NATIONS UNIES: En raison de la lenteur des réformes et de l'application de l'Accord de paix revitalisé de 2018, le Soudan du Sud risque de retomber dans un nouveau «conflit de vaste ampleur», prévient un rapport de l'ONU publié lundi en réclamant un maintien de l'embargo sur les armes.
Compte tenu de récents appels à la démission des dirigeants du pays, «il faudrait agir de toute urgence, pour empêcher un retour à un conflit de vaste ampleur» souligne ce rapport annuel des experts de l'ONU chargés de l'application des sanctions et de l'embargo sur les armes imposé au Soudan du Sud depuis 2018.
Dans leur document remis récemment au Conseil de sécurité, les experts réclament «une nouvelle dynamique des partenaires régionaux et internationaux (...) pour remédier à l’insécurité et aux fractures politiques croissantes au Soudan du Sud». Ils demandent le maintien de l'embargo sur les armes qui expire le 31 mai et de nouvelles sanctions contre ceux qui s'opposent à l'application de l'Accord de paix et entravent l'acheminement de l'aide humanitaire.
Les experts réclament aussi une évaluation indépendante de la façon dont le gouvernement gère ses stocks d'armes.
«Depuis février 2020, la lenteur des réformes introduites par le gouvernement et l’application sélective de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud ont entravé tout renforcement de la protection des civils et toute perspective de paix à long terme», affirment-ils.
Les désaccords depuis plus d’un an «ont accentué les divisions politiques, militaires et ethniques existantes, dans le pays, et entraîné de multiples violences entre les deux principaux signataires de l’Accord, le Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS) du président Salva Kiir Mayardit, et le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (M/APLS dans l’opposition) du Premier vice-président Riek Machar Teny», précisent les experts.
Conséquence, «les Sud-Soudanais n’ont jamais été aussi nombreux à avoir besoin d’une assistance humanitaire en 2021». «Alors que 8,5 millions de personnes ont des besoins humanitaires, le gouvernement a dressé des obstacles bureaucratiques à l’acheminement d’une aide humanitaire et le conflit en cours en a entravé la distribution en toute sécurité», dénonce aussi le rapport.
Le Soudan du Sud a été le théâtre pendant six ans d'une guerre civile qui a fait quelque 380 000 victimes et qui s'est officiellement terminée par la création en février 2020 d'un gouvernement d'union nationale.