Sans grand espoir, l'ONU réunit Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs à Genève

Des manifestants chypriotes soulèvent des pancartes lors d'un rassemblement dans la capitale Nicosie, du côté turcophone de la République turque autoproclamée de Chypre du Nord (RTCN) de l'île divisée, le 24 avril 2021, simultanément à une manifestation similaire dans la partie sud hellénophone, appelant à une solution fédérale au problème de l'île méditerranéenne. (Birol BEBEK / AFP)
Des manifestants chypriotes soulèvent des pancartes lors d'un rassemblement dans la capitale Nicosie, du côté turcophone de la République turque autoproclamée de Chypre du Nord (RTCN) de l'île divisée, le 24 avril 2021, simultanément à une manifestation similaire dans la partie sud hellénophone, appelant à une solution fédérale au problème de l'île méditerranéenne. (Birol BEBEK / AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 25 avril 2021

Sans grand espoir, l'ONU réunit Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs à Genève

  • A trois jours des discussions à Genève, des centaines de Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs ont manifesté samedi à Nicosie, des deux côtés de la dernière capitale divisée au monde, appelant à la paix et la réunification
  • Présente à Chypre dès 1964 en raison des violences intercommunautaires, l'ONU a hérité dix ans plus tard de la surveillance d'une zone tampon, après la partition

NICOSIE : Quatre ans après leur dernier échec, Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs se retrouvent de mardi à jeudi à Genève pour des "discussions informelles" sous l'égide de l'ONU, sans grand espoir d'un accord sur une réunification de l'île méditerranéenne.

Chypre est divisée depuis l'invasion en 1974 du tiers nord par l'armée turque, en réponse à un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la Grèce.

Elle est entrée en 2004 dans l'Union européenne, dont les acquis communautaires ne s'exercent que sur la partie sud de l'île majoritairement peuplée de Chypriotes-grecs et dont les autorités sont les seules reconnues par l'ONU. Au Nord, l'autoproclamée République turque de Chypre du Nord (RTCN) est uniquement reconnue par Ankara.

A trois jours des discussions à Genève, des centaines de Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs ont manifesté samedi à Nicosie, des deux côtés de la dernière capitale divisée au monde, appelant à la paix et la réunification.

Toutes les précédentes tentatives de réunification --avec en toile de fond la rivalité régionale entre la Grèce et la Turquie-- ont échoué.

"Nous allons à Genève fermement décidés à reprendre les négociations pour réunifier Chypre sous la forme d'une fédération bicommunautaire et bizonale, conformément aux (résolutions) de l'ONU", a souligné Nikos Christodoulides, le chef de la diplomatie de la République de Chypre.

Mais du côté de la RTCN, le discours est tout autre. "La solution (...), c'est une île, deux Etats séparés", a déclaré à l'AFP Tahsin Ertugruloglu, "ministre" des Affaires étrangères, pour qui il n'existe pas de "terrain d'entente".

Soldats turcs

Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, qui supervisera les discussions, veut "montrer qu'il a épuisé toutes ses options", affirme Kemal Baykalli, analyste chypriote-turc pour le média citoyen Island Talks et militant de l'ONG Unite Cyprus Now.

Il a "besoin d'entendre officiellement que les deux camps ne trouveront pas d'accord dans le cadre proposé actuellement", ajoute-t-il.

Présente à Chypre dès 1964 en raison des violences intercommunautaires, l'ONU a hérité dix ans plus tard de la surveillance d'une zone tampon, après la partition.

Sous son égide, les dernières négociations de Crans-Montana en Suisse, en juillet 2017, se sont déroulées sur le principe d'une réunification sous la forme d'un Etat fédéral.

Elles ont surtout achoppé sur le retrait des dizaines de milliers de soldats turcs du nord de l'île et le maintien d'un droit d'intervention de la Turquie.

Celle-ci a été conviée à Genève, tout comme la Grèce et le Royaume-Uni, les deux autres "garants" de l'île depuis son indépendance en 1960.

Après l'échec de 2017, plusieurs facteurs sont venus s'ajouter aux traditionnels sujets de discussion: les garanties de sécurité, l'égalité politique, les ajustements territoriaux et les droits de propriété des déplacés.

Le président chypriote Nikos Anastasiades a laissé entendre qu'il pourrait lâcher du lest sur le principe de fédération et proposer une "décentralisation" de certains pouvoirs.

Côté chypriote-turc, le "président" pro-réunification a été remplacé en 2020 par le nationaliste Ersin Tatar, un protégé d'Ankara.

"Petit bateau" 

"La Turquie a changé le paradigme", juge Giannis Ioannou, journaliste et fondateur du centre de réflexion Geopolitical Cyprus.

D'abord, selon lui, en menant des opérations d'exploration gazière dans les eaux revendiquées par Chypre et la Grèce. Puis en ouvrant avant la "présidentielle" en RTCN des rues de Varosha, station balnéaire fantôme chargée de symboles depuis son bouclage par l'armée turque en 1974.

Chypre, qui s'inscrit dans le contexte géopolitique des relations UE-Turquie, est "un petit bateau dans le jeu des grandes puissances", juge Kemal Baykalli.

D'après lui, Ankara "pourrait utiliser les discussions" comme un instrument au service de sa doctrine "patrie bleue", visant à établir sa souveraineté sur des zones disputées en Méditerranée orientale.

A Chypre, où les points de passage entre le Nord et le Sud se sont en grande partie refermés avec le Covid-19, l'optimisme n'est pas de mise.

Au nord, la crise sanitaire a mis à genoux l'économie, ultradépendante des investissements turcs, rendant la contestation de la "mère-patrie" encore plus compliquée. Au sud, des scandales de corruption ont renforcé la défiance envers la classe politique.

Le but à Genève est "d'ouvrir une brèche (...) Les parties pourraient s'accorder pour continuer à discuter", estime Giannis Ioannou.

Cela permettra peut-être, selon Kemal Baykalli, de créer un "nouveau cadre".


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Short Url
  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.