ATHÈNES: Des intérêts communs rassemblent des coalitions régionales de pays partageant les mêmes visions au Moyen-Orient et en Méditerranée orientale - favorisant la stabilité, luttant contre l'extrémisme et respectant le droit international - dans des formats bilatéraux et multilatéraux.
Les derniers exemples de cet activisme diplomatique sont la réunion des ministres des Affaires étrangères de la Grèce, d'Israël, de Chypre et des Émirats arabes unis qui a eu lieu vendredi; et la prochaine visite du ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias et du ministre de la Défense Nikos Panagiotopoulos en Arabie saoudite.
Les pourparlers à quatre dans la ville chypriote de Paphos étaient la première occasion pour les Émirats arabes unis de participer à l'un des forums multilatéraux dans la Méditerranée orientale depuis 2010.
À Riyad, Dendias et Panagiotopoulos signeront un accord sur le statut des forces qui ouvrira la voie au développement d'une batterie antimissile Patriot-2 en Arabie saoudite afin d'aider le Royaume dans sa lutte contre la milice houthie au Yémen voisin.
«Le réseau de coopération régionale qui se met en place crée une nouvelle dynamique, qui démonte les préjugés relatifs à notre région synonyme de troubles, de conflits et de crises», déclare Nikos Christodoulides, ministre chypriote des Affaires étrangères et hôte de la réunion de Paphos.
Les pourparlers à quatre bénéficieront de la récente normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis, et pourraient offrir à ces derniers l'occasion de se joindre à d'autres efforts régionaux.
«Un partenariat qui comprend à la fois Israël et les Émirats arabes unis est très important pour la stabilité régionale», dit Dendias. «Nous nous félicitons également d’autres initiatives régionales en faveur de la paix régionale, telles que l’Accord d’AlUla, ainsi que l’initiative saoudienne qui vise à instaurer la paix au Yémen.»
Spyridon N. Litsas, professeur de relations internationales à l'Université de Macédoine en Grèce et à l'Académie Rabdan à Abu Dhabi, déclare à Arab News: «La réunion de la Grèce, des Émirats Arabes Unis, de Chypre et d'Israël à Paphos met en relief deux points principaux. Premièrement, les EAU et Israël semblent capables et désireux de contribuer conjointement à la stabilisation de la région. Deuxièmement, la dissuasion diplomatique intelligente prend une forme plus définitive et vise à contrer le révisionnisme turc dans la région.
Les actions d’Ankara en Méditerranée orientale et son soutien aux Frères musulmans ont soulevé des préoccupations régionales.
«Des alliances s pour faire face soit à la menace d'un agresseur, soit au pouvoir d'un acteur révisionniste», précise Litsas.
«La Grèce, les Émirats arabes unis, Chypre et Israël démontrent que des alliances peuvent également être formées pour contrer l’atavisme d’Ankara. La Turquie est plus révisionniste que ce que les États voisins peuvent tolérer. »
La visite des ministres grecs des Affaires étrangères et de la Défense à Riyad était prévue depuis longtemps mais a dû être reportée en raison de la pandémie de coronavirus.
Athènes souhaite renforcer sa coopération en matière de défense avec l'Arabie saoudite, comme elle l'a fait avec les Émirats arabes unis.
Des avions de combat saoudiens F-15 étaient stationnés sur la base aérienne grecque de Souda Bay l’été dernier, et les deux pays se sont engagés dans des consultations politiques au plus haut niveau.
Athènes veut jouer un rôle plus important en reliant la Méditerranée orientale et le Golfe. «Une région de la Grande Méditerranée émerge sur la base de nouveaux partenariats et initiatives liant le Golfe aux États méditerranéens», déclare Aristote Tziampiris, professeur de relations internationales à l'Université du Pirée, à Arab News.
«La Grèce est au cœur de ce développement important qui est basé sur des intérêts et des points de vue communs, qui incluent le fait de considérer la Turquie comme un acteur de plus en plus imprévisible et l’Iran comme une menace potentiellement grave, voire existentielle.»
En février, «Athènes a créé le Forum Philia (Amitié), qui comprend Bahreïn, Chypre, l'Égypte, la France, la Grèce, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis», souligne Tziampiris.
«La Grèce se rapproche, sans aucun doute, de plusieurs pays du Golfe cherchant à contribuer à la stabilité régionale.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com