PARIS: La Colonie, le célèbre café culturel du Xe arrondissement de Paris, l’agora de l’artiste plasticien Kader Attia, ferme ses portes. La crise sanitaire a porté un coup fatal à cet établissement, considéré comme un lieu de débats d’idées politiques, culturelles ou sociétales et d’expositions sur des thématiques diverses qui secouent nos sociétés, comme le féminisme, l’histoire coloniale, le genre, les migrants, le vivre-ensemble et les minorités.
« Notre centre culturel s’est garanti une indépendance intellectuelle en se dotant de son propre poumon économique, explique Kader Attia dans un entretien accordé au journal français Libération. Ce qui a vraiment précipité la fermeture, c’est la Covid-19. »
Créée en octobre 2016 par Kader Attia et Zico Selloum, La Colonie, lieu atypique, devient « the place to be », un lieu festif et populaire pour de nombreux Franciliens, un espace de parole et d’échanges. « J’ai été le premier surpris de voir débarquer les jeunes des quartiers. Ils avaient le même parcours que moi qui ai grandi en banlieue, à Sarcelles, et ils venaient avec la fierté d’avoir un lieu où ils pouvaient être comme à la maison dans Paris même », a expliqué Kader Attia à l’annonce de la fermeture de La Colonie.
Mais Kader Attia ne se déclare pas vaincu et compte bien réorienter le concept de La Colonie. Il tient à l’indépendance financière du futur établissement culturel, et envisage donc de faire appel au crowdfunding (« financement participatif »). Le plasticien rappelle que « La Colonie a aussi existé grâce aux militants, à ceux qui venaient y organiser des choses bénévolement avec l’envie de passer au concret ».
Dans un entretien accordé au magazine Télérama, Kader Attia affirme que l’équipe souhaite développer une chaîne de télévision en ligne avec les vidéos enregistrées. Le cofondateur de La Colonie souligne aussi qu’un contact a été établi avec l’Institut national d’histoire de l’art (INHA). L’établissement est en effet intéressé par les nombreuses archives de débats dont dispose le café culturel depuis 2016.
En attendant, le plasticien n’exclut pas l’éventualité que La Colonie puisse se transformer en un établissement nomade, un passage obligé avant de pouvoir se réinventer et trouver sa résidence. « Nous allons distiller notre pensée et nos projets ailleurs : à Beyrouth, Alger, Berlin, peut-être Marseille… », explique l’artiste.