A Gaza, des Palestiniens parlent hébreu 15 ans après le retrait d'Israël

De jeunes Palestiniens marchent à proximité d'un mur près du port de Gaza,  le 21 août 2020. (Mahmud Hams/ AFP)
De jeunes Palestiniens marchent à proximité d'un mur près du port de Gaza, le 21 août 2020. (Mahmud Hams/ AFP)
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Publié le Samedi 22 août 2020

A Gaza, des Palestiniens parlent hébreu 15 ans après le retrait d'Israël

  • Sans grande possibilité de quitter l'enclave hautement sécurisée de Gaza pour travailler, certains Gazaouis ont maintenu leur connaissance de l'hébreu, sans nostalgie
  • "Certains mots de la vie quotidienne, des noms de pesticides et de plantes, restent en hébreu"

KHAN YOUNES : Lorsque Abdel Rahman al-Najjar travaille dans sa pépinière, l'homme à la barbe blanche laisse encore échapper des mots en hébreu au milieu des fleurs, héritage sans nostalgie de l'occupation israélienne dans la bande de Gaza qui s'est achevée il y a 15 ans.

22 août 2005. Après 38 années d'occupation, l'armée israélienne termine l'évacuation des 21 colonies juives de la bande de Gaza, avant de quitter quelques semaines plus tard l'enclave palestinienne. 

Deux ans plus tard, Gaza sera sous le contrôle du mouvement islamiste Hamas, ce qui poussera Israël à imposer un blocus sur cette bande de terre où vivent aujourd'hui deux millions de Palestiniens.

Sans Israéliens dans Gaza, et sans grande possibilité de quitter l'enclave hautement sécurisée pour travailler, certains Gazaouis ont toutefois maintenu leur connaissance de l'hébreu, sans nostalgie.

Dans la zone d'Al-Mawasi, dans le centre de la bande de Gaza, près de Khan Younès, Abdel Rahman al-Najjar, 58 ans, sème des fleurs. Un visiteur derrière lui en tient dans les mains, M. Najjar se retourne et lui lance en hébreu "taazov": "lâche ça".

"Certains mots de la vie quotidienne, des noms de pesticides et de plantes restent (pour moi) en hébreu", explique-t-il en souriant, lui qui a appris la langue hébraïque lorsqu'il travaillait en Israël, puis dans la colonie de Neve Dekalim, à Gaza.

"Je travaillais dans une pépinière dans cette colonie, mais l'armée (israélienne) a tout détruit avant de partir", raconte-t-il sous le soleil d'août, devant un verger d'oliviers, des orangers et des palmiers.

De père en fils

Les colonies israéliennes étaient des îlots fermés, parfois ceinturées de hauts murs de béton et de barbelés, protégés par des postes militaires. Pour entrer à Neve Dekalim, Abdel Rahman, comme des milliers d'autres, était soumis à de stricts contrôles militaires.

Depuis 2007, Israël et le Hamas se sont livré trois guerres. Et depuis le 6 août, l'aviation israélienne bombarde chaque nuit la bande de Gaza, en représailles à des tirs de ballons incendiaires et de roquettes depuis l'enclave.

Fermier, Ismaïl al-Astal, la quarantaine, se souvient encore avec émotion du retrait. "Cette nuit-là, j'étais chez moi, je dormais. Mon frère m'a dit: "Dieu soit loué, le dernier char s'en va". J'en ai pleuré de joie."

"Nous étions comme des prisonniers (...) et d'un coup la vie revenait", se remémore-t-il. Il a obtenu une parcelle de 15 dunams (1,5 hectare) pour lui et ses sept frères.

Lui aussi avait travaillé comme ouvrier agricole dans certaines colonies de Gaza, où vivaient entre 7.000 et 8.000 Israéliens. C'est là qu'il a appris l'hébreu, langue qu'il a transmise à son fils Mohammed.

Classe d'hébreu

"J'adore apprendre l'hébreu. Des fois, j'entends mon père parler l'hébreu avec des parents ou des amis. Moi-même, j'ai pris des cours dans un institut local de langues de Khan Younès, mais c'est vraiment difficile", explique-t-il.

Avec qui parler? Les Israéliens n'ont pas le droit de se rendre à Gaza. 

Dans la foulée d'une trêve fragile l'an dernier entre le Hamas et Israël -- favorisée par l'ONU, l'Egypte et le Qatar --, l'Etat hébreu a commencé l'automne dernier à autoriser des Gazaouis à traverser la frontière pour travailler, par exemple dans le bâtiment, mais la pandémie de Covid-19 a stoppé les migrations.

Quinze ans après le retrait, "Israël contrôle tout, les points de passage, la pauvreté, la misère et le chômage", déplore Mohammed.

Avec un taux de chômage dépassant les 50%, et qui atteint les 65% chez les jeunes, et une démographie galopante, l'enclave palestinienne surpeuplée est souvent considérée comme une bombe économique à retardement.

Abdel Rahman al-Najjar dit s'échiner à Gaza pour des salaires variant de 20 à 80 shekels par jour (5 à 20 euros), soit entre trois et dix fois moins qu'en Israël, de l'autre côté de l'épaisse barrière de sécurité bétonnée.

"J'espère que je vais pouvoir retourner travailler en Israël et que mes enfants trouveront du travail", explique ce père de neuf enfants, dont la famille vivait dans le village de Salamah, près de Tel-Aviv, avant la première guerre israélo-arabe en 1948.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".