BEYROUTH: Le Liban et Israël ont repris mardi des pourparlers indirects parrainés par Washington sur la démarcation de leur frontière maritime, maintenant le flou après des mois d'interruption en raison de divergences sur la zone contestée, selon l'agence officielle libanaise.
Mardi soir, à l'issue d'une réunion de cinq heures entre les délégations libanaise et israélienne, Beyrouth a toutefois semblé hausser le ton, refusant que Washington impose des "conditions préalables" concernant la superficie de la zone contestée.
En présence d'un médiateur américain, les négociations avaient débuté "à 10 heures (07H00 GMT) à Ras al-Naqoura", selon l'agence nationale de l'information (ANI), qui fait allusion aux locaux de l'ONU dans cette localité du sud du Liban frontalière d'Israël où s'étaient tenues les réunions précédentes.
En fin d'après-midi l'agence ANI a rapporté la fin de la rencontre qui s'est tenue "dans le secret total et loin des médias".
"La partie libanaise a insisté sur son droit à ses frontières maritimes", a précisé l'agence.
Techniquement en état de guerre, les deux voisins avaient entamé en octobre des pourparlers indirects par l'intermédiaire de l'ONU et des Etats-Unis, mais le processus a déraillé fin novembre.
Les discussions portaient initialement sur une zone de 860 km2, selon une carte enregistrée auprès de l'ONU par le Liban en 2011, jugée aujourd'hui erronée par Beyrouth.
Le Liban réclame désormais une zone supplémentaire de 1.430 km2, englobant une partie du champ gazier de Karish, déjà confié par Israël à une société grecque.
"Conditions préalables"
Dans un communiqué, la présidence libanaise a assuré que la médiation américaine souhaitait que les négociations portent sur les cartes israélienne et libanaise "enregistrées auprès de l'ONU, soit la zone de 860 km2".
"Cela contrevient à la proposition libanaise et au principe de négociation sans conditions préalables", a estimé la présidence.
Le président Michel Aoun "a donné ses instructions à la délégation (libanaise) pour que la poursuite des négociations ne se fasse pas selon des conditions préalables", est-il encore indiqué.
Le chef de l'Etat a estimé que le "droit international restait la base pour garantir la poursuite des négociations et parvenir à une solution juste et équitable souhaitée par le Liban".
Pour modifier la carte de 2011, les autorités libanaises doivent notifier l'ONU des nouvelles coordonnées qu'elles ont définies. Mais le décret officiel modifiant les frontières n'a toujours pas été signé par le président.
"Nous n'accepterons pas la ligne qu'ils proposent et ils n'accepteront pas la nôtre. Nous verrons donc ce que le médiateur va proposer", avait indiqué plus tôt mardi matin une source à la présidence libanaise, sous couvert d'anonymat.
Le Liban insiste sur le caractère "technique" et non politique des discussions avec Israël, martelant qu'il s'agit de négociations "indirectes", c'est-à-dire que les deux délégations communiquent seulement par l'entremise du médiateur américain même si elles se trouvent dans la même pièce.
Le processus est crucial pour le Liban en faillite: il faciliterait la prospection d'hydrocarbures en Méditerranée, au moment où les autorités misent sur de potentielles réserves d'hydrocarbures pour enrayer l'effondrement économique.
Le Liban a signé en 2018 son premier contrat de prospection avec un consortium international formé par le groupe français Total, l'italien ENI et le russe Novatek.
Les opérations d'exploration dans un premier bloc maritime ont toutefois révélé des quantités de gaz insuffisantes pour une exploitation commerciale.