Le combat acharné de Kaïs Saïed pour reprendre le contrôle des forces de sécurité intérieure

Le président tunisien Kais Saied prononce un discours après le lancement de la fusée porteuse russe Soyouz-2.1a depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan transportant 38 satellites étrangers dont le premier satellite tunisien Challenge-1, au groupe de télécommunications Telnet dans la capitale Tunis le 22 mars 2021. (FETHI BELAID / AFP)
Le président tunisien Kais Saied prononce un discours après le lancement de la fusée porteuse russe Soyouz-2.1a depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan transportant 38 satellites étrangers dont le premier satellite tunisien Challenge-1, au groupe de télécommunications Telnet dans la capitale Tunis le 22 mars 2021. (FETHI BELAID / AFP)
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Publié le Mercredi 21 avril 2021

Le combat acharné de Kaïs Saïed pour reprendre le contrôle des forces de sécurité intérieure

  • En lançant un appel à peine voilé aux hauts responsables des forces de sécurité intérieure à ne plus obéir au chef du gouvernement, Kaïs Saïed risque de les impliquer dans l’actuelle crise au sommet de l’État
  • Si le chef de l’État tient tant à reprendre le contrôle du ministère de l’Intérieur, c’est parce que sans ce rouage, il ne peut pas tenir ses promesses de lancer une campagne «mains propres»

TUNIS: Le président s’est proclamé le 18 avril «chef des forces armées militaires et civiles», au mépris d’une loi de 2015, qui place les forces de sécurité intérieure (FSI) sous l’autorité du chef du gouvernement. Il les a appelées à ne plus obéir à ce dernier, ce qui risque de les impliquer dans la crise politique au sommet de l’État.

Après avoir refusé d’organiser la prestation de serment des nouveaux ministres nommés par le chef du gouvernement le 16 janvier 2021, puis de ratifier la loi créant la Cour constitutionnelle, le président Kaïs Saïed use de la même «arme», une interprétation très personnelle de la Constitution, pour livrer la bataille sans doute la plus importante pour lui: le contrôle des forces de sécurité intérieure. 

À l’occasion de la commémoration du 65ᵉ anniversaire des FSI, le 18 avril 2021, il a affirmé que, conformément à «la Constitution, le président de la République est le chef des forces armées militaires et civiles, sans distinction aucune». Il se fonde sur la Constitution de 2014, qui ne distingue pas l’armée des forces de sécurité intérieure, pour déclarer comme «anticonstitutionnelle» une loi de 2015, qui exclut du périmètre de compétence du chef de l’État les nominations aux emplois supérieurs du ministère de l’Intérieur. 

Comme son prédécesseur, feu Béji Caïd Essebsi, l’actuel président avait contourné cet obstacle en plaçant à la tête de ce département en septembre dernier Taoufik Charfeddine, son ancien directeur de campagne. Mais depuis le limogeage de ce dernier en janvier 2021 – avec d’autres ministres proches du chef de l’État – par le chef du gouvernement Hichem Mechichi, M. Saïed n’a plus de prise sur département.

Si le chef de l’État tient tant à reprendre le contrôle du ministère de l’Intérieur, c’est parce que sans ce rouage, il ne peut pas tenir ses promesses de lancer une campagne «mains propres» et faire la lumière sur les assassinats en 2013 de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, et sur l’affaire de l’appareil sécuritaire d’Ennahdha.

Sauf qu’en lançant un appel à peine voilé aux hauts responsables des forces de sécurité intérieure à ne plus obéir au chef du gouvernement – et ministre de l’Intérieur par intérim –, le président tunisien risque de les impliquer dans l’actuelle crise au sommet de l’État. Ce qui ne pourrait que l’aggraver.


Le Hamas revendique des tirs de roquettes du Liban sur le nord d'Israël

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, le Hezbollah libanais échange quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne en soutien au mouvement islamiste palestinien. (AFP).
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, le Hezbollah libanais échange quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne en soutien au mouvement islamiste palestinien. (AFP).
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  • Les combattants du Hamas ont "lancé une salve de roquettes depuis le sud du Liban en direction" d'une position militaire israélienne
  • Cette salve était "en réponse aux massacres de l'ennemi sioniste (Israël)" dans les territoires palestiniens de Gaza et de Cisjordanie occupée

BEYROUTH: La branche armée du Hamas palestinien a revendiqué des tirs de roquettes lundi depuis le sud du Liban en direction d'une position militaire dans le nord d'Israël.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, le Hezbollah libanais échange quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne en soutien au mouvement islamiste palestinien. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont également revendiqué des attaques transfrontalières depuis le Liban.

Les combattants du Hamas ont "lancé une salve de roquettes depuis le sud du Liban en direction" d'une position militaire israélienne, ont indiqué les Brigades Ezzedine al-Qassam dans un communiqué sur Telegram.

Cette salve était "en réponse aux massacres de l'ennemi sioniste (Israël)" dans les territoires palestiniens de Gaza et de Cisjordanie occupée.

L'armée israélienne a déclaré à l'AFP qu'"une vingtaine de tirs avaient effectués depuis le Liban sur le territoire israélien", ajoutant avoir intercepté la plupart des roquettes et avoir frappé "l'origine du feu".

"Aucun blessé ni dégât n'a été signalé", a indiqué l'armée israélienne.

Le 21 avril, la branche armée du Hamas avait revendiqué des tirs de roquettes depuis le sud du Liban vers le nord d'Israël.

Le 2 janvier, un haut responsable du mouvement palestinien, Saleh Arouri, avait été tué dans une attaque de drone imputée à Israël sur la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 385 personnes parmi lesquelles 254 combattants du Hezbollah et 73 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 20 personnes incluant 11 soldats et neuf civils ont été tuées, selon le bilan officiel.

Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées des deux côtés de la frontière.


Washington détermine que 5 unités israéliennes ont commis des abus en Cisjordanie

Des informations de presse ont notamment fait état d'accusations contre le bataillon "Netzah Yehuda", formé en grande partie de soldats ultra-orthodoxes.  Fort d'un millier d'hommes, il était stationné jusqu'en 2022 en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël. (AFP).
Des informations de presse ont notamment fait état d'accusations contre le bataillon "Netzah Yehuda", formé en grande partie de soldats ultra-orthodoxes. Fort d'un millier d'hommes, il était stationné jusqu'en 2022 en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël. (AFP).
La loi américaine, du nom d'un ancien sénateur démocrate Patrick Leahy, interdit au gouvernement d'utiliser des fonds ou d'envoyer des armes à des unités de forces de sécurité étrangères lorsqu'il existe des informations crédibles les impliquant dans des violations des droits humains. (AFP).
La loi américaine, du nom d'un ancien sénateur démocrate Patrick Leahy, interdit au gouvernement d'utiliser des fonds ou d'envoyer des armes à des unités de forces de sécurité étrangères lorsqu'il existe des informations crédibles les impliquant dans des violations des droits humains. (AFP).
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  • Des consultations se poursuivent avec le gouvernement israélien s'agissant d'une cinquième unité israélienne mise en cause
  • Des informations de presse ont notamment fait état d'accusations contre le bataillon "Netzah Yehuda", formé en grande partie de soldats ultra-orthodoxes

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont déterminé que cinq unités de sécurité israéliennes ont commis des exactions contre des Palestiniens en Cisjordanie avant l'attaque du Hamas en octobre, quatre d'entre elles ayant pris des "mesures correctives" éloignant la perspective de sanctions américaines, a indiqué lundi le département d'Etat.

Des consultations se poursuivent avec le gouvernement israélien s'agissant d'une cinquième unité israélienne mise en cause, a précisé le porte-parole adjoint du département d'Etat, Vedant Patel.

Un responsable américain a confirmé, sous couvert d'anonymat, qu'il s'agissait d'une unité de l'armée israélienne.

Des informations de presse ont notamment fait état d'accusations contre le bataillon "Netzah Yehuda", formé en grande partie de soldats ultra-orthodoxes.

Fort d'un millier d'hommes, il était stationné jusqu'en 2022 en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël.

"Après un processus minutieux, nous avons trouvé cinq unités israéliennes responsables d'actes individuels correspondant à des violations flagrantes des droits de l'homme", a déclaré à la presse le porte-parole.

"Tous ces faits se sont produits bien avant le 7 octobre et aucun n'a eu lieu à Gaza", a-t-il dit sans préciser ni les dates ni les circonstances de ces abus.

"Quatre de ces unités ont effectivement remédié à ces violations, ce que nous attendons de nos partenaires", a encore indiqué le responsable en soulignant que s'agissant de la cinquième unité, le gouvernement israélien avait "soumis" des informations complémentaires au département d'Etat.

"Nous poursuivons nos consultations et nos engagements avec le gouvernement israélien. Il a fourni des informations supplémentaires concernant cette unité, et nous continuons à avoir ces conversations", a déclaré M. Patel.

Le responsable s'est refusé à identifier ces unités et à préciser quelles avaient été les sanctions prises par Israël à leur encontre.

La loi américaine, du nom d'un ancien sénateur démocrate Patrick Leahy, interdit au gouvernement d'utiliser des fonds ou d'envoyer des armes à des unités de forces de sécurité étrangères lorsqu'il existe des informations crédibles les impliquant dans des violations des droits humains.

L'armée israélienne est mobilisée depuis plus de six mois contre le Hamas dans la bande de Gaza, dévastée par le conflit, et sur la frontière libanaise où les échanges de tirs avec le Hezbollah pro-iranien sont quasi-quotidiens.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait vivement réagi il y a plusieurs jours à des informations selon lesquelles Washington pourrait imposer des sanctions à une unité de l'armée israélienne, affirmant que l'armée "ne doit pas être sanctionnée" dans les circonstances actuelles.

Le département d'Etat poursuit son évaluation quant à cette unité de l'armée israélienne et n'a pas encore pris de décision sur le fait ou non de lui interdire toute aide américaine, selon M. Patel.

L'affaire intervient alors que l'administration démocrate du président Joe Biden est sous pression d'exiger des comptes d'Israël pour sa conduite de la guerre dans la bande de Gaza, menée en représailles à l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre.

En pleine année électorale aux Etats-Unis, des voix se font de plus en plus nombreuses pour conditionner l'aide militaire massive des Etats-Unis à son allié israélien, et des manifestations pro-palestiniennes secouent de nombreux campus américains, notamment à l'université Columbia à New York.


Antony Blinken «espère» qu’un accord de cessez-le-feu sera conclu à Gaza

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, déclare que le Hamas doit décider, et rapidement, s’il doit accepter la proposition extraordinairement généreuse de cessez-le-feu. (AFP)
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, déclare que le Hamas doit décider, et rapidement, s’il doit accepter la proposition extraordinairement généreuse de cessez-le-feu. (AFP)
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  • Le secrétaire d’État réaffirme l’opposition des États-Unis à une opération militaire israélienne à Rafah lors de la réunion du WEF à Riyad
  • Ces propos interviennent au lendemain de la déclaration du président palestinien Abbas selon laquelle les États-Unis sont «le seul pays» capable d'éviter une catastrophe à Rafah

RIYAD: Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, espère que le Hamas acceptera une proposition de cessez-le-feu «extraordinairement généreuse» pour mettre fin à l’offensive dévastatrice d’Israël à Gaza en échange de la libération des otages.

«Le Hamas doit décider, et rapidement, s’il doit accepter la proposition extraordinairement généreuse de cessez-le-feu. J’espère qu’il prendra la bonne décision et que nous pourrons changer fondamentalement la dynamique», a déclaré le responsable américain lors d’une table ronde du Forum économique mondial (WEF) à Riyad.

Vendredi dernier, une délégation égyptienne de haut niveau s’est rendue en Israël pour participer à des pourparlers dans le cadre d’une nouvelle initiative diplomatique visant à parvenir à une trêve dans les hostilités qui durent depuis six mois et à obtenir la libération des otages israéliens détenus par les combattants palestiniens.

Le conflit à Gaza, qui a commencé à la suite de l’attaque du Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre 2023, a entraîné la mort de près de trente-cinq mille Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, et réduit 75% de l’enclave assiégée à l’état de ruines, selon les autorités locales.

«Nous collaborons avec nos partenaires pour tenter de mettre un terme au conflit et de faire en sorte qu’il ne s’étende pas, et tout cela est un effort collectif. Le moyen le plus rapide de mettre fin au conflit à Gaza est de parvenir à un cessez-le-feu et à la libération des otages», indique M. Blinken, qui a remercié l’Égypte et le Qatar pour le rôle déterminant qu’ils ont joué dans les efforts en vue d’une trêve et de la libération des otages.

Antony Blinken a ensuite réaffirmé l’opposition des États-Unis à une opération militaire israélienne imminente à Rafah, la ville la plus au sud de Gaza, en l’absence d’un plan garantissant que les civils ne seront pas blessés.

«Nous n’avons pas encore trouvé de plan qui nous garantisse que les civils peuvent être protégés efficacement», souligne M. Blinken.

Depuis des semaines, Israël menace de mener une offensive générale à Gaza afin de détruire les forces restantes du Hamas.

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui a prononcé un discours lors d’une table ronde du WEF un jour plus tôt, a affirmé que les États-Unis étaient «le seul pays» capable d’empêcher l’invasion israélienne longtemps redoutée de Rafah, où vivent actuellement plus d’1,5 million de Palestiniens.

Même une simple «petite frappe» sur Rafah obligerait la population palestinienne à fuir la bande de Gaza, et la «plus grande catastrophe de l’Histoire du peuple palestinien se produirait alors», ajoute M. Abbas.

Antony Blinken a insisté sur la nécessité de «préparer un plan d’après-guerre pour Gaza, qui inclurait les mesures à prendre en matière de sécurité, de gouvernance et d’administration, ainsi que les besoins humanitaires et de reconstruction».

«Énormément de travail a été accompli dans ce domaine, mais il reste encore beaucoup à faire», souligne-t-il.

M. Blinken a également expliqué que «la plus grande menace pour l’Iran et le Hamas serait qu’Israël normalise ses relations avec tous les pays de la région et qu’un État palestinien soit créé.»

«Les États-Unis et l’Arabie saoudite ont travaillé dur ces derniers mois sur l’accord de normalisation israélo-saoudien. Je pense qu’il est potentiellement sur le point d’être conclu», précise-t-il.

«Mais pour aller de l’avant dans la normalisation, deux choses seront nécessaires: le calme à Gaza et une voie crédible vers un État palestinien.»

Antony Blinken avait auparavant participé à la réunion inaugurale du Conseil de coopération entre les États-Unis et le Golfe, au cours de laquelle il avait déclaré aux ministres des Affaires étrangères de la région que le meilleur moyen de mettre un terme à la catastrophe humanitaire à Gaza serait de négocier un accord de cessez-le-feu qui permettrait de libérer les otages détenus par le Hamas.

Le secrétaire d’État américain s’est par ailleurs entretenu avec le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, avec lequel il a examiné les moyens de renforcer les relations bilatérales et la coopération dans divers domaines, selon l’agence de presse saoudienne (SPA).

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com