Israël: Netanyahu n'a plus que quelques heures pour former un gouvernement

Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien / AFP
Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien / AFP
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Publié le Mardi 04 mai 2021

Israël: Netanyahu n'a plus que quelques heures pour former un gouvernement

  • Il a jusqu'à 23H59 (20H59 GMT) pour le faire, faute de quoi le président Reuven Rivlin accordera ce mandat à un autre élu.
  • Pour y parvenir, M. Netanyahu doit réunir une majorité de 61 députés sur les 120 de la Knesset, le Parlement

JERUSALEM :  Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui fait face à un procès pour corruption, n'a plus que quelques heures pour rassembler l'ensemble des forces de droite du pays, voire pactiser avec des islamistes, afin de former le prochain gouvernement.

Il a jusqu'à 23H59 (20H59 GMT) pour le faire, faute de quoi le président Reuven Rivlin accordera ce mandat à un autre élu.

Le Likoud (droite) de M. Netanyahu était arrivé en tête des élections législatives de mars avec 30 sièges, les quatrièmes en moins de deux ans en Israël, et avait été chargé par le président de former le prochain gouvernement.

Pour y parvenir, M. Netanyahu doit réunir une majorité de 61 députés sur les 120 de la Knesset, le Parlement. Comme l'appui de ses alliés des partis juifs ultra-orthodoxes n'est pas suffisant, le Premier ministre a multiplié les contacts ces dernières semaines dans l'espoir d'atteindre ce seuil. 

M. Netanyahu a courtisé la formation de la droite radicale Yamina (sept députés) de Naftali Bennett, et la coalition d'extrême droite "Sionisme religieux" (six députés) de Bezalel Smotrich.

Et il a même proposé lundi à M. Bennett, ex-ministre de la Défense et ardent défenseur de l'essor des colonies en Cisjordanie occupée, d'assurer en premier la fonction de chef de gouvernement, dans le cadre d'un éventuel accord de rotation au pouvoir.

Mais M. Bennett lui a renvoyé la balle en refusant l'offre, accusant M. Netanyahu de s'être acharné ces dernières semaines contre son parti.

Les voix éventuellement réunies du Likoud, des partis ultra-orthodoxes et des droites extrêmes porteraient le compteur à un total de 59 députés, juste en dessous du seuil de la majorité. 

Pour obtenir ces deux appuis, M. Netanyahu doit soit convaincre le frondeur Gideon Saar, ex-Likoud farouchement opposé au Premier ministre, de le rejoindre, soit encore de rallier Mansour Abbas, chef de Raam (4 élus), une formation islamiste.

Tous les regards sur Lapid

Ces dernières semaines, les discussions se sont multipliés avec et autour de Mansour Abbas, qui n'a pas refusé de soutenir un gouvernement Netanyahu sans y participer.

Mais un problème persiste: l'extrême droite, dont certains membres ont scandé ces dernières semaines "Mort aux Arabes" dans les rues de Jérusalem, refuse de participer à un gouvernement soutenu par les islamistes.

"La partie n'est pas terminée, mais Benjamin Netanyahu commence à manquer de lapins à sortir de son chapeau", résume mardi le quotidien Maariv jouant sur le sobriquet du Premier ministre, souvent qualifié de "magicien" de la politique pour sa capacité à tisser des alliances pour se maintenir au pouvoir.

A moins d'un dénouement de dernière minute, le mandat de M. Netanyahu échouera donc sur les coups de minuit.

Tous les regards sont déjà tournés vers le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, alors que le pays reste en deuil après la bousculade géante qui a fait 45 morts vendredi lors d'un pèlerinage réunissant des dizaines de milliers de juifs orthodoxes au Mont Meron.

Affirmant que "cette tragédie aurait pu être évitée", M. Lapid a accusé M. Netanyahu d'avoir laissé le site Meron "ouvert" et appelé lundi à la formation d'un futur gouvernement "responsable".

"Le temps d'un nouveau gouvernement est venu (...) Ce gouvernement ne sera pas parfait mais il prendra ses responsabilités et se concentrera sur la gestion du pays", a déclaré M. Lapid affirmant être en mesure de rallier des élus de droite, de gauche et du centre pour atteindre le seuil des 61 députés.

S'il y parvient, une page de l'histoire d'Israël se tournera avec le départ de Benjamin Netanyahu, 71 ans dont les 12 dernières années au pouvoir. Sinon, les Israéliens risquent de retourner rapidement aux urnes... 

Israël: plus de deux ans de crise politique

Israël est en proie à une crise politique qui l'a poussé à tenir quatre scrutins législatifs en deux ans en raison de l'incapacité des partis politiques à former, ou à maintenir, des coalitions gouvernementales.

Premières élections

Le 9 avril 2019, les Israéliens votent lors d'élections législatives anticipées au terme desquelles Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis 2009 et sous la menace d'une inculpation pour corruption, espère rester Premier ministre.

Face à lui, Benny Gantz, ancien chef d'état-major, mène la nouvelle alliance centriste Kahol-Lavan (Bleu-Blanc).

Le Likoud (droite) de M. Netanyahu et Bleu-Blanc obtiennent chacun 35 sièges.

Le 17, le président Reuven Rivlin charge M. Netanyahu de former un gouvernement, les partis de droite et ultra-orthodoxes --cumulant une majorité de 65 sièges sur les 120 du Parlement-- l'ayant recommandé comme prochain Premier ministre.

Mais fin mai, devant l'incapacité de M. Netanyahu à former une coalition, le Parlement vote pour sa propre dissolution et de nouvelles élections. Le Premier ministre a préféré provoquer un nouveau scrutin plutôt que voir le président confier à un autre le soin de former un gouvernement.

Netanyahu et Gantz au coude-à-coude

Le 17 septembre, le Likoud et Bleu-Blanc sont de nouveau au coude-à-coude à l'issue du scrutin.

M. Gantz plaide pour "un large gouvernement d'union". Pour M. Netanyahu, le pays a deux options: "Soit un gouvernement que je dirige, soit un gouvernement dangereux qui repose sur les partis arabes".

La "Liste unie" des partis arabes, troisième force politique, recommande M. Gantz comme Premier ministre.

Le 25, M. Netanyahu est désigné pour former le gouvernement. M. Gantz refuse de "siéger dans un gouvernement dont le chef est sous le coup d'un grave acte d'accusation", en référence aux ennuis judiciaires de son rival.

Le 21 octobre, M. Netanyahu renonce et laisse la voie libre à M. Gantz, que le président charge de former un gouvernement.

Mais le 21 novembre, le président demande au Parlement de trouver un Premier ministre, ni M. Netanyahu ni M. Gantz n'ayant réussi à former un gouvernement.

Le même jour, le procureur général Avichaï Mandelblit inculpe M. Netanyahu de corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires distinctes.

Le 11 décembre, les députés votent la dissolution du Parlement et convoquent un nouveau scrutin.

Nouvel échec

Le 2 mars 2020, le Likoud obtient 36 sièges et Bleu-Blanc 33.

Le 16, le président charge toutefois M. Gantz de former un gouvernement car il avait rallié davantage d'appuis des autres partis.

Mais n'étant pas parvenu à réunir la majorité nécessaire de 61 députés pour former un cabinet, il annonce à la surprise générale un "gouvernement d'union et d'urgence" avec son rival Benjamin Netanyahu pour faire face à la pandémie de coronavirus.

Leur pacte, d'une durée de trois ans, prévoit une rotation, M. Netanyahu devant laisser la place de Premier ministre à M. Gantz après 18 mois.

Le 6 mai, la Cour suprême, saisie par différentes organisations mettant en doute la légalité de l'accord, le valide.

Le lendemain, Reuven Rivlin charge M. Netanyahu de former le gouvernement d'union, auquel le Parlement accorde la confiance le 17 mai.

Mais le 23 décembre, après l'échec des parlementaires à adopter un budget, le Parlement se dissout, entraînant la convocation de nouvelles élections.

Quatrième scrutin

Le 23 mars 2021, les Israéliens se rendent aux urnes pour les quatrièmes législatives en deux ans. Le Likoud arrive en première place, avec 30 sièges, suivi par la formation Yesh Atid ("Il y a un futur") de son rival, le centriste Yaïr Lapid, avec 17 sièges. 

Le 6 avril, Benjamin Netanyahu est chargé de former une nouvelle équipe ministérielle.

Le 18, Yaïr Lapid propose un gouvernement d'union comprenant des partis de la droite, du centre et de gauche.

M. Netanyahu appelle Gideon Saar, qui a quitté fin 2020 le Likoud pour former son propre parti, à le rejoindre dans un "gouvernement de droite".

Le 20, il appelle à un référendum "pour sortir de l'impasse politique". "Laissons les électeurs décider qui sera leur prochain Premier ministre".


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".