GAZA CITY: Muhannad Al-Heiqi ignorait l'existence de la jarisha avant de la goûter au Ramadan dernier après en avoir reçu une assiette de son voisin Walid Al-Hattab, qui la prépare pour les habitants du quartier Shejaiya à Gaza.
Mais depuis qu’il a découvert le goût « agréable » du plat, Al-Heiqi s'assure que la jarisha soit présente au menu de l'iftar pendant le ramadan de cette année.
La jarisha est fabriquée à partir de blé broyé torréfié, de sel et d'épices. On la cuit dans une casserole où elle mijote à feu doux tout en remuant jusqu'à atteindre une texture ferme. Elle est généralement servie avec de l'agneau cuisiné avec du yaourt.
Les jeunes générations à Gaza n'ont jamais connu les plats traditionnels palestiniens populaires d’avant la Nakba.
Mais certaines familles palestiniennes à Jérusalem et en Cisjordanie renouvellent la tradition et la préparent maintenant pour le Ramadan et les célébrations de mariage.
Al-Heiqi, 36 ans, déclare que son père de 67 ans était « très heureux » lorsqu'on lui a offert un plat de jarisha. Il a dit à Al-Heiqi qu'il n’en avait pas goûté depuis 30 ans.
Quand Al-Hattab, 59 ans, a préparé une jarisha pour la première fois et l'a distribuée aux pauvres pendant le mois de Ramadan en 2018, il ne s'attendait pas à une telle demande ni à un àtel succès.
Alors que cela fait maintenant quatre ans qu’il prépare ce plat pour le Ramadan, Al-Hattab dit: «tout a commencé par hasard, mais aujourd'hui je suis heureux d'être une source de bonheur pour beaucoup, et je vais intégrer cette tradition à chaque Ramadan pour le reste de ma vie.
Évoquant sa première préparation du plat traditionnel, il raconte : « C’était une petite quantité, pas plus de 3 kilogrammes de blé. Je ne savais pas comment le distribuer ni s'il ferait plaisir aux gens. J’ai été surpris par son succès, et c'était suffisant à ce moment-là pour nourrir 10 familles.
Au Ramadan de l'année suivante, Al-Hattab est venu mieux préparé, remplissant un grand récipient avec suffisamment de jarisha pour nourrir 100 familles. L'année suivante, il a nourri 220 familles. Il livre également des repas pour l'iftar et le suhoor à 100 personnes parmi les ménages âgés, et en assume tous les frais.
Ce sont les mots d'éloges et d'approbation qui ont incité Al-Hattab à développer son idée caritative.
«J’étais ravi quand Al-Heiqi m'a dit que son père était heureux et qu'il avait envie de goûter la jarisha depuis un moment déjà, mais qu’elle n’était pas à la portée de sa famille», dit-il.
Parce que c'est « un plat du temps des grands-parents », Al-Hattab souligne qu'il tenait à encourager un retour à cette tradition et à léguer l’art de ce plat à ses fils et filles. Il décrit la jarisha comme un repas nutritif et agréable qui est bénéfique pour les personnes qui jeûnent pendant le Ramadan.
Al-Hattab a trois enfants qui se partagent la tâche de la préparation de la jarisha et de la distribution aux habitants pauvres du quartier. Ils travaillent tous les jours de l'après-midi jusqu'à l'iftar.
En raison des taux élevés de pauvreté et de chômage, de nombreuses initiatives ont vu le jour pour encourager les actes de bienfaisance au cours des dernières années, la plus populaire étant la préparation de variétés traditionnelles de nourriture palestinienne à distribuer.
Cet article est la traduction d’un article paru sur Arab News