Les alliés de l'opposant russe Navalny appellent à manifester pour «sauver sa vie»

Le chef de l'opposition russe Alexei Navalny assiste à une audience devant un tribunal de Moscou, le 24 juin 2019 (Photo, AFP)
Le chef de l'opposition russe Alexei Navalny assiste à une audience devant un tribunal de Moscou, le 24 juin 2019 (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 18 avril 2021

Les alliés de l'opposant russe Navalny appellent à manifester pour «sauver sa vie»

  • Les chefs de la diplomatie de l'Union européenne discuteront du cas de Alexeï Navalny lundi, selon le ministre allemand des affaires étrangères Heiko Maas
  • Les alliés de Alexeï  Navalny ont appelé les Russes à sortir dans la rue mercredi à 19H00 (16H00 GMT) pour ce qu'ils espèrent être «la plus grande manifestation de l'histoire moderne» de la Russie

MOSCOU: Les alliés du principal détracteur du Kremlin, Alexeï Navalny, malade et en grève de la faim dans son pénitencier, ont appelé dimanche les Russes à manifester le 21 avril pour « sauver la vie » de l'opposant, tandis que les capitales occidentales exigeaient qu'il soit correctement soigné. 

La libération de cet infatigable militant anticorruption de 44 ans a été exigée par les Européens comme par les Américains. La Maison Blanche a menacé dimanche la Russie de « conséquences » en cas de décès d'Alexeï Navalny. La France s'est dite « extrêmement préoccupée » tandis que Berlin demandait d'« urgence » un traitement médical « adéquat ». 

Les chefs de la diplomatie de l'Union européenne discuteront du cas de M. Navalny lundi, selon le ministre allemand des affaires étrangères Heiko Maas. 

Les alliés de M. Navalny ont appelé les Russes à sortir dans la rue mercredi à 19H00 (16H00 GMT) pour ce qu'ils espèrent être « la plus grande manifestation de l'histoire moderne » de la Russie. 

« Il n'y a plus le temps - il est temps d'agir. Il ne s'agit plus seulement de la liberté de Navalny, mais de sa vie. En ce moment, il est en train d'être tué en colonie pénitentiaire, et on ne peut plus attendre », a écrit sur Facebook le bras droit de l'opposant, Léonid Volkov. 

Cette manifestation est organisée le même jour que le discours annuel du président Vladimir Poutine devant les deux chambres du Parlement, lors duquel il évoquera les « objectifs » pour développer la Russie et les élections législatives de l'automne prochain. 

« Appelez tous vos amis et sortez sur les places centrales. Rendez-vous dans la plus grande ville dans laquelle vous pouvez vous retrouver mercredi soir », a poursuivi M. Volkov, appelant les Russes à participer à la « bataille finale » entre « le bien » et « le mal absolu ». 

« Poutine interdit explicitement toute activité d'opposition en Russie. Cela signifie que ce rassemblement pourrait devenir le dernier du pays pour les années à venir. Mais il est en notre pouvoir de changer cela », a-t-il ajouté, appelant ses compatriotes à « ne plus avoir peur ». 

Un site internet créé par l'opposition quelques semaines plus tôt pour enregistrer les Russes désireux de manifester affichait près de 460 000 personnes dimanche. 

 Etat « critique »  

Des médecins proches d'Alexeï Navalny ont dit samedi craindre qu'il ne fasse un arrêt cardiaque « d'une minute à l'autre » en raison d'un niveau « critique » de concentration de potassium dans le sang. Ils ont appelé dans une lettre adressée à l'administration du camp de Pokrov, où il est incarcéré, à le placer immédiatement en soins intensifs. 

Alexeï Navalny a arrêté de s'alimenter le 31 mars pour protester contre ses mauvaises conditions de détention, accusant l'administration pénitentiaire de lui refuser l'accès à un médecin et des médicaments alors qu'il souffre d'une double hernie discale selon ses avocats. 

Revenu en janvier après cinq mois de convalescence en Allemagne, à la suite d'un empoisonnement dont il accuse le Kremlin, l'opposant avait été immédiatement arrêté et condamné à deux ans et demi de prison dans une ancienne affaire de fraude qu'il dénonce comme politique.  

Il est incarcéré dans le camp de Pokrov, à 100 kilomètres à l'est de Moscou, réputé comme l'un des plus durs de Russie. 

Sa femme Ioulia, qui lui a rendu visite en début de semaine, a affirmé qu'il pesait désormais 76 kg, soit neuf de moins qu'au début de sa grève de la faim. 

Plus de 70 personnalités dont les acteurs Jude Law, Vanessa Redgrave et Benedict Cumberbatch, les écrivains Svetlana Alexievitch, Salman Rushdie, Orhan Pamuk et l'illustrateur Art Spiegelman ont appelé vendredi à fournir à Alexeï Navalny les soins nécessaires.  

Les Américains et Européens avaient sanctionné la Russie pour l'empoisonnement de M. Navalny en août dernier. 

Le Parquet russe a pour sa part demandé vendredi que plusieurs organisations liées à M. Navalny soient déclarées « extrémistes » et donc interdites en Russie. Une telle mesure ferait encourir de lourdes peines de prison aux collaborateurs de l'opposant et à ses soutiens. 

Fin janvier et début février, plusieurs manifestations de soutien à M. Navalny ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes en Russie. Elles avaient été réprimées avec plus de 11 000 interpellations, des amendes, des peines de prison fermes et l'ouverture d'une centaine d'enquêtes criminelles. 

LA RÉACTION RUSSE

Moscou ne laissera pas Alexeï Navalny « mourir en prison », a assuré l'ambassadeur russe à Londres dans une interview dimanche à la BBC, au moment où les soutiens du principal détracteur du Kremlin s'inquiètent pour sa vie.

« Bien sûr on ne le laissera pas mourir en prison, mais je peux dire que M. Navalny se comporte comme un hooligan », « en essayant de violer chaque règle qui a été établie », a déclaré sur la chaîne publique britannique l'ambassadeur Andreï Kéline.

Il a accusé l'opposant de « vouloir attirer l'attention » en se plaignant « aujourd'hui qu'il souffre de la main gauche », « demain de la jambe gauche ».

« S'il se comporte normalement, il aura une chance d'être libéré plus tôt », a poursuivi l'ambassadeur de Russie à Londres.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.