LONDRES: Le Syndicat des enseignants du Yémen a dénoncé la mainmise de la milice houthie, soutenue par l’Iran, sur les écoles et les programmes scolaires du pays, et a accusé Téhéran d’utiliser le système éducatif pour mener une «politique de colonialisme culturel».
Yahya al-Yinai, responsable de la communication au Syndicat des enseignants du Yémen, a affirmé au Daily Telegraph que les Houthis avaient fait des centaines de changements dans le programme d’enseignement depuis qu’ils ont pris le pouvoir lors d’un coup d’État violent en 2014. Il a également indiqué qu’ils avaient remplacé près de 90% des directeurs d’écoles par des alliés pro-Houthis.
M. Al-Yinai accuse l’Iran de superviser ces modifications, et il considère que le pays mène une «politique de colonialisme culturel», en essayant d’introduire «l’idéologie de la révolution khomeyniste au Yémen par le biais de l’éducation publique».
Grâce aux aides économiques et militaires de l’Iran, les Houthis contrôlent environ deux tiers de la population yéménite.
Un rapport publié par l’organisme de surveillance de l’éducation Impact-se révèle qu’ils utilisent leur position de force pour encourager l’hostilité envers les États-Unis, l’Arabie saoudite et d’autres adversaires de l’Iran.
Environ trois millions de jeunes yéménites sont actuellement éduqués dans des régions du pays contrôlées par les Houthis.
Selon Impact-se, les manuels utilisés pour les instruire sont «truffés de violence et d’images de mort, quel que soit l’âge du public cible». Ces images, dont certaines montrent des enfants qui ont été tués, ont pour but de «dépeindre les ennemis des Houthis comme monstrueux et inhumains».
L’organisation a également constaté qu’à travers leur revue phare, Jihad, les Houthis cherchent à endoctriner la prochaine génération yéménite, et à la pousser à la violence et l’extrémisme.
«Les manuels des Houthis constituent une violation flagrante de l’idéal d’un retour à la paix, la rejettent totalement comme option pour la résolution des conflits internationaux, et ils considèrent que ceux qui défendent cette idée sont lâches, stupides ou traîtres», a noté Impact-se. «En revanche, le djihad violent, le sacrifice au combat et le soutien de l’effort de guerre par tous les moyens possibles sont présentés comme un idéal et une vertu essentielle.»
«Malgré les intérêts de pure forme pour la nation yéménite, les Houthis sont bien plus intéressés par la radicalisation que par une éducation homogène», indique Marcus Sheff, PDG d’Impact-se, à Arab News.
Il affirme même que les manuels éducatifs violents et graphiques des Houthis pourraient avoir un impact durable sur les enfants qui y sont exposés.
«Toute modification qui radicalise — et traumatise — les jeunes enfants est importante», ajoute-t-il. «Ces changements vont à l’encontre de ceux qui, dans la région, tentent de modérer les programmes scolaires, et non d’inciter à la violence et à la haine, comme le font les Houthis.»
Pour Arik Agrissi, directeur des opérations d’Impact-se, «les manuels scolaires ont soit pour mission d’être un obstacle à la radicalisation, soit d’en fixer les grandes lignes. Dans le cas des Houthis, c’est explicitement la seconde option qui a été choisie».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com