Dix ans après la mort de Ben Laden, une direction d'Al-Qaïda affaiblie

PETE SOUZA / THE WHITE HOUSE / AFP
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Publié le Mercredi 28 avril 2021

Dix ans après la mort de Ben Laden, une direction d'Al-Qaïda affaiblie

  • Al-Qaïda tient entre les mains d'un vieux monsieur malade, voire mourant
  • Un désintérêt relatif peut-être lié à l'affaiblissement progressif de la centrale jihadiste, coïncidant avec l'émergence fulgurante du groupe Etat islamique (EI)

PARIS: Al-Qaïda restera comme la première centrale jihadiste planétaire, responsable des pires attentats de l'histoire moderne. Mais dix ans après la mort de son fondateur Oussama ben Laden, l'organisation ne s'est pas trouvée de successeur à sa mesure.

Gestionnaire sans charisme, théoricien rébarbatif, l'Egyptien Ayman al-Zawahiri qui lui a succédé est terré depuis des années, possiblement autour de la frontière afghano-pakistanaise. Et l'organisation a, avec lui, perdu de sa superbe. "Al-Qaïda centrale est l'ombre de ce qu'elle a été", tranche pour l'AFP Barak Mendelsohn, professeur à l'université Haverford de Pensylvannie. "Le plus grand succès de Zawahiri est d'avoir maintenu Al-Qaïda vivante". 

Le disciple de Ben Laden, âgé de 69 ans, a dû pour se faire multiplier les "franchises" et les allégeances de circonstances, de la péninsule arabique au Maghreb, de la Somalie à l'Afghanistan, en Syrie et en Irak. Et accepter que celles-ci s'émancipent, jusqu'à réduire la direction d'Al-Qaïda au rang de "conseil consultatif" selon Barak Mendelsohn. 

"Al-Qaïda est devenue de plus en plus décentralisée, l'autorité reposant principalement dans les mains des responsables de ses filiales", renchérit le think-tank spécialisé Counter Extremism project (CEP), qui attribue à Zawahiri un rôle majeur dans la réorganisation de nombreux groupes jihadistes.  

Fin 2020, des sources bien informées avaient donné crédit à des rumeurs le donnant mort d'une maladie cardiaque. Zawahiri est réapparu depuis dans une vidéo dénonçant le sort réservé en Birmanie à la minorité musulmane des Rohingyas. Mais ses propos assez flous et l'absence de date certifiée n'ont permis ni d'écarter, ni de confirmer sa disparition. 

 

 

Pakistan: le docteur Afridi, bouc émissaire dans la mort de Ben Laden

Présenté en héros aux Etats-Unis, mais rejeté comme un traître au Pakistan, le docteur Shakeel Afridi a déjà payé un prix très lourd pour son rôle dans la mort d'Oussama ben Laden. Dix ans après, son supplice semble pourtant encore loin d'être fini.

En organisant une fausse campagne de vaccination contre l'hépatite C, ce médecin pakistanais a aidé la CIA à localiser Ben Laden à Abbottabad, dans le nord du Pakistan, où le chef d'Al-Qaïda allait être tué par forces spéciales américaines le 2 mai 2011.

Emprisonné depuis lors, il est détenu à l'isolement dans une prison de la province du Pendjab (centre). Et rien ne laisse penser qu'il sera exonéré un jour par la justice pakistanaise. Il passe aujourd'hui son temps à compter les jours, que rien ne différencie les uns des autres.

"Soyons clair: Afridi a payé le prix le plus élevé pour le raid contre OBL", a expliqué à l'AFP Michael Kugelman, directeur adjoint Asie au Wilson Center de Washington. "Il est devenu le bouc émissaire".

L'AFP a reconstitué le quotidien de M. Afridi grâce à des entretiens avec son frère et son avocat, le docteur n'étant à autorisé à parler à personne d'autre que sa famille et ses défenseurs.

Pour s'entretenir physiquement, il tourne en rond dans sa cellule de deux mètres sur deux et fait de temps en temps des pompes, selon sa famille. Il a un exemplaire du Coran, mais n'a le droit à aucun autre livre.

Quelques fois par semaine, il se rase en présence d'un garde, mais n'est pas autorisé à avoir le moindre contact avec les autres détenus.

Les membres de sa famille peuvent lui rendre visite deux fois par mois, mais doivent rester derrière une grille métallique et ne peuvent échanger avec lui en pachto, leur langue maternelle.

« Donner une leçon » 

"Les autorités carcérales nous ont dit que nous ne pouvons pas parler de politique, ni de la situation à l'intérieur de la prison", a raconté son frère, Jamil Afridi.

Originaire des zones tribales du nord-ouest du Pakistan, le médecin était bien placé, avec sa maîtrise du pachto, pour aider la CIA qui se rapprochait de la cachette de Ben Laden.

L'agence américaine n'avait plus besoin que d'une preuve matérielle de la présence à Abbottabad du cerveau des attentats du 11 septembre 2001. Elle a donc demandé à Shakeel Afridi de lancer une fausse campagne de vaccination pour obtenir un échantillon d'ADN d'une personne vivant dans sa résidence.

Le rôle exact joué par le docteur dans l'identification de Ben Laden n'est pas clairement établi. Mais il fut arrêté par les autorités pakistanaises quelques semaines plus tard.

Il n'a jamais été condamné en lien avec la mort de Ben Laden. Mais il a écopé d'une peine de 33 ans de prison pour avoir financé un groupe extrémiste, en vertu d'une obscure loi datant de l'époque coloniale.

Les administrations américaines successives ont protesté contre le sort qui lui était réservé. Au fil des ans, l'éventualité d'un échange de prisonniers a été évoquée, mais aucun accord n'a jamais été conclu.

"Aujourd'hui, il n'est gardé en prison que pour bien donner la leçon à chaque Pakistanais de ne pas coopérer avec une agence de renseignement occidentale", a affirmé à l'AFP, Husain Haqqani, qui était l'ambassadeur pakistanais aux États-Unis en 2011.

"Au lieu de dire la vérité sur la présence de Ben Laden au Pakistan, les autorités ont fait du Dr Afridi un bouc émissaire", a-t-il lui aussi considéré.

« Un crime impardonnable »

Le 10e anniversaire de la disparition de Ben Laden intervient quelques semaines après que le président américain Joe Biden a confirmé le retrait complet des troupes américaines d'Afghanistan d'ici le 11 septembre.

En justifiant ce départ dans un discours à la Nation, M. Biden a cité la mort de Ben Laden comme la preuve, à ses yeux, que les États-Unis avaient depuis longtemps déjà accompli l'objectif initial de l'invasion de l'Afghanistan. Sans surprise, il n'a pas mentionné le nom de Shakeel Afridi.

"Le retrait d'Afghanistan et l'abaissement des liens avec le Pakistan que cela pourrait provoquer, suggère qu'Afridi n'est plus une question aussi sensible qu'il l'a été par le passé", a estimé M. Kugelman.

Au Pakistan, où la spectaculaire intervention d'Abbottabad fut vécue comme une humiliation, laissant des traces profondes dans ses relations avec les États-Unis, peu de gens prêtent encore attention au sort de M. Afridi.

"Quand quelqu'un travaille pour un service de renseignement étranger, c'est l'un des crimes les plus impardonnables qui soient", a déclaré à l'AFP Asad Durrani, un ancien chef des puissants services secrets pakistanais, pour qui l'arrestation de M. Afridi lui a probablement évité d'être lynché. 

Mais même dix ans après, l'héritage de Shakeel Afridi continue à être ressenti au Pakistan. La ruse américaine a ébranlé la confiance dans la vaccination dans le pays, où nombre de familles continuent à refuser que leurs enfants soient vaccinés contre des maladies comme la polio.

Des dizaines de vaccinateurs ont été tués ces dix dernières années et ils continuent toujours à être attaqués.

Dans sa prison, Shakeel Afridi reste lui coupé du monde, passant ses journées à marcher dans sa cellule ou à réciter ses prières.

« Limité, sclérosé »

Des conjectures qui interviennent juste après la mort, en août dernier, d'Abou Mohammed al-Masri. Le numéro deux d'Al-Qaïda a été abattu à Téhéran par des agents israéliens lors d'une mission secrète commanditée par Washington, selon le New York Times. L'Iran a démenti.

La tête de la centrale tient donc entre les mains d'un vieux monsieur malade, voire mourant, certes considéré comme l'un des concepteurs des attentats du 11-septembre 2001, signature fondamentale d'Al-Qaïda, mais dépourvu de l'aura macabre de Ben Laden.

Le théoricien à la barbe fournie et aux larges lunettes, aisément reconnaissable à sa bosse sur le front, signe de grande piété, était entré dès l'âge de 15 ans chez les Frères musulmans et a survécu à 40 ans de jihad, une rarissime longévité.

Paradoxalement, les Etats-Unis offrent 25 millions de dollars pour sa capture, un record, tout en semblant se désintéresser de lui. Jamais Washington n'a semblé le traquer comme il l'avait fait avec son prédécesseur.  

 Une « surprise » possible 

Un désintérêt relatif peut-être lié à l'affaiblissement progressif de la centrale jihadiste, coïncidant avec l'émergence fulgurante du groupe Etat islamique (EI). Car après avoir présidé pendant cinq ans (2014-2019) aux destinées d'un califat auto-proclamé aussi vaste que le Royaume-Uni, entre Irak et Syrie, l'EI a volé la vedette à sa concurrente, notamment via une communication active sur les réseaux sociaux.

Les deux organisations sont aujourd'hui en conflit idéologique et militaire sur de nombreux terrains. Al-Qaïda est donc confrontée au défi de rester vivante. 

Un nom semble tenir la corde pour la diriger dans un avenir proche, selon les experts: Saif al-Adel. Cet ancien lieutenant-colonel des Forces spéciales égyptiennes s'est engagé dans les années 80 au sein du Jihad islamique égyptien (JIE). Arrêté une première fois puis relâché, il a gagné l'Afghanistan et rejoint Al-Qaïda, à l'instar de Zawahiri. 

"Adel a joué un rôle un rôle crucial dans la construction des capacités opérationnelles d'Al-Qaïda et a rapidement grimpé dans la hiérarchie", écrit le CEP, soulignant son rôle de formateur de certains pirates de l'air du 11-septembre. En 2018, un rapport des Nations unies affirmait qu'il était en Iran, où il s'était établi depuis des années.

Mais "une surprise est possible" si la nouvelle génération de l'organisation monte au créneau, prévient Barak Mendelsohn, qui rappelle que l'aura d'Adel reste incertaine au sein des jeunes combattants. Or, ils sont aujourd'hui plus nombreux de par le monde qu'au moment du décès de Ben Laden.

"Il est important de différencier l'organisation Al-Qaïda du mouvement qu'il a fondé", relève à cet égard Colin Clarke, directeur de recherche au think-tank américain Soufan Center. "Pour certains, l'organisation dirigée par Oussama Ben Laden est une relique d'une ère révolue. Mais elle a démontré par le passé sa remarquable résilience", estime-t-il. 

"Il est trop tôt pour écrire la nécrologie du groupe".


1987 - Première Intifada palestinienne

Des garçons palestiniens brandissent des drapeaux du Hamas et scandent des slogans anti-israéliens et américains lors d'un rassemblement à Gaza contre l'accord de Wye River. AFP
Des garçons palestiniens brandissent des drapeaux du Hamas et scandent des slogans anti-israéliens et américains lors d'un rassemblement à Gaza contre l'accord de Wye River. AFP
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  • La résistance non violente est au cœur du mouvement pour l'autodétermination.
  • L'Intifada a finalement pris fin lorsque le secrétaire d'État américain James Baker a demandé aux Palestiniens de participer à la conférence de paix de Madrid en 1991.

AMMAN : Intifada, un mot arabe qui signifie "secouer", a été introduit dans le lexique anglais par nombre d'entre nous, journalistes palestiniens travaillant avec les médias étrangers au Moyen-Orient. Ce qui était secoué, c'était le statu quo de la vie sous occupation.

Avant le début de l'Intifada, j'étais bien trop jeune pour accepter l'offre d'emploi qui m'avait été faite. Avec ma licence en commerce obtenue aux États-Unis, le propriétaire américano-palestinien d'Al-Fajr, Paul Ajlouny, pensait que je pourrais apporter un peu de sens des affaires à la gestion du journal familial basé à Jérusalem. Je ne l'ai pas fait et j'ai détesté ce travail.

Mais alors que j'étais occupé à joindre les deux bouts, une publication sœur en langue anglaise, Al-Fajr English, était lancée par Hanna Siniora, une parente de M. Ajlouny. À l'âge de 25 ans, encore célibataire, j'aimais relire les épreuves et j'étais fasciné par la mise sous presse hebdomadaire d'Al-Fajr. J'ai fini par écrire mon premier article et j'étais fasciné de voir ma signature imprimée.

Comment nous l'avons écrit 

La première page d'Arab News faisait état du nombre croissant de morts palestiniens au cours de la première Intifada.
La première page d'Arab News faisait état du nombre croissant de morts palestiniens au cours de la première Intifada.

Le message d'Awad a été rapidement assimilé et il recevait des appels de personnes venant de différentes parties de la Palestine qui avaient des problèmes avec les colons et l'armée israélienne. Des manifestations non violentes ont lieu deux fois par semaine, souvent avec des résultats importants.

Bien que le travail d'Awad ne soit pas encore devenu un courant dominant, les Israéliens n'ont pas tardé à se rendre compte de ce qui se passait et ont commencé à le traquer. Ils l'ont arrêté en dépit du fait qu'il possédait un passeport américain et des nombreuses manifestations organisées en son nom à Jérusalem.

Celui que l'on a surnommé le "Gandhi palestinien" a perdu son procès devant la Haute Cour d'Israël et a été expulsé, bien qu'il soit né à Jérusalem, sur ordre du Premier ministre de droite Yitzhak Shamir. Mais la littérature qu'il distribuait et ses idées sur la non-violence et les boycotts ont perduré.

La colère des Palestiniens a éclaté le 9 décembre 1987 dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dans la bande de Gaza, le lendemain du jour où un camion militaire israélien est entré en collision avec une voiture civile, tuant quatre Palestiniens. Si beaucoup ont vu dans les affrontements avec les Israéliens une expression publique de la colère suscitée par cet incident, c'est en réalité le fait que les colons continuaient à construire sans aucune dissuasion qui a poussé les jeunes Palestiniens à se battre avec la seule arme dont ils disposaient librement, les pierres, qui abondent dans les villes et les villages palestiniens.

Si les images de l'Intifada sont celles de jeunes Palestiniens, souvent vêtus de keffiehs noirs et blancs, bombardant de pierres les colons et les soldats, ce sont les actions non violentes menées dans toute la Palestine qui m'ont fasciné.

La plus visible de ces actions a sans doute été la décision des habitants de Beit Sahour d'adopter le slogan des révolutionnaires américains : pas de taxation sans représentation. Les Palestiniens vivant dans la ville ont décidé de ne plus payer d'impôts tant qu'ils n'auraient pas de pouvoir politique. Cette décision a rendu fous les militaires israéliens, qui ont assiégé Beit Sahour. 

Un garçon palestinien regarde entre des banderoles appelant à la lutte armée contre Israël à Gaza. AFP
Un garçon palestinien regarde entre des banderoles appelant à la lutte armée contre Israël à Gaza. AFP

Un signe emblématique de la résistance non violente a été la décision de ne pas suivre Israël lorsqu'il a changé ses horloges en avril pour marquer le début de l'heure d'été. Je me souviens avoir fait des reportages sur les soldats israéliens qui, devant la porte de Damas à Jérusalem, arrêtaient les jeunes Palestiniens et vérifiaient leur montre. Si l'heure n'avait pas été changée, les soldats utilisaient leurs matraques pour briser les montres alors qu'elles étaient encore au poignet des jeunes.

L'Intifada a finalement pris fin lorsque le secrétaire d'État américain James Baker a demandé aux Palestiniens de participer à la conférence de paix de Madrid en 1991. Les Israéliens y étaient représentés par Shamir, qui avait déporté Awad. Le porte-parole de la délégation israélienne était Benjamin Netanyahu, aujourd'hui Premier ministre. La porte-parole de la délégation palestinienne était Hanan Ashrawi.

Cette conférence n'a débouché sur rien, mais un accord secret élaboré à Oslo a permis une première avancée qui s'est traduite par la création de l'Autorité palestinienne et le retour de l'OLP dans les territoires palestiniens occupés.

Mais cette avancée, et les espoirs de paix pour lesquels tant de gens avaient souffert, ont été anéantis le 4 novembre 1995, lorsqu'un colon juif extrémiste a assassiné le premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, ouvrant la voie au premier mandat de M. Netanyahou en tant que premier ministre.

Comme l'ont montré les événements tragiques survenus à Gaza et en Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023, les droits et les aspirations des Palestiniens n'ont fait que régresser depuis lors.

Daoud Kuttab est chroniqueur pour Arab News, spécialisé dans les affaires du Moyen-Orient, et plus particulièrement dans les affaires palestiniennes. Il est l'auteur du livre "State of Palestine NOW : Arguments pratiques et logiques pour le meilleur moyen d'apporter la paix au Moyen-Orient".  

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com   


L'Arabie saoudite salue les réformes engagées par les dirigeants palestiniens

Cette photo diffusée par le bureau de presse de l'Autorité palestinienne (PPO) montre le président Mahmud Abbas (C) dirigeant les prières à côté du secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) Hussein al-Sheikh (3e-L) lors d'une réunion du comité exécutif de l'organisation à Ramallah, le 26 avril 2025. (AFP/Handout/PPO)
Cette photo diffusée par le bureau de presse de l'Autorité palestinienne (PPO) montre le président Mahmud Abbas (C) dirigeant les prières à côté du secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) Hussein al-Sheikh (3e-L) lors d'une réunion du comité exécutif de l'organisation à Ramallah, le 26 avril 2025. (AFP/Handout/PPO)
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  • Le Royaume a adressé ses félicitations à M. Al-Sheikh et lui a souhaité beaucoup de succès dans ses nouvelles responsabilités.

RIYAD : L'Arabie saoudite a salué samedi les récentes mesures de réforme annoncées par la direction palestinienne, qu'elle décrit comme des étapes importantes vers le renforcement de l'action politique palestinienne.

Dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères, le royaume a exprimé son soutien à la création de nouveaux postes au sein de l'Organisation de libération de la Palestine et de l'État de Palestine, notamment la nomination de Hussein Al-Sheikh au poste de vice-président du Comité exécutif de l'OLP et de vice-président de l'État de Palestine.

L'Arabie saoudite a adressé ses félicitations à M. Al-Sheikh et lui a souhaité beaucoup de succès dans ses nouvelles responsabilités.

Le Royaume a affirmé que ces réformes renforceraient le processus politique palestinien et contribueraient aux efforts plus larges visant à garantir les droits légitimes du peuple palestinien, au premier rang desquels le droit à l'autodétermination et à la création d'un État indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com     


1986 : L'affaire Iran-Contra

Le lieutenant-colonel Oliver North fait valoir ses arguments lors de sa présentation au nom des Contras nicaraguayens lors des audiences sur l'affaire Iran-Contra. (Getty Images)
Le lieutenant-colonel Oliver North fait valoir ses arguments lors de sa présentation au nom des Contras nicaraguayens lors des audiences sur l'affaire Iran-Contra. (Getty Images)
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  • Le scandale rappelle brutalement que le pouvoir incontrôlé, le secret et l'ambition politique peuvent rapidement saper la démocratie

RIYAD : L'affaire Iran-Contra de 1986 reste l'un des épisodes les plus controversés de l'histoire moderne des États-Unis, révélant un réseau complexe d'opérations clandestines, de violations de la loi et d'intrigues politiques.

Le scandale, qui s'est déroulé pendant la présidence de Ronald Reagan, a tourné autour de ventes secrètes d'armes à l'Iran et du détournement illégal des bénéfices pour financer les rebelles de droite des Contras au Nicaragua. Il a remis en question les principes mêmes de la transparence, de la responsabilité et de l'État de droit dans la gouvernance démocratique.

Ces événements ont eu pour toile de fond les tensions de la guerre froide et l'instabilité géopolitique du Moyen-Orient. Le 17 mai 1985, Graham Fuller, responsable national du renseignement pour le Proche-Orient et l'Asie du Sud à la CIA, a rédigé un mémorandum à l'intention du directeur de la CIA, William Casey, sur les options de la politique américaine à l'égard de l'Iran.

"Les événements vont largement à l'encontre de nos intérêts et nous avons peu d'alternatives acceptables. Les États-Unis n'ont pratiquement aucune carte à jouer, alors que l'URSS en a beaucoup", écrit Fuller.

Pour donner aux États-Unis "un certain poids dans la course à l'influence à Téhéran", Fuller suggère que Washington "lève toutes les restrictions sur les ventes - y compris militaires - à l'Iran".

Comment nous l'avons écrit

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Arab News a rapporté l'arrestation et l'expulsion par l'Iran du conseiller américain à la sécurité nationale, Robert McFarlane, qui était arrivé en "mission diplomatique secrète".

Au Nicaragua, le gouvernement sandiniste, qui a renversé en 1979 un système politique soutenu par les États-Unis, s'est aligné sur les politiques socialistes et l'Union soviétique. Cette évolution a alarmé l'administration Reagan, qui a soutenu les rebelles Contra, un groupe accusé de violations généralisées des droits de l'homme.

Simultanément, les États-Unis sont confrontés à des défis complexes au Moyen-Orient. L'Iran était engagé dans une guerre prolongée avec l'Irak (1980-1988), et Washington cherchait à limiter l'influence soviétique dans la région tout en obtenant la libération des otages américains détenus par des groupes pro-iraniens au Liban.

Malgré sa position publique de refus de négocier avec les terroristes et son propre embargo sur les armes à destination de Téhéran, l'administration Reagan a vu une opportunité d'utiliser les ventes d'armes comme moyen d'influence. Elle souhaitait obtenir la libération des otages américains détenus par le Hezbollah au Liban et tenter d'ouvrir une voie de dialogue avec des éléments plus modérés en Iran.

Le scandale Iran-Contra a donné lieu à deux opérations distinctes mais interconnectées. Tout d'abord, de hauts fonctionnaires américains ont facilité la vente secrète d'armes à l'Iran, apparemment dans un geste de bonne volonté envers les factions modérées du gouvernement iranien et pour obtenir la libération des otages américains. Cette opération violait l'embargo sur les armes imposé par Washington à l'Iran et contredisait les déclarations publiques de Reagan condamnant le terrorisme.

Deuxièmement, les bénéfices de ces ventes d'armes ont été détournés pour financer les Contras au Nicaragua. Cela contrevenait à l'amendement Boland, une série de lois adoptées par le Congrès entre 1982 et 1984 qui interdisaient explicitement l'assistance militaire américaine à ce groupe.

Le plan a été orchestré par un petit groupe de fonctionnaires du Conseil de sécurité nationale, dont le lieutenant-colonel Oliver North, au su et avec le soutien de personnalités de haut rang telles que le conseiller à la sécurité nationale John Poindexter.  

Dans le même temps, la CIA et le ministère de la Défense menaient l'opération "Tipped Kettle", qui impliquait des négociations secrètes avec Israël sur le transfert à la CIA et, en fin de compte, aux Contras, d'armements capturés à l'Organisation de libération de la Palestine au Liban.

En mai 1983, Israël a remis plusieurs centaines de tonnes d'armes, d'une valeur de 10 millions de dollars. Cette opération s'est répétée en 1984.

En 1985, Israël a commencé à expédier des armes américaines à l'Iran, dans le but de s'attirer les faveurs de Téhéran et d'ouvrir la voie à la libération des otages américains, avec l'approbation du prédécesseur de Poindexter en tant que conseiller à la sécurité nationale de Reagan, Robert McFarlane.

Le 2 novembre 1986, quelques jours après la livraison de 500 missiles antichars à l'Iran, l'otage américain David Jacobsen a été libéré par ses ravisseurs à Beyrouth. North s'attendait à ce que d'autres otages soient libérés dans la foulée, mais cela ne s'est pas produit.

En réponse aux demandes des médias, le chef de cabinet de la Maison Blanche, Donald Regan, reconnaît publiquement, pour la première fois, les négociations en cours avec l'Iran.

L'affaire Iran-Contra a éclaté au grand jour à la fin de l'année 1986, lorsque la publication libanaise Ash-Shiraa a révélé les détails des contrats d'armement conclus avec l'Iran. Le 3 novembre 1986, elle a publié un compte rendu d'une visite secrète de McFarlane à Téhéran en mai 1986. Des enquêtes ultérieures menées par des journalistes et des commissions du Congrès ont mis au jour le plan global, qui a soulevé de graves questions sur les excès de pouvoir de l'exécutif, la subversion de l'autorité du Congrès et la conduite éthique des fonctionnaires du gouvernement. Il a suscité l'indignation des législateurs et du public.

Les audiences télévisées de 1987 ont captivé le pays, et des personnalités de premier plan, dont North, ont témoigné de l'opération. Alors que certains considèrent North comme un patriote ne faisant qu'obéir aux ordres, d'autres le considèrent comme l'emblème d'une administration prête à contourner la loi pour atteindre ses objectifs.

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Des manifestants se sont rassemblés devant le lieu où Oliver North devait prononcer son discours (Getty Images).

Les auditions ont également révélé une culture du secret et de la tromperie au sein de l'administration Reagan, portant atteinte à la crédibilité du président et érodant la confiance du public dans les institutions de l'État.

Les retombées du scandale Iran-Contra ont donné lieu à plusieurs poursuites pénales. North, Poindexter et d'autres fonctionnaires ont été accusés de délits tels que l'obstruction à la justice, la conspiration et le mensonge au Congrès.

L'affaire a également porté un coup majeur à la crédibilité de l'administration Reagan. Elle a soulevé des questions sur l'étendue des connaissances et du contrôle présidentiels, Reagan ayant maintenu qu'il n'était pas au courant du transfert de fonds aux Contras. Sur le plan politique, le scandale a terni l'héritage de Reagan, même si sa cote de popularité est restée élevée jusqu'à la fin de sa présidence en 1989.

L'affaire reste une mise en garde contre les dangers d'un pouvoir exécutif incontrôlé et les dilemmes éthiques inhérents à la politique étrangère. Bien qu'elle n'ait pas conduit à des réformes durables en matière de contrôle des services de renseignement, elle a souligné la nécessité d'une plus grande vigilance pour prévenir les abus de pouvoir et sert d'étude de cas sur la manière dont la poursuite d'objectifs, même bien intentionnés, peut avoir des conséquences imprévues si les limites juridiques et éthiques sont franchies.

Mohammed Al-Sulami dirige l'Institut international d'études iraniennes (Rasanah).

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com