PARIS: «Plus de bleu sur le terrain»: Emmanuel Macron lance une nouvelle offensive sur la sécurité, l'un des sujets phares de la présidentielle de 2022, en promettant de tenir son objectif de 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires et en faisant de la lutte contre les trafics de drogue «la mère des batailles».
«Chaque Français verra plus de bleu sur le terrain en 2022 qu'en 2017. Ça rassure les gens, ça dissuade les délinquants. Je me bats pour le droit à la vie paisible», déclare le chef de l'Etat dans un entretien au Figaro publié dimanche soir, à la veille d'un déplacement à Montpellier sur ce thème de la sécurité.
Ce sujet régalien est érigé comme l'une des priorités de l'exécutif pour la fin du quinquennat alors qu'il reste identifié comme l'un des talons d'Achille d'Emmanuel Macron, notamment face à la droite.
Dans le Figaro, le chef de l'Etat défend pied à pied son bilan, au moment où la France «doit faire face à une forte augmentation des violences sur les personnes, qui visent tout particulièrement les détenteurs de l'autorité», reconnaît-il.
Pour combattre ces violences, il promet qu'il ira «au bout du bout de ce plan des 10 000» membres des forces de l'ordre supplémentaires promis d'ici la fin du quinquennat. «Aujourd'hui 4 508 policiers et 1 706 gendarmes ont déjà été recrutés, soit 6.214 membres des forces de l'ordre». «Nous aurons en complément, dès cette année, 2 000 policiers et gendarmes de plus» dont «l'essentiel» ira «directement sur la voie publique».
Le chef de l'Etat annonce aussi la création à Montpellier, où 50 policiers supplémentaires viendront en renfort d'ici fin 2002, d'une «école de guerre avec de la formation continue» pour les policiers ainsi que la modernisation de leur uniforme et le remplacement de la casquette par un calot.
Il compte beaucoup sur le déploiement des caméras-piétons, dans le cadre de la loi sécurité globale tout juste adoptée au Parlement: «elles vont tout changer», car elles vont aider à «prévenir les dérapages» et «inhiber les gens violents».
Dans le Figaro, le chef de l'Etat revient aussi sur les «violences policières», expression qu'il avait utilisée en décembre mais pour la contredire aussitôt. Ce que lui ont néanmoins reproché les syndicats de police et l'opposition de droite, dont encore ce dimanche Xavier Bertrand, potentiel rival en 2022.
Cette fois, il se veut extrêmement clair: «Il n'y a pas de violence systémique de la police, c'est faux; il n'y a pas de racisme systémique de la police, c'est faux, pas plus qu'il n'y en a dans la gendarmerie ou au sein de l'État».
«Jusqu'au dernier quart d'heure»
Mais il répète que le contrôle au faciès est une réalité. «Si dans tous les sondages, toutes les enquêtes de terrain, des jeunes vous disent qu'ils subissent des contrôles au faciès, leur dire: “non, il n'y en a pas, c'est un sentiment que vous avez”, c’est aussi insensé que d'aller expliquer à des gens: “vous avez peut-être un sentiment d'insécurité mais ce n'est pas une réalité”.»
Concernant la multiplication des règlements de compte violents entre bandes, Emmanuel Macron constate que les trafics de stupéfiants «explosent» et «forment la matrice économique de la violence dans notre pays».
«Les éradiquer par tous les moyens est devenu la mère des batailles, puisque la drogue innerve certains réseaux séparatistes mais aussi la délinquance du quotidien.
Il affirme que le gouvernement est en train de passer «à la vitesse supérieure» en «harcelant les trafiquants et les dealers». «Sur les 4 000 points de deal répertoriés récemment, plus de 1 000 opérations coup-de-poing ont été réalisées ces dernières semaines. Et chaque jour, nous fermons un point de deal», selon lui.
Il ajoute que «70 000 amendes forfaitaires délictuelles ont été dressées depuis septembre» pour les consommateurs.
«La France est devenue un pays de consommation et donc, il faut briser ce tabou, lancer un grand débat national sur la consommation de drogue et ses effets délétères», souhaite-t-il, sans détailler comme cette consultation pourrait être menée.
Il faut, selon lui, que le consommateur comprenne que lorsqu'il «se roule un joint dans son salon», il «alimente la plus importante des sources d'insécurité».
Entrant dans le débat sur la légalisation du cannabis dit «récréatif», dont l'usage est interdit, Emmanuel Macron soutient que «dire que le haschisch est innocent est plus qu’un mensonge»: «Sur le plan cognitif, les effets sont désastreux.»
Sur la sécurité, comme sur «l'économie et l'industrie, sur les réformes, sur le social, sur l'éducation, sur l'environnement», Emmanuel Macron promet qu'il agira «jusqu'au dernier quart d'heure» de son mandat, malgré la crise de la Covid-19.