Un report des élections palestiniennes serait une plongée dans «l'inconnu»

Un vendeur palestinien vend de la barbe à papa le long d'une rue vide, alors qu'un lockdown de deux jours a été mis en place pour freiner la propagation des infections Covid-19 pendant le mois sacré islamique du Ramadan, dans la ville de Gaza, le 17 avril 2021. (MAHMUD HAMS / AFP)
Un vendeur palestinien vend de la barbe à papa le long d'une rue vide, alors qu'un lockdown de deux jours a été mis en place pour freiner la propagation des infections Covid-19 pendant le mois sacré islamique du Ramadan, dans la ville de Gaza, le 17 avril 2021. (MAHMUD HAMS / AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 22 avril 2021

Un report des élections palestiniennes serait une plongée dans «l'inconnu»

  • Le 22 mai, les Palestiniens de la Cisjordanie occupée, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est sont conviés aux urnes pour la première fois depuis 2006, un scrutin qui doit être suivi en juillet par une présidentielle
  • Mais nombre de Palestiniens et d'observateurs pensent que les législatives seront une nouvelle fois reportées, voire annulées

GAZA : Le report, même d'un "seul jour", des législatives poussera le peuple dans "l'inconnu", prévient dans un entretien à l'AFP la tête de liste du Hamas pour les premières élections palestiniennes en 15 ans, dont la tenue reste une source d'incertitudes.

Le 22 mai, les Palestiniens de la Cisjordanie occupée, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est sont conviés aux urnes pour la première fois depuis 2006, un scrutin qui doit être suivi en juillet par une présidentielle.

Mais nombre de Palestiniens et d'observateurs pensent que les législatives seront une nouvelle fois reportées, voire annulées.

"Nous n'accepterons pas le report des élections d'un seul jour", a déclaré à l'AFP Khalil al-Hayya, N.2 du Hamas dans la bande de Gaza et N.1 sur la liste de ce mouvement islamiste armé. 

"Un report pousserait le peuple palestinien dans l'inconnu, et je préviens que cela compliquera la situation, perpétuera et consacrera la division", entre les factions palestiniennes, a ajouté ce haut responsable du Hamas.

"Cela causerait une grande frustration parmi la population et les jeunes et pourrait mener à de graves réactions", a renchéri M. Hayya, lors de cet entretien dans son bureau de Gaza. 

"Véritable opportunité" 

Après de nombreux reports, le président palestinien Mahmoud Abbas avait annoncé mi-janvier, quelques jours avant l'entrée en fonction de Joe Biden à la Maison Blanche, la tenue de ces élections dans le cadre d'un accord de "réconciliation" entre son parti laïc, le Fatah, et le Hamas.

Les élections de 2006, remportées par le Hamas, avaient débouché un an plus tard sur des affrontements armés entre ces deux grands blocs de la politique palestinienne et sur une séparation géographique du pouvoir.

Aujourd'hui, le Hamas contrôle la bande de Gaza, enclave sous blocus israélien, et le Fatah dirige l'Autorité palestinienne, qui siège en Cisjordanie occupée, mais dont son leadership est remis en cause par des factions dissidentes.

Selon un sondage publié cette semaine par le Jerusalem Media and Communication Center, un centre d'analyse médiatique palestinien, mené en partenariat avec la fondation allemande Friedrich-Ebert, 79% des Palestiniens jugent la tenue de ces élections importante et ce, malgré les appels, notamment de figures proches du Fatah, à un report.

Plus d'une trentaine de listes sont en concurrence pour les législatives. Et malgré les critiques dont il fait l'objet, le Fatah resterait en première place des intentions de vote.

Le Hamas, lui, ne cherche pas à diriger un futur gouvernement mais à y participer, espérant obtenir environ le même pourcentage d'appuis (environ 40%) qu'en 2006 tout en reconnaissant qu'une partie de la population de la bande de Gaza avait été "déçue" par la gestion du mouvement, affirme M. Hayya. 

"Nous souhaitons un gouvernement de consensus national (...) S'il porte un programme politique raisonnable et acceptable, il peut constituer une véritable opportunité pour mettre fin à la division, unifier les institutions, mettre fin au blocus (israélien) et à la souffrance palestinienne", affirme-t-il.

La question de Jérusalem 

Mahmoud Abbas, âgé de 86 ans et qui pourrait perdre la présidentielle selon différents sondages, avait déjà indiqué que les élections ne pourraient avoir lieu sans la participation des Palestiniens de Jérusalem-Est, portion orientale de la Ville sainte annexée en 1967 par Israël qui refuse la tenue sur place du scrutin.

Lundi, la Commission électorale palestinienne a indiqué que la majorité des Palestiniens de Jérusalem-Est pourrait voter dans des bureaux situés en "périphérie de Jérusalem", du côté de la Cisjordanie, "là où il n'y a pas besoin d'approbation israélienne". 

La Commission attend toutefois encore une réponse d'Israël à propos des 6.300 Palestiniens de Jérusalem-Est qui sont historiquement autorisés à voter --pour des raisons administratives et selon un protocole signé en 1993-- dans des bureaux de poste de la ville, sous contrôle israélien.

"Nous mettons en garde contre l'obstruction aux élections par les forces d'occupation (nom donné à Israël par le Hamas, NDLR) (...) cela pourrait pousser certains vers d'autres options comme l'extrémisme, la violence et le terrorisme", a affirmé M. Hayya.

Et d'appeler donc Européens et Américains à "soutenir" les élections et en "reconnaître" les résultats ce qui pourrait causer, en cas de victoire du Hamas, des maux de tête dans des capitales occidentales qui considèrent ce mouvement comme une organisation terroriste.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".