Le rapatriement des djihadistes français: controverse ou véritable menace ?

A l'intérieur du camp d'al-Hol pour personnes déplacées, dans le gouvernorat d'al-Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, le 18 avril 2019. Photo d'illustration DELIL SOULEIMAN / AFP
A l'intérieur du camp d'al-Hol pour personnes déplacées, dans le gouvernorat d'al-Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, le 18 avril 2019. Photo d'illustration DELIL SOULEIMAN / AFP
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Publié le Lundi 19 avril 2021

Le rapatriement des djihadistes français: controverse ou véritable menace ?

  • Les autorités françaises refusent de ramener les adultes, hommes et femmes, qu’elles estiment complices de l’État islamique
  • «Pour les opposants au retour, c’est bien le terme “rapatriement” qui coince. La France peut-elle être encore considérée comme la patrie de ces femmes et de ces hommes»

BEYROUTH: L’affaire ressemble à une tempête dans un verre d’eau. Pourtant, depuis 2015, la controverse sur le rapatriement des djihadistes français en Syrie et en Irak a fait couler beaucoup d’encre.

Au 1ᵉʳ janvier 2021, la France comptait environ 67 millions d’habitants. Selon différentes sources, les estimations sur le nombre de djihadistes français qui se sont rendus en Syrie ou en Irak pour rejoindre les rangs du groupe État islamique (EI) varient entre… 750 et 1 500 adultes des deux sexes seulement! Au moins 260 d’entre eux seraient revenus en France; de 300 à 500 seraient morts. On estime que plusieurs centaines de Français sont détenus dans des camps au Kurdistan syrien; parmi eux, 120 femmes et près de 300 mineurs (enfants et adolescents). Le coordonnateur national du renseignement, Laurent Nuñez, évalue pour sa part à 160 le nombre de djihadistes français évoluant toujours, pour la plupart d’entre eux, «dans le Nord-Ouest syrien», assurant que les services suivent «de très près» la situation.

Les autorités françaises refusent de ramener les adultes, hommes et femmes, qu’elles estiment complices de l’EI. La France se déclare ainsi favorable au fait que ses ressortissants djihadistes capturés en Syrie et en Irak soient jugés sur place. Comme la France, la plupart des pays, notamment européens, répugnent à rapatrier leurs ressortissants.

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Les forces spéciales des Forces démocratiques syriennes surveillent le 30 mars 2021 le camp d'al-Hol, le plus grand des deux camps de déplacés proches des djihadistes de l'État islamique gérés par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie. DELIL SOULEIMAN / AFP

«Le risque d’attentat n’est pas la principale raison pour bloquer les rapatriements. [Il y a également] la réaction de l’opinion publique, qui y est largement hostile», déclare à Arab News en français Benjamin Hodayé, auteur avec Hakim el-Karoui du livre Les Militants du djihad, portrait d’une génération (publié aux éditions Fayard), et qui a dirigé une enquête sociologique approfondie sur les militants djihadistes français et européens de ces dix dernières années pour le compte de l’Institut Montaigne.

Les autorités françaises refusent de ramener les adultes, hommes et femmes, qu’elles estiment complices de l’EI. La France se déclare ainsi favorable au fait que ses ressortissants djihadistes capturés en Syrie et en Irak soient jugés sur place.

En 2019, alors que s’amorçait une réflexion sur les opérations de retour d’envergure, huit Français sur dix se disaient favorables à ce que les djihadistes français soient jugés en Irak (selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting, Le Figaro et Franceinfo).

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Un groupe de femmes, qui seraient les épouses de combattants présumés du groupe État islamique (EI), posent le 28 mars 2021 pour une photo au Camp Al-Roj, où sont détenus des proches de membres présumés de l'EI, dans la campagne près d'al-Malikiyah ( Derik) dans la province de Hasakah, au nord-est de la Syrie. DELIL SOULEIMAN / AFP

«Pour les opposants au retour, c’est bien le terme “rapatriement” qui coince. La France peut-elle être encore considérée comme la patrie de ces femmes et de ces hommes? Ils lui ont ostensiblement tourné le dos en effectuant leur hijra et en rejoignant, en connaissance de cause, un groupe terroriste en guerre contre la France», souligne M. Hodayé.

Le sujet est très politique en France. Le débat se situe à plusieurs niveaux: il concerne d’abord les combattants emprisonnés, dont certains sont déjà condamnés à mort en Irak.

«La crainte d’attentats qui pourraient être commis par des revenants n’est pas vraiment réaliste, même s’il ne faut jurer de rien. S’il devait y avoir des attaques, et il y a déjà eu des cas de retours dont le seul but était de commettre un attentat (par exemple celle du musée juif de Bruxelles, en 2014), ce serait de la part d’individus non contrôlés qui rentreraient par leurs propres moyens et parviendraient à passer entre les mailles du filet», précise également Benjamin Hodayé.

Un débat à plusieurs niveaux

Le sujet est très politique en France. Le débat se situe à plusieurs niveaux: il concerne d’abord les combattants emprisonnés, dont certains sont déjà condamnés à mort en Irak. La position de l’exécutif français est claire, il faut qu’ils soient jugés là où ils ont commis leurs crimes. Dans ce cas, il y a davantage de problèmes légaux et juridiques que sécuritaires. Cela nécessite un nombre très important de procédures judiciaires. Le problème majeur que rencontrent les autorités est de mesurer quelles seront les conséquences de ces procédures dans des prisons françaises déjà surpeuplées et la manière dont on va prendre en charge ces personnes qui reviennent de Syrie ou d’Irak.

Pour Anne-Clémentine Larroque, historienne spécialiste de l’islamisme et analyste au ministère français de la Justice, «on considère que les femmes sont complètement engagées dans le djihadisme. Ce n’est pas parce qu’elles sont des femmes qu’elles ne sont pas des combattantes».

Le deuxième problème concerne la différenciation entre hommes et femmes adultes. «Les femmes qui sont parties sont aussi des djihadistes, au sens où elles adhèrent à l’idéologie, où elles en sont des militantes. Un préjugé habituel, mais aujourd’hui dépassé, est de considérer les femmes parties en Syrie comme des victimes, manipulées ou embrigadées de force par un frère, un mari, un prétendant. Les femmes qui sont parties, peut-être à quelques exceptions près, étaient déterminées et convaincues par cette idéologie», insiste Benjamin Hodayé.

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Des femmes et des enfants marchent dans le camp Roj, où sont détenus des proches de personnes soupçonnées d'appartenir au groupe État islamique (EI), dans la campagne près d'al-Malikiyah (Derik) dans la province de Hasakah, au nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021. DELIL SOULEIMAN / AFP

Pour Anne-Clémentine Larroque, historienne spécialiste de l’islamisme et analyste au ministère français de la Justice, «on considère que les femmes sont complètement engagées dans le djihadisme. Ce n’est pas parce qu’elles sont des femmes qu’elles ne sont pas des combattantes». Selon elle, quand ces femmes «ont décidé de quitter la France pour suivre leur mari djihadiste qui est allé combattre en Syrie, on ne peut pas considérer qu’elles sont irresponsables. Elles sont également responsables devant la loi si elles ont pris leurs enfants dans une zone de guerre. Il faut jauger au mieux dans quelles conditions on peut rapatrier ces personnes».

Les lionceaux du califat

Les enfants sont justement au centre du troisième débat sur ce sujet, notamment sur le plan humanitaire. Au mois de décembre 2020, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a jugé que les enfants français détenus dans les camps du Nord-Est syrien étaient en danger «immédiat», avec des «risques de dommages irréparables pour leurs vies, leur intégrité physique et mentale et leur développement». Face aux pressions de certaines ONGs humanitaires, les autorités françaises ont fini par rapatrier de Syrie une trentaine d’enfants de djihadistes français, âgés de 2 à 11 ans et «particulièrement vulnérables».

«Dans l’idéologie de l’EI, les lionceaux du califat (les mineurs) ont une place importante. Ils ont pour rôle de représenter l’avenir et [constituent pour l’organisation] une possibilité très claire de continuer d’exister. [Les djihadistes] ont donc cette volonté de diffuser cette vision de continuité à travers les générations», met ainsi en garde Anne-Clémentine Larroque.

Il importe toutefois d’être clair et d’affirmer qu’il s’agit bien d’enfants de djihadistes, et non d’enfants djihadistes. À défaut d’un rapatriement plus large, c’est effectivement sur les enfants que l’attention se focalise aujourd’hui. Toutefois, «l’opinion publique n’est pas plus tendre avec les enfants qu’avec les parents. Selon le sondage déjà évoqué, 67% des Français s’opposent au rapatriement des enfants de djihadistes», explique M. Hodayé.

«Dans l’idéologie de l’EI, les lionceaux du califat (les mineurs) ont une place importante. Ils ont pour rôle de représenter l’avenir et [constituent pour l’organisation] une possibilité très claire de continuer d’exister. [Les djihadistes] ont donc cette volonté de diffuser cette vision de continuité à travers les générations», met ainsi en garde Anne-Clémentine Larroque. «Dans ce cas, les enfants qui sont en contact avec des mères complétement acquises à la cause djihadiste [risquent davantage], par porosité, de développer des liens avec cette idéologie. Les laisser dans les camps actuellement en proie à l’insécurité et à des discours radicaux est néfaste pour eux, sans oublier qu’un grand nombre d’entre eux ne vont pas à l’école. Ils auront sûrement plus tard un gros problème éducatif et instructif qui peut les mettre à la marge de la société dans laquelle ils rentrent», ajoute-t-elle.

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Des proches de personnes soupçonnées d'appartenir au groupe État islamique (EI) sont photographiés le 28 mars 2021 au Camp Roj où ils sont détenus dans la campagne près d'al-Malikiyah (Derik) dans la province de Hasakah, au nord-est de la Syrie. DELIL SOULEIMAN / AFP

La France a d’ailleurs mis en place un système pour les aider qui a fait ses preuves, à l’instar de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Il faut réfléchir à l’endroit où les placer afin qu’ils soient les plus en sécurité possible et qu’ils puissent se reconstruire dans les meilleures conditions. En tout cas, il ne faut pas que ces enfants paient pour les fautes de leurs parents.

Un profil de djihadiste ressort clairement de l’étude menée par MM. Karoui et Hodayé: il s’agit d’un jeune issu des quartiers défavorisés, socialement précaire et lié à l’immigration, c’est-à-dire ayant un questionnement identitaire. 300 000 à 400 000 personnes présenteraient ce profil.

Les cas de ces fameux lionceaux du califat doivent être étudiés à part, renchérit M. Hodayé: «Ils peuvent représenter un certain danger, mais ils ne sont pas responsables de leur départ, ils sont encore moins coupables des crimes de leurs parents, et on peut considérer le rapatriement comme le meilleur moyen de les séparer du djihadisme. Ce sont des victimes, mais il est nécessaire de déterminer jusqu’à quel point l’idéologie est ancrée dans leurs esprits.»

Désengagement idéologique

L’enjeu plus général est donc celui du désengagement idéologique. «Il se pose pour les femmes, mais aussi pour les hommes qui souhaiteraient rentrer, ainsi que pour tous ceux qui sont déjà rentrés ou ont tenté de partir. Il y a aujourd’hui cinq cents personnes concernées dans les prisons françaises, auxquelles il faut ajouter les détenus de droit commun radicalisés. […] Le travail de celles et ceux qui interviennent auprès d’eux se focalise aujourd’hui sur le désengagement, c’est-à-dire la sortie de la violence, parce que les approches par le biais de la déradicalisation [la sortie totale de l’idéologie radicale] n’ont pas été probantes. Mais nous manquons de recul sur ce sujet, et les éventuelles réussites sont difficiles à évaluer», fait savoir Benjamin Hodayé.

Un profil de djihadiste ressort clairement de l’étude menée par MM. Karoui et Hodayé: il s’agit d’un jeune issu des quartiers défavorisés, socialement précaire et lié à l’immigration, c’est-à-dire ayant un questionnement identitaire. 300 000 à 400 000 personnes présenteraient ce profil. On dénombre par ailleurs 10 000 «fichés S» pour radicalisme religieux.

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Un enfant pose devant un groupe de femmes entièrement voilées au Camp Roj, où sont détenus des proches de personnes soupçonnées d'appartenir au groupe État islamique (EI), dans la campagne près d'al-Malikiyah (Derik) dans la province de Hasakah, au nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021. DELIL SOULEIMAN / AFP

Reste à savoir, parmi toute cette nébuleuse djihadiste à l’intérieur de laquelle évolue un large prisme de radicaux, quel groupe est plus dangereux: des prédicateurs bien installés dans l’Hexagone et qui endoctrinent les jeunes désorientés, ou bien des djihadistes ayant combattu à l’extérieur et disposant d’une expérience dans le maniement des armes?

Il ne faut pas systématiquement associer le retour d’un combattant djihadiste avec un projet d’attentat.

Pour Anne-Clémentine Larroque, «les deux [groupes] sont tout aussi dangereux l’un que l’autre. En termes de passage à l’acte, le djihadiste qui est au bout de la chaîne peut être plus néfaste. C’est ce qui est visible, c’est le résultat, le produit de l’œuvre des prédicateurs. En revanche, la source du problème et du mal, ce sont les prédicateurs. Ces derniers ne passent pas à l’acte, mais incubent l’idéologie sur le territoire français à travers les associations, les clubs sportifs, les mosquées ou même des appartements privatifs dans lesquels se réunissent les gens. Les prédicateurs sont très peu judiciarisés; ils passent entre les mailles du filet, alors que ce sont eux qui créent cet arbre de la radicalité, permettant à l’idéologie d’exister et de perdurer».

La question est difficile, mais elle a le mérite de mettre en relief la diversité des profils parmi les djihadistes français, indique M. Hodayé. À partir de ces deux grands profils, on peut ainsi distinguer deux types de risques: celui de la diffusion idéologique et celui des attentats. «Aujourd’hui, c’est surtout le premier risque qui est à craindre. Le nombre d’attentats commis ou déjoués dans les dernières années a baissé, et la pandémie y a contribué», affirme-t-il.

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La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe État islamique (EI). DELIL SOULEIMAN / AFP

Par ailleurs, il ne faut pas systématiquement associer le retour d’un combattant djihadiste avec un projet d’attentat. Si certains combattants djihadistes sont revenus en Europe pour commettre une attaque, d’autres sont rentrés depuis longtemps sans projet. Enfin, les terroristes n’ont pas besoin d’avoir été formés aux armes pour commettre des attentats, comme l’ont montré les dernières attaques en France: il suffit d’une arme blanche et de détermination», déclare-t-il, estimant que les prédicateurs sont plus dangereux parce qu’ils pensent. «Les prédicateurs, qu’ils aient été arrêtés ou non, continuent de penser leur combat. À ce titre, ils représentent un danger présent, mais aussi un danger pour le futur», conclut M. Hodayé.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.