Joe Biden reconnaît le génocide arménien

Le président américain Joe Biden (photo de gauche). Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan dépose des fleurs au mémorial Tsitsernakaberd à Erevan le 24 avril 2021 (AFP)
Le président américain Joe Biden (photo de gauche). Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan dépose des fleurs au mémorial Tsitsernakaberd à Erevan le 24 avril 2021 (AFP)
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Publié le Samedi 24 avril 2021

Joe Biden reconnaît le génocide arménien

  • Joe Biden a reconnu samedi le génocide arménien, devenant le premier président des Etats-Unis à qualifier ainsi la mort d'un million et demi d'Arméniens massacrés par l'Empire ottoman en 1915
  • «Le peuple américain honore tous ces Arméniens qui ont péri dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans aujourd'hui», a déclaré Biden

WASHINGTON: Joe Biden a reconnu samedi le génocide arménien, devenant le premier président des Etats-Unis à qualifier ainsi la mort d'un million et demi d'Arméniens massacrés par l'Empire ottoman en 1915.

La déclaration traditionnelle de la Maison Blanche à l'occasion de la journée de commémoration, le 24 avril, mentionne pour la première fois le mot «génocide».

«Les Américains honorent tous les Arméniens qui ont péri dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans aujourd'hui», a écrit Joe Biden.

«Nous affirmons l'histoire. Nous ne faisons pas cela pour accabler quiconque mais pour nous assurer que ce qui s'est passé ne se répète jamais», a-t-il ajouté.

Immédiatement après la diffusion du communiqué de la Maison Blanche, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé «la politisation par des tiers» du débat autour de cette époque de l'histoire.

Le génocide arménien est reconnu par plus d'une vingtaine de pays et de nombreux historiens mais il est vigoureusement contesté par la Turquie.

Joe Biden, qui avait promis durant sa campagne électorale de prendre l'initiative sur ce dossier, a informé vendredi de sa décision son homologue turc Recep Tayyip Erdogan lors d'une conversation téléphonique.

Les deux dirigeants ont convenu de se rencontrer en juin en marge du sommet de l'Otan à Bruxelles.

Il s'agit «d'honorer les victimes, pas d'accabler qui que ce soit», a souligné une responsable américaine, sous couvert de l'anonymat.

«Nous continuons de considérer la Turquie comme un allié crucial au sein de l'Otan, a-t-elle ajouté.

«Il y a de nombreux intérêts partagés, mais en même temps ce n'est un secret pour personne qu'il y a aussi des divergences entre nos pays», a-t-elle encore dit.

Selon elle, «le président veut vraiment promouvoir le respect des droits humains à travers le monde, et travailler pour faire en sorte que de telles atrocités ne se répètent pas»

«Une part cruciale de ce processus est de prendre acte des faits historiques», a-t-elle plaidé.

Dans son communiqué, Joe Biden insiste sur la nécessité de se tourner vers le futur, «vers le monde que nous voulons construire pour nos enfants».

«Réaffirmons notre engagement commun à éviter de futures atrocités où que ce soit dans le monde», a-t-il ajouté.

 

La Turquie actuelle se refuse à reconnaître les crimes commis à l'aube de l'ancien régime

À ce jour, la Turquie actuelle se refuse à reconnaître les crimes commis à l'aube de l'ancien régime.

Peu importe où ils vivent. Que ce soit au Moyen-Orient, en Amérique du Nord, en Russie ou dans l'Arménie d'aujourd'hui, chaque arménien a probablement un parent, un grand-parent ou un arrière-grand-parent qui a assisté en personne à ce génocide.

Cette année, ils seront nombreux à guetter la reconnaissance officielle du génocide par le gouvernement des États-Unis.

« Aujourd’hui, presque chaque Arménien est le descendant d'une personne ayant survécu au génocide arménien », lance Chris Bohjalian, auteur de « The Sandcastle Girls » (Les filles du château de sable), un best-seller selon le classement du New York Times. Ce roman historique, publié en 2012, s'inspire de son héritage arménien et de l'expérience vécue par ses grands-parents.

« L'Empire ottoman a méthodiquement massacré 1,5 million de citoyens arméniens, plus 300 000 Assyriens et d'innombrables Grecs. Une génération plus tôt, 250 000 Arméniens avaient été exterminés lors des massacres de Hamidian.  Pourtant, la Turquie rejette la responsabilité du sang qui recouvre les mains de son prédécesseur ottoman », a-t-il déclaré à Arab News.

En cette journée printanière qui a marqué les premiers mois de la Première Guerre mondiale, les autorités ottomanes ont rassemblé et exécuté des centaines d'intellectuels arméniens. Dans les semaines qui suivirent, des milliers d'Arméniens ont dû fuir leurs maisons pour se lancer dans des marches de la mort traversant ainsi le désert de Mésopotamie.

« Cette journée revêt une grande importance pour les Arméniens : nous faisons le deuil de nos ancêtres, de la grande partie de notre patrie et de notre culture dans l'est de la Turquie qui nous ont été dérobés – nous pleurons tout cela comme si c'était une blessure encore ouverte, car la Turquie n'a pas reconnu ce crime et une grande partie du monde ignore même qu'il a eu lieu ou son ampleur, à supposer qu'ils en sachent peu de choses – ».

En fait, M. Bohjalian se demande si l'holocauste nazi, survenu un quart de siècle plus tard, se serait produit si le génocide arménien n'avait pas créé un précédent.

Une photo publiée par le Musée-Institut du génocide arménien, datant de 1915, montre des soldats debout au-dessus des crânes de victimes du village arménien de Sheyxalan, dans la vallée de la Mush, sur le front du Caucase, pendant la Première Guerre mondiale. (STR/AGMI/AFP)
Une photo publiée par le Musée-Institut du génocide arménien, datant de 1915, montre des soldats debout au-dessus des crânes de victimes du village arménien de Sheyxalan, dans la vallée de la Mush, sur le front du Caucase, pendant la Première Guerre mondiale. (STR/AGMI/AFP)

« Peut-être. Mais dans son ouvrage ‘Justifying Genocide’ (Justifier le génocide), l'universitaire Stefan Ihrig soutient avec force que le génocide arménien a facilité la survenue de l'Holocauste. Voici la phrase la plus citée de mon roman Les filles du château de sable : ‘Il existe un fil reliant les Arméniens et les Juifs, et les populations du Cambodge, de la Bosnie et du Rwanda. Évidemment, il en existe d'autres, mais en réalité, combien de génocides une phrase peut-elle rassembler?’ Je pense donc que nous avons encore des leçons à apprendre », a-t-il ajouté.

En effet, on établit souvent un certain parallélisme entre le génocide arménien et les nombreux déplacements de population et massacres qui lui ont succédé au cours du XXe siècle.

Joseph Kechichian, chercheur principal au King Faisal Center for Research and Islamic Studies, à Riyad, explique à Arab News que « (l'ancien leader allemand Adolf) Hitler est fameux pour l'expression ‘qui se souvient de l’extermination des Arméniens ?’ lorsqu'il a entrepris ses actions meurtrières ».

« On peut dire que la deuxième conséquence significative du génocide arménien concerne le refus de la part des gouvernements turcs successifs de reconnaître ce crime qui a pourtant été confirmé par les derniers dirigeants ottomans. Ceux-ci ont même poursuivi en justice un certain nombre de fonctionnaires reconnus coupables ».

« Le terme ‘contesté’ ne suffit même pas à décrire la douleur que ressentent les Arméniens, dans la mesure où le déni a abouti à un second génocide, bien que psychologique. Les Turcs honnêtes – et ils sont nombreux – admettront un jour les chapitres sombres de leur histoire et les accepteront. Mais il semble que cela se fera attendre », déclare-t-il.

Ainsi, la Turquie admet que de nombreux Arméniens ont été assassinés au cours d'affrontements avec les forces ottomanes pendant la Première Guerre mondiale. Néanmoins, elle conteste les chiffres et réfute l'idée que ces meurtres soient orchestrés ou qu'ils relèvent d'un génocide.

 La grand-mère paternelle de Kechichian comptait parmi les victimes. « Essayez d'imaginer à quoi cela ressemble de grandir sans grand-mère pour moi – et de grandir sans mère pour mon père orphelin – », poursuit-il.

« Jamais nous n'avons pu embrasser sa main, ne serait-ce qu'une fois, et elle nous manquait tout le temps. Nous évoquions sans cesse son souvenir et feu mon père avait les larmes aux yeux chaque fois qu'il pensait à sa mère ».

EN CHIFFRES

* 1,5 million de décès est l'estimation la plus élevée du nombre d'Arméniens massacrés ou morts de faim ou d'épuisement.

Pratiquement chaque famille arménienne peut raconter une histoire comme celle-là.

« Mais nous sommes des croyants et nous prions pour que les âmes des personnes disparues reposent en paix. Nous implorons le Seigneur de pardonner à ceux qui ont commis ces atrocités et d'éclairer leurs successeurs pour qu'ils trouvent eux aussi la paix. Le déni est hideux et indigne. Il fait du tort aux survivants et à leur progéniture, peu importe le temps écoulé », déclare M. Kechichian.

Pour Armen Sahakyan, directeur exécutif de l'Armenian National Committee of America - Western Region, le génocide n'a guère pris fin.

« Il perdure aujourd’hui par les tentatives continues de la Turquie et de l'Azerbaïdjan d'attaquer et de supprimer la présence des Arméniens dans leur terre ancestrale », confie-t-il à Arab News, faisant référence à la guerre du Haut-Karabakh survenue l'année dernière.

« Le génocide arménien constitue le 'péché originel' de la Turquie, un prélude à plus d'un siècle de violations des droits de l'homme et de répression contre tous les dissidents de l'État turc ; il sape également l'avenir démocratique du pays ».

Selon M. Sahakyan, si la Turquie ne résout pas le génocide arménien de manière véridique, juste et exhaustive, elle ne parviendra jamais à devenir un allié de confiance de l'Occident et «  maintiendra sa politique destructrice, tant dans son pays qu'à l'étranger et dans toute la Méditerranée ».

Par ailleurs, le président américain Joe Biden a fait savoir qu'il reconnaîtrait officiellement comme génocide la déportation et le massacre du peuple arménien en 1915 - une décision qui créerait une rupture significative avec les administrations américaines précédentes, qui ont toujours veillé à ne pas offenser leur allié de l'Otan, à savoir la Turquie.

Le président américain Joe Biden a fait savoir qu'il reconnaîtrait officiellement comme un génocide la déportation et le massacre du peuple arménien en 1915. (AFP/File Photo)
Le président américain Joe Biden a fait savoir qu'il reconnaîtrait officiellement comme un génocide la déportation et le massacre du peuple arménien en 1915. (AFP/File Photo)

Toujours prêt à réagir à chaud, le gouvernement turc a averti les États-Unis qu'ils « étaient tenus de respecter le droit international ».

Dans un entretien accordé récemment à la chaîne de télévision Haberturk, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a précisé que « les déclarations qui ne revêtent pas de valeur juridique ne présentent aucun avantage ; au contraire, elles portent préjudice aux relations entre les deux pays. Il appartient aux États-Unis de décider s’ils souhaitent envenimer les relations avec la Turquie ».

Selon M. Bohjalian, la reconnaissance du  génocide arménien par Washington revêt une grande signification. « Je m'en réjouirais. Mais la justice sera-t-elle un jour rétablie ? Nous entendrons peut être un président américain prononcer le mot 'génocide' le 24 avril de cette année, mais récupérerons-nous un jour Van ? Ararat ? Shusha ? Pas de mon vivant, en tout cas. Néanmoins, j'espère de tout cœur que M. Biden prononcera le mot 'génocide' ».

D'après M. Sahakyan, cette reconnaissance de la Maison Blanche, dans le sillage des résolutions du Congrès de 2019, marquerait le couronnement d'un siècle d'efforts ininterrompus déployés par la communauté arméno-américaine et par les amis de l'Arménie.

« Cela doit guider la politique américaine, à tous les niveaux, y compris en ce qui concerne le soutien à l'Arménie contre les tentatives continues d'Ankara et de Bakou – l’Arménie qui, après avoir survécu à un génocide, subit aujourd'hui un blocus, un isolement, une partition –».

Des orphelins arméniens lors de leur déportation de Turquie aux alentours de l'année 1920. (Shutterstock/File Photo)
Des orphelins arméniens lors de leur déportation de Turquie aux alentours de l'année 1920. (Shutterstock/File Photo)

« La reconnaissance par les États-Unis du génocide arménien permettrait également de rendre hommage au rôle héroïque de l'Amérique qui a sauvé des centaines de milliers de survivants du génocide grâce au Near East Relief », a-t-il ajouté.

Un siècle plus tard, le génocide continue de faire date dans l'histoire moderne et entache encore aujourd'hui le visage de la Turquie, a déclaré Peter Balakian, auteur de l'ouvrage « The Burning Tigris : The Armenian Genocide and America's Response » (Le Tigre brûlant : le génocide arménien et la réponse de l'Amérique), un autre best-seller du New York Times.

Il a déclaré à Arab News que « la Turquie n'a pas présenté d'excuses, et elle a refusé toute restitution et compensation. D'autres nations ont appelé la Turquie à gérer les séquelles du génocide arménien, mais cela ne semble être possible que lorsque la Turquie parviendra à développer une véritable démocratie qui amènera son gouvernement à promouvoir une culture de l'autocritique et du respect des droits de l'homme et des minorités ».

Pour M. Balakian, la reconnaissance constitue le premier pas, même si elle se fait attendre. « Voilà plus d'un siècle que nous espérons obtenir un semblant de justice », ajoute-t-il.

 

Avec Agences

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.

 


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.