ISTANBUL: La Turquie a ouvert une enquête jeudi après la fuite à l'étranger du fondateur d'une plateforme d'échange de cryptomonnaie soupçonné d'avoir siphonné les avoirs de centaines de milliers de clients d'une valeur estimée à deux milliards de dollars.
Mercredi, la plateforme Thodex, fondée en 2017, a mystérieusement annoncé la suspension des échanges pendant « quatre ou cinq jours » et rendu son site inaccessible, déclenchant la panique des utilisateurs, dans l'impossibilité de retirer leurs avoirs.
Le bureau du procureur d'Istanbul a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête contre le fondateur et dirigeant de cette plateforme, Faruk Fatih Ozer, pour « escroquerie aggravée » et « création d'une organisation criminelle ».
Avant le blocage de son site, la plateforme Thodex, sorte de bourse d'échange de monnaies virtuelles, hébergeait les avoirs de près de 400 000 utilisateurs pour un montant total de 2 milliards de dollars (près de 1,7 milliard d'euros), ont rapporté plusieurs médias turcs.
Les médias ont par ailleurs indiqué que le suspect avait quitté la Turquie mardi, certains mentionnant la Thaïlande et d'autres l'Albanie.
Les autorités ont partagé une photo du jeune homme, âgé de 27 ou 28 ans, lors du contrôle de son passeport au principal aéroport international d'Istanbul, sans autre précision.
Thodex a mené ces derniers mois une campagne publicitaire d'envergure pour attirer les investisseurs, promettant par exemple d'offrir des voitures de luxe à certains d'entre eux.
La plateforme a notamment fait des remises spectaculaires sur le dogecoin, une cryptomonnaie se voulant parodique qui a actuellement le vent en poupe.
Face à l'érosion inexorable de la livre turque, un nombre croissant de Turcs se sont tournés ces dernières années vers les cryptomonnaies pour mettre leurs économies à l'abri.
Pour freiner la ruée vers ce marché qui échappe à leur contrôle, les autorités turques ont récemment multiplié les mises en garde contre les dangers potentiels.
La semaine dernière, la Banque centrale de Turquie a même interdit l'utilisation des cryptomonnaies pour l'achat de biens et services à partir du 30 avril.
Les monnaies virtuelles « comportent une grande part de risque » en raison de leur volatilité et du manque de contrôles, a estimé l'institution. « Les portefeuilles peuvent être volés ou utilisés frauduleusement sans l'autorisation de leur propriétaire ».