Le président américain Joe Biden a affirmé que la production d'uranium enrichi à 60%, lancée vendredi par Téhéran dans une nouvelle entorse à ses engagements internationaux, n'aidait « pas du tout » à sortir de l'impasse, mais s'est dit heureux que Téhéran soit toujours en pourparlers indirects avec Washington sur le retour des deux pays au respect de l'accord nucléaire iranien de 2015.
«Nous ne soutenons pas et ne pensons pas du tout utile que l’Iran dise qu’il va s’enrichir à 60%», a déclaré Biden aux journalistes à Washington lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre japonais Yoshihide Suga.
«Nous sommes néanmoins heureux que l'Iran ait continué d'accepter de s'engager dans des discussions avec nous et avec nos partenaires sur la manière dont nous allons de l'avant et sur ce qui est nécessaire pour nous permettre de revenir dans (l'accord sur le nucléaire). … sans que nous fassions des concessions que nous ne sommes tout simplement pas disposés à faire », a ajouté Biden.
Lorsqu'on lui a demandé si la décision de l'Iran était un signe que Téhéran ne voulait pas vraiment revenir à l'accord nucléaire, Biden a répondu: « Les discussions sont en cours. Je pense qu'il est prématuré de porter un jugement sur le résultat. Mais nous parlons toujours ».
L'Iran a annoncé cette semaine qu'il augmenterait son enrichissement d'uranium à 60%, en réponse à une attaque dimanche contre l'installation nucléaire de Natanz, qu'il a imputée à son grand ennemi Israël.
Cette décision rapproche l'Iran du seuil de 90% requis pour une utilisation dans la fabrication d’une arme nucléaire.
L'Iran avait déjà élevé ces derniers mois l'enrichissement à 20% de pureté, un niveau auquel l'uranium est considéré comme hautement enrichi et un pas important vers la qualité militaire.
Un accord de 2015 avec les puissances mondiales pour freiner les ambitions nucléaires de l'Iran en échange de la levée des sanctions avait plafonné le niveau de pureté à 3,67%. L'Iran nie avoir cherché une arme nucléaire.
«L'enrichissement de l'uranium à 60 % est en cours à l'installation nucléaire du martyr Ahmadi Roshan» à Natanz, a déclaré Ali Akbar Salehi, de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), cité par l'agence de presse Tasnim.
«Nous produisons maintenant 9 grammes (près d'un tiers “d'once”) par heure», a déclaré plus tard Salehi à la télévision officielle.
Plus tôt, le président du parlement iranien, Mohammad Baqer Qalibaf, a déclaré que les scientifiques iraniens avaient commencé avec succès à enrichir 60% d'uranium 40 minutes après minuit.
« La volonté de la nation iranienne fait des miracles qui contrecarrent toute conspiration », a écrit Qalibaf sur Twitter.
L'Iran et les puissances mondiales se réunissent à Vienne pour tenter de sauver l'accord nucléaire de 2015 abandonné par l'ancien président américain Donald Trump il y a trois ans - un effort potentiellement compliqué par la décision de Téhéran d'augmenter l'enrichissement d'uranium.
Les pourparlers se poursuivront pendant plusieurs jours avant de s'interrompre afin que les responsables iraniens et américains puissent rentrer chez eux pour des consultations, a déclaré vendredi un responsable de l'Union européenne.
« Nous avons cette décision (iranienne) d'opter pour un enrichissement à 60%. Évidemment, cela ne facilite pas la négociation », a déclaré le responsable de l'UE aux journalistes, qualifiant ce qui s'est passé à Natanz de « sabotage délibéré ».
Abbas Araqchi, négociateur en chef de l’Iran lors des pourparlers, a déclaré mardi que l’Iran activerait 1000 centrifugeuses avancées à Natanz.
De nombreux médias israéliens ont cité des sources de renseignement anonymes, affirmant que le service d’espionnage du Mossad avait mené l’opération de sabotage dans le complexe de Natanz. Israël - largement considéré comme le seul pays du Moyen-Orient à disposer d'un arsenal nucléaire - n'a pas formellement commenté l'incident.