préventives et contre «l'insouciance des individus». Il affirme qu'il est nécessaire de tirer les leçons du drame de la Covid-19 en Inde afin de prévenir une crise plus aiguë au Liban.
«Si le virus surgit comme une vague, il peut parfois déferler comme un tsunami. Voilà ce qui s'est passé en Inde. L'immunité acquise des infections précédentes est de courte durée et les taux de vaccination sont faibles, ce qui ne favorise pas l'immunité collective requise. Notre situation n'est guère plus réjouissante que celle de l'Inde, qui dispose d'un système de soins solide, mais c'est le raz-de-marée du coronavirus qui a fait chuter ce système», affirme-t-il.
Le Liban était sur le point de vivre le même scénario, ajoute-t-il, précisant qu’il se trouvait «au bord du gouffre».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.