ALGER: Plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi à Alger pour dénoncer la recrudescence de la répression policière et judiciaire contre les militants du mouvement populaire antirégime algérien du Hirak, a constaté l'AFP.
« Relâchez nos enfants pour qu'ils jeûnent avec nous pendant ce ramadan », mois de jeûne musulman, ont scandé les protestataires en condamnant une « justice aux ordres » des autorités.
Malgré la chaleur, la foule était nombreuse pour ce « Vendredi 115 » (nombre de semaines depuis la naissance du Hirak), un test pour le mouvement après que la police a empêché mardi la marche hebdomadaire des étudiants à Alger.
« Police partout, justice nulle part », pouvait-on lire sur une pancarte brandie par un jeune Algérois.
La reprise des marches du Hirak fin février, après un an de suspension en raison de la crise sanitaire, s'est accompagnée d'une intensification des interpellations de militants, en particulier depuis une semaine.
Mardi, la police a dispersé les protestataires et procédé à l'interpellation d'une vingtaine de personnes.
Quand les manifestants arrêtés sont relâchés, ils doivent signer un document au commissariat dans lequel ils s'engagent à ne plus participer aux marches hebdomadaires, a indiqué vendredi à l'AFP Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH).
Ils sont aussi menacés de ne pas être libérés en cas de récidive et de nouvelle arrestation tandis que ceux qui sont placés sous contrôle judiciaire sont sommés de ne pas parler aux médias, ajoute-t-il.
« C'est de l'intimidation et une manière de faire pression pour affaiblir le Hirak », déplore M. Salhi, critiquant « une atteinte aux libertés publiques contraire aux droits garantis par la loi ».
Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien, plus de 70 personnes sont actuellement incarcérées, poursuivies pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles.
Vendredi, les manifestants ont également répété leur rejet des élections législatives anticipées convoquées par le pouvoir en juin.
« Pas d'élections avec le gang (au pouvoir) », a-t-on entendu dans le cortège.
Né en février 2019 du rejet massif d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le Hirak réclame un changement radical du « système » politique en place depuis l'indépendance en 1962.