Liban : le rôle trouble de la Banque mondiale dans le projet du barrage de Bisri

Cela fait des mois que les Libanais manifestent contre le projet de barrage. (Photo AFP).
Cela fait des mois que les Libanais manifestent contre le projet de barrage. (Photo AFP).
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Publié le Vendredi 21 août 2020

Liban : le rôle trouble de la Banque mondiale dans le projet du barrage de Bisri

  • « Scientifiquement, c’est un projet intrinsèquement corrompu, dans toutes ses étapes, y compris dans la phase de passation des contrats »
  • « Le risque sismique peut détruire ce qui n’a pas encore été détruit au Liban »

BEYROUTH : Nichée entre Jezzine et la région du Chouf, à la lisière entre le Sud et le mont Liban, la vallée de Bisri est l’un des derniers joyaux naturels du Liban. Souhaitant conserver la biodiversité et l'identité de leur région, les habitants se sont opposés à un projet de barrage, en grande partie financé par le prêt de la Banque mondiale (BM), visant à alimenter en eau le Grand Beyrouth.

Eu égard à l'absence de garanties de l'État libanais pour remplir les conditions du prêt, la Banque mondiale, dans sa déclaration du 28 juillet 2020, a fixé le 4 septembre comme date butoir. La catastrophe du 4 août a-t-elle changé la donne ?

Le 11 août, soit une semaine après la terrible explosion de Beyrouth, le Mouvement écologique libanais a lancé un cri d'alarme face à cette tragédie, qui illustre à la fois la corruption de l'État libanais, et son incapacité à prendre en charge des projets importants tel que celui du barrage de Bisri, qui présente des risques écologiques et sismiques pour la région.

Prudence

Paul Abi Rashed, fondateur du Mouvement écologique libanais, a répondu aux questions d’Arab News. Un haut fonctionnaire libanais lui a révélé que la Banque mondiale faisait pression sur le ministère de l'Énergie pour mettre le projet à exécution. Cette information doit, d'après lui, conduire à la prudence et inciter à ne pas crier victoire trop tôt.

Abi Rashed invite la BM à comprendre que « le risque sismique peut détruire ce qui n'a pas été encore détruit au Liban », et que « le projet n'est pas légal car l'étude d'impact a une durée de deux ans, or, elle s'est terminée en 2016 ». Une question importante se pose pour l’ensemble des activistes et des habitants de la région : comment la BM accorde-t-elle encore un tel délai au gouvernement libanais alors que la catastrophe du port est la meilleure preuve qu'il n'est pas possible de leur accorder une quelconque confiance ?

Face à ces interrogations, la BM a déclaré à Arab News que « [sa] position sur le projet du barrage de Bisri a été énoncée dans [sa] déclaration du 28 juillet 2020. La Banque mondiale surveille la situation et annoncera sa décision en temps voulu. »

Manque de sérieux

Le Comité de suivi pour l'avenir de la vallée de Bisri met surtout en avant le manque de sérieux scientifique de la Banque mondiale. Raja Noujaim, activiste et spécialiste en contrôle de qualité au sein de ce comité, est très critique envers cette organisation internationale : « Scientifiquement, c’est un projet intrinsèquement corrompu, dans toutes ses étapes, y compris dans la phase de passation des contrats. »

Les études scientifiques et hydrauliques démontrent d'après Noujaim que le barrage ne peut pas alimenter en eau le Grand Beyrouth. Les conclusions de ces études auraient poussé Walid Joumblatt, ancien député du Chouf, à changer sa position. D'après l'activiste et avocat Rafik Ghraizi, le revirement de Joumblatt s'explique aussi électoralement, en particulier parce que sa base populaire est fortement opposée au projet.

Ghraizi nous indique aussi que la notion d’utilité public en droit libanais peut conduire la vallée de Bisri à devenir une réserve naturelle. C'est par ailleurs le souhait des municipalités des régions de Jezzine et du Chouf, exprimé dans leur communiqué du 8 juillet.

Il existe chez les activistes une idée qui fait consensus : le Liban, économiquement exsangue, et frappé par une terrible tragédie, ne peut se permettre de donner suite à un projet qui s’apparente à une « coquille vide » et qui risque de provoquer des catastrophes sur les plans écologique, social et économique. La communauté internationale, et notamment la BM, auront une lourde responsabilité le 4 septembre…


Discussions sur Gaza entre le roi Abdallah et les présidents égyptien et français

Discussions sur Gaza entre le roi Abdallah et les présidents égyptien et français
Discussions sur Gaza entre le roi Abdallah et les présidents égyptien et français
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  •  Les dirigeants exhortent la communauté internationale à plaider en faveur de la fin de la guerre israélienne dans l'enclave
  •  Les attaques israéliennes sapent les efforts diplomatiques et risquent d'entraîner la région dans le chaos, prévient le roi Abdallah

LONDRES: Le roi Abdallah II de Jordanie a souligné la nécessité de mettre fin à l'offensive israélienne à Gaza lors d'un sommet avec le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi et le président français Emmanuel Macron au Caire.

Les dirigeants ont exhorté, lundi, la communauté internationale, à plaider pour la fin de la guerre israélienne à Gaza, à rétablir l'accord de cessez-le-feu et à garantir l'acheminement de l'aide humanitaire dans l'enclave côtière palestinienne.

Le roi Abdallah a déclaré que les attaques israéliennes contre Gaza sapaient tous les efforts diplomatiques et humanitaires visant à résoudre la crise et risquaient d'entraîner l'ensemble du Moyen-Orient dans le chaos, a rapporté l'agence de presse Petra.

Il a souligné la nécessité d'une solution politique fondée sur la solution à deux États, qui garantirait la sécurité et la stabilité tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens.

Le roi Abdallah a déclaré que la Jordanie s'opposait au déplacement des Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie, mettant en garde contre les actions unilatérales israéliennes et les agressions contre les lieux saints musulmans et chrétiens à Jérusalem, a ajouté l'agence Petra.

Le souverain jordanien et le président El-Sissi ont salué le soutien de la France à la résolution de la question palestinienne. Ils ont souligné la nécessité d'une coopération internationale, en particulier de la part des pays de l'UE, dont la France, pour aider à la reconstruction de Gaza.

Après son arrivée au Caire dimanche, M. Macron se rendra mardi à Al-Arish, à 50 kilomètres de la bande de Gaza, pour rencontrer les autorités humanitaires et les responsables de la sécurité, et faire pression en faveur d'un cessez-le-feu. Lundi, il a exprimé sa ferme opposition à tout déplacement ou annexion à Gaza et en Cisjordanie occupée par Israël.

Le roi Abdallah, ainsi que les présidents égyptien et français ont insisté sur la nécessité d'une solution politique pour établir un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale, en vue d'une paix durable, a rapporté le journal Petra.

La délégation jordanienne comprenait le ministre des Affaires étrangères et des Expatriés, Ayman Safadi, le directeur du bureau du roi, Alaa Batayneh, et l'ambassadeur au Caire, Amjad al-Adaileh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'UNICEF se voit contraint de fermer les centres de malnutrition à Gaza, alors que la crise humanitaire s'aggrave

Des enfants palestiniens transportent des bouteilles d'eau alors que l'approvisionnement en eau est perturbé, à la suite d'un raid israélien, dans le camp de réfugiés d'Al-Faraa près de Tubas, en Cisjordanie occupée par Israël, le 12 février 2025. (REUTERS/File)
Des enfants palestiniens transportent des bouteilles d'eau alors que l'approvisionnement en eau est perturbé, à la suite d'un raid israélien, dans le camp de réfugiés d'Al-Faraa près de Tubas, en Cisjordanie occupée par Israël, le 12 février 2025. (REUTERS/File)
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  • Ces fermetures sont directement liées à la reprise des actions militaires d'Israël et à la situation de plus en plus instable en matière de sécurité.
  • L'UNICEF attend les conclusions d'un organisme spécial chargé d'évaluer l'ampleur de l'insécurité alimentaire dans la bande de Gaza.

GAZA : le Fonds des Nations unies pour l'enfance a fermé 21 centres de traitement de la malnutrition dans la bande de Gaza, invoquant les opérations militaires israéliennes en cours et les récents ordres d'évacuation dans les zones où ces centres opéraient.

Kazem Abu Khalaf, porte-parole de l'organisation, a déclaré dimanche à l'agence de presse palestinienne WAFA que les fermetures étaient directement liées aux nouvelles actions militaires d'Israël et à la situation sécuritaire de plus en plus instable.

Il a ajouté que l'UNICEF attendait actuellement les conclusions d'un organisme spécial chargé d'évaluer l'ampleur de l'insécurité alimentaire à Gaza, dans le but de présenter un tableau complet de la détérioration de la situation.

Ces fermetures interviennent alors que la bande de Gaza est confrontée à une situation d'urgence humanitaire sans précédent, exacerbée par la poursuite du blocus israélien de l'enclave. 

Selon l'UNICEF, les autorités israéliennes ont bloqué tous les points de passage vers Gaza pendant 35 jours consécutifs, empêchant l'entrée de nourriture, de fournitures médicales et de suppléments nutritionnels.

Samedi, l'UNICEF a lancé un avertissement sévère, déclarant que plus d'un million d'enfants de Gaza ont été privés d'une aide humanitaire vitale pendant plus d'un mois.

L'organisation a condamné le blocus, qu'elle qualifie de violation du droit humanitaire international ayant des conséquences dévastatrices pour les enfants et les autres groupes vulnérables.

L'UNICEF a confirmé qu'il disposait de milliers de colis d'aide prêts à être livrés immédiatement, mais qu'il n'avait pas été en mesure d'y accéder. L'organisation a également révélé que les réserves de nourriture pour les nourrissons de Gaza avaient été entièrement épuisées, tandis que le stock restant de lait infantile prêt à l'emploi ne suffirait qu'à nourrir 400 enfants pendant un mois. 

La crise à Gaza s'est intensifiée depuis la reprise des hostilités en mars, qui a mis fin à un cessez-le-feu temporaire entré en vigueur au début de l'année.

La guerre d'Israël contre le Hamas, qui a débuté en octobre 2023, a laissé de grands secteurs des infrastructures de Gaza en ruines et déplacé des centaines de milliers de civils.

Les organisations humanitaires ont à plusieurs reprises mis en garde contre le risque de famine et d'effondrement des services de santé de base si l'accès humanitaire n'est pas rétabli sans délai. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


L'Arabie saoudite souligne les efforts de préservation culturelle à l'UNESCO

L'Arabie saoudite a souligné son travail de préservation culturelle lors de la 221e session du Conseil exécutif de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture au siège de l'organisation à Paris. (SPA)
L'Arabie saoudite a souligné son travail de préservation culturelle lors de la 221e session du Conseil exécutif de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture au siège de l'organisation à Paris. (SPA)
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  • Le représentant permanent du Royaume a annoncé le lancement de deux initiatives numériques en partenariat avec un organe de l'ONU.
  • Abdulelah bin Ali Al-Tokhais déclare que le Royaume reste engagé à faire avancer les priorités stratégiques de l'organisation.

PARIS : L'Arabie saoudite a mis en avant son travail de préservation culturelle lors de la 221^e session du Conseil exécutif de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, au siège de l'organisation à Paris, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

La session, qui s'est ouverte lundi et se poursuivra jusqu'au 17 avril, est suivie par des représentants des États membres et des principales parties prenantes internationales. 

Le Conseil exécutif de l'UNESCO, dont l'Arabie saoudite est membre, est l'un des trois principaux organes directeurs de l'organisation, avec la Conférence générale et le Secrétariat.

Composé de 58 États membres élus pour un mandat de quatre ans, il évalue le travail de l'organisation, supervise les programmes et examine les questions budgétaires.

La délégation saoudienne est conduite par Abdulelah bin Ali Al-Tokhais, représentant permanent du Royaume auprès de l'UNESCO.

Des membres de la Commission nationale saoudienne pour l'éducation, la culture et la science, ainsi que des représentants de diverses institutions nationales sont également présents.

Lors de la session d'ouverture, M. Al-Tokhais a prononcé le discours du Royaume, soulignant le partenariat historique et continu de l'Arabie saoudite avec l'UNESCO et rappelant que le Royaume a été l'une des premières nations à signer la Charte des Nations Unies en 1945. 

Il a souligné la solide coopération entre l'Arabie saoudite et l'UNESCO, en particulier par le biais de l'Institut de l'UNESCO pour l'apprentissage tout au long de la vie. Ce partenariat a récemment abouti à l'accueil par le Royaume de la sixième Conférence internationale sur les villes éducatives, qui s'est tenue sous le patronage du roi Salman.

M. Al-Tokhais a également souligné le rôle du Royaume dans la préservation de la culture, citant notamment le Fonds saoudien pour le soutien, la protection et la promotion de la culture et du patrimoine à l'UNESCO.

Dans le cadre des efforts de collaboration, il a annoncé le lancement, en partenariat avec l'UNESCO, de deux initiatives numériques au cours du premier semestre 2025 : le Musée virtuel des objets volés et la Plateforme du patrimoine numérique.

Il a également réaffirmé le soutien de l'Arabie saoudite à la mission de l'UNESCO et a déclaré que le Royaume restait déterminé à faire progresser les priorités stratégiques de l'organisation et à contribuer aux objectifs mondiaux de développement. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com