Vladimir Poutine, la puissance russe à tout prix

Le leader russe Vladimir Poutine, le 27 mars à Moscou (Photo, AFP).
Le leader russe Vladimir Poutine, le 27 mars à Moscou (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 21 avril 2021

Vladimir Poutine, la puissance russe à tout prix

  • En Russie, Vladimir Poutine, à 68 ans, a fait le vide : dans toutes les institutions, il n'y a que des fidèles, dénonçant comme lui un complot occidental russophobe
  • Entre les Occidentaux et l'ex-officier du KGB qui a servi en Allemagne de l'Est pendant la Guerre froide, le dialogue est au plus mal

MOSCOU: Vladimir Poutine a une idée fixe depuis plus de 20 ans : réimposer la Russie en tant que superpuissance mondiale. Quel qu'en soit le coût.

« Personne ne voulait nous parler, personne ne voulait nous écouter. Écoutez-nous maintenant ! »

C'était en 2018, durant l'adresse annuelle de Vladimir Poutine au Parlement. L'avertissement du président russe, qui venait de présenter avec fierté des missiles « invincibles », marque les esprits.

Dans l'arène internationale, il a aussi laissé son empreinte, quitte à ce que les crises s'accumulent. Avec à chaque fois, comme du temps de la Guerre froide, Moscou et l'Ouest s'accusant et se menaçant.

En Russie, Vladimir Poutine, à 68 ans, a fait le vide. Dans toutes les institutions, il n'y a que des fidèles, dénonçant comme lui un complot occidental russophobe. 

« Pépé se planque dans son bunker », a raillé Alexeï Navalny - seul grand opposant depuis l'assassinat de Boris Nemtsov en 2015 face au Kremlin - qui accuse pour sa part Vladimir Poutine d'avoir fait de ses amis des milliardaires et de s'être fait bâtir un palais sur la mer Noire sous un prête-nom. 

Mais à peine remis d'un empoisonnement à l'agent neurotoxique qui l'a laissé des semaines dans le coma, Navalny a été envoyé en prison, où il observe une grève de la faim et où sa santé vacille, malgré le tollé occidental.

Une fois encore, Vladimir Poutine reste sourd aux sanctions de Bruxelles et Washington.

Entre les Occidentaux et l'ex-officier du KGB qui a servi en Allemagne de l'Est pendant la Guerre froide, le dialogue est au plus mal. 

On se teste et on provoque, comme lorsque Poutine rétorque « c'est celui qui le dit qui l'est » au président américain Joe Biden qui le qualifiait de « tueur ».

En 2000, l'arrivée au Kremlin de cet homme de 47 ans au front dégarni laisse d'abord présager de bonnes relations avec l'Ouest. L'américain George W. Bush salue même un « dirigeant remarquable ».

Ses amitiés avec l'Allemand Gerhard Schröder et l'Italien Silvio Berlusconi s'affichent alors publiquement.

« De tous les dirigeants en exercice, il n'y en a probablement pas un avec qui il a une relation aussi étroite aujourd'hui » qu'à l'époque, reconnaissait en mars le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Car Poutine honnit « l'hégémonisme » occidental. Et les élargissements successifs de l'Otan jusqu'aux frontières russes sont vécus comme une agression.

 « Un homme en mission »

Pour lui, ses rivaux veulent maintenir la Russie à l'arrière-plan, prolonger l'humiliation de la chute de l'URSS, de la crise économique et des dernières années de Boris Eltsine, marqué par l'alcool et la maladie.

« Il se voit comme un homme en mission (...) Et celle-ci est de redonner à la Russie sa grandeur », se défaire « des influences étrangères », note le politologue Konstantin Kalatchev.

Convaincu d'avoir été trahi quand les Occidentaux bombardent la Libye en 2011, il s'engage militairement en Syrie en 2015, changeant le cours de la guerre. Et qu'importe si le régime de Bachar al-Assad est accusé d'attaques chimiques et la Russie de bombarder des civils.

L'année précédente, il s'était fait le héraut de la « grande Russie », annexant, sous les yeux d'Européens et Américains impuissants, la péninsule ukrainienne de Crimée pour répliquer à une révolution en Ukraine, fomentée selon lui par l'Occident.

L'opération accroît son prestige à domicile, mais avec l'Ouest, les vagues de sanctions et contre-sanctions fusent.

Virées dans la taïga

Le désir de briller va jusqu'au sport. A partir de 2015, un scandale de dopage d'Etat, impliquant jusqu'aux services secrets, est mis à jour notamment lors des fastueux JO-2014 de Sotchi. Mais Vladimir Poutine dénonce encore un complot occidental.

Il se pose en outre aussi en porte-drapeau des « valeurs traditionnelles » en lutte contre la décadence morale, se liant avec les extrêmes droites européennes.

Si l'économie russe souffre et les revenus des Russes stagnent, sa popularité subsiste, même si elle n'est plus au sommet de 2014. 

Pour beaucoup de ses compatriotes, il a rendu au pays son honneur, mis au pas les oligarques, maté le séparatisme islamiste de la Tchétchénie. Tant pis si cela implique une répression politique brutale à l'égard de ceux qui ont une autre opinion.

La liberté d'expression est jugulée. Les mouvements de protestation de 2011, 2018 ou 2020 aussi.

Et lui manœuvre pour rester au pouvoir : il devient Premier ministre en 2008 pour mieux retourner au Kremlin en 2012, la durée du mandat présidentiel est prolongée, puis il s'autorise finalement, par référendum, à rester jusqu'en 2036.

S'il est omniprésent au quotidien via la télévision, de sa vie privée, on ne montre que des virées viriles dans la taïga. On ne mentionne plus son ex-femme, et de ses deux filles on ne sait presque rien.  

« Il se voit en tsar, pas comme un président, et son entourage le voit ainsi aussi », note Konstantin Kalatchev.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.