Biden annonce des sanctions draconiennes contre Moscou et expulse dix diplomates russes

Joe Biden a annoncé avoir interdit aux banques américaines d'acheter directement de la dette émise par la Russie après le 14 juin prochain. Il sanctionne également six sociétés technologiques russes accusées de soutenir les activités de piratage informatique du renseignement de Moscou. (Photo, AFP)
Joe Biden a annoncé avoir interdit aux banques américaines d'acheter directement de la dette émise par la Russie après le 14 juin prochain. Il sanctionne également six sociétés technologiques russes accusées de soutenir les activités de piratage informatique du renseignement de Moscou. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 16 avril 2021

Biden annonce des sanctions draconiennes contre Moscou et expulse dix diplomates russes

  • Washington riposte ainsi à la gigantesque cyberattaque de 2020, désormais formellement imputée à la Russie, et l'ingérence de Moscou dans l'élection présidentielle de 2020
  • Moscou est aussi accusée d'avoir offert de primes à des talibans pour attaquer des soldats US ou étrangers en Afghanistan

WASHINGTON/ LONDRES: Après la main tendue, la contre-attaque: le gouvernement américain de Joe Biden a annoncé jeudi une série de sanctions financières sévères contre la Russie et l'expulsion de dix diplomates russes, qui risquent de compliquer sa proposition de sommet avec Vladimir Poutine. 

Depuis son arrivée à la Maison Blanche, le nouveau président des Etats-Unis avait fait savoir qu'il mettait au point sa riposte contre une série d'actes imputés à Moscou, dont une cyberattaque géante et des ingérences dans les élections américaines de novembre. 

Allant jusqu'à qualifier Vladimir Poutine de « tueur », Joe Biden promettait d'être nettement plus ferme que son prédécesseur Donald Trump, accusé de toutes parts de complaisance à l'égard du maître du Kremlin. 

Les représailles sont tombées jeudi. 

Le 46e président de l'histoire américaine a signé un décret suivi de sanctions immédiates, et qui permettra aussi de punir à nouveau la Russie « si elle continue ou favorise une escalade de ses actions de déstabilisation internationale », a prévenu la Maison Blanche dans un communiqué. 

Le Trésor américain a interdit aux banques américaines d'acheter directement de la dette émise par la Russie après le 14 juin prochain. 

Il sanctionne également six sociétés technologiques russes accusées de soutenir les activités de piratage informatique du renseignement de Moscou. 

Il s'agit d'une riposte à la gigantesque cyberattaque de 2020, désormais formellement imputée à la Russie, ayant utilisé comme vecteur SolarWinds, un éditeur américain de logiciels dont un produit a été piraté pour introduire une faille chez ses utilisateurs, y compris plusieurs agences fédérales américaines. 

« Lire ces délires n'a que peu d'intérêt », ont rétorqué les services de renseignement extérieurs russes, directement mis en cause par Washington. 

« Soutien » occidental 

Un haut responsable américain a prévenu qu'une partie des représailles demeurerait « secrète », laissant envisager la possibilité d'une contre-attaque informatique. 

Par ailleurs, le Trésor sanctionne 32 entités et personnes accusées d'avoir tenté, au nom du gouvernement russe, « d'influencer l'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis », selon la Maison Blanche. 

Et le gouvernement américain impose aussi des sanctions à huit personnes et entités liées à « l'occupation » de la Crimée, en « partenariat » avec l'Union européenne, le Royaume-Uni, l'Australie et le Canada. 

L'Otan, l'UE et Londres ont apporté leur soutien aux sanctions américaines, sans toutefois annoncer de nouvelles mesures dans l'immédiat. 

De son côté, le département d'Etat américain a expulsé dix diplomates russes à Washington, accusés pour certains d'être des membres des services de renseignement de Moscou. 

Toutes ces sanctions visent aussi à tenir les autorités russes « pour responsables » après des accusations de primes offertes par la Russie à des talibans pour attaquer des soldats américains en Afghanistan. Mais un haut responsable américain a précisé que le renseignement des Etats-Unis ne pouvait confirmer la véracité de ces allégations qu'avec un degré de confiance « faible à modéré ». 

Ces sanctions s'ajoutent à une première série de mesures punitives annoncées en mars en réponse à l'empoisonnement de l'opposant Alexeï Navalny. 

L'AMBASSADEUR DE RUSSIE À LONDRES CONVOQUÉ

Le ministère britannique des Affaires étrangères a convoqué jeudi l'ambassadeur de Russie à Londres en raison des « activités malveillantes » attribuées à Moscou, dont des cyberattaques et les mouvements de troupes à la frontière ukrainienne.  

« Le gouvernement britannique est gravement préoccupé par la tendance de l'Etat russe à adopter une attitude malveillante », a indiqué un porte-parole de la diplomatie britannique dans un communiqué. 

Réponse russe « inévitable » 

Il s'agit d'une des offensives les plus dures contre la Russie depuis l'expulsion de nombreux diplomates à la fin du mandat de Barack Obama. 

Et la réponse ne s'est pas fait attendre. 

« Un tel comportement agressif recevra une forte rebuffade. La réponse aux sanctions sera inévitable », a prévenu la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. « Les Etats-Unis ne sont pas prêts à accepter la réalité objective d'un monde multipolaire qui exclut une hégémonie américaine et s'appuient sur la pression des sanctions et l'ingérence dans nos affaires intérieures ». 

Moscou a aussi dit avoir convoqué l'ambassadeur américain John Sullivan pour « une conversation difficile », mais ce dernier a assuré avoir été reçu à sa demande, lors d'une rencontre « professionnelle et respectueuse ».  

La Russie a aussi averti que ces sanctions n'allaient « pas favoriser » l'organisation d'un sommet Biden-Poutine, alors que les relations sont au plus bas entre les deux rivaux géopolitiques. 

Le nouveau président démocrate a maintenu sa proposition de tenir cette première rencontre, faite lors d'une conversation téléphonique cette semaine avec son homologue russe.

« Le moment de la désescalade est venu », a-t-il lancé, exhortant notamment Vladimir Poutine à « s'abstenir de toute action militaire » contre l'Ukraine, après le déploiement massif de troupes russes aux frontières ukrainiennes.

Joe Biden a jugé nécessaire un sommet bilatéral « cet été en Europe » pour « lancer un dialogue stratégique sur la stabilité » en matière de désarmement et de sécurité.

Les sanctions ont été saluées par la classe politique américaine, même si de nombreux républicains ont regretté l'absence de mesures contre le gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, dénoncé unanimement à Washington.

L'influent sénateur démocrate Bob Menendez a applaudi cette « approche ferme », « qui tourne la page de quatre années au cours desquelles Donald Trump s'est couché devant Poutine ».  

La mesure la plus spectaculaire annoncée jeudi, sur la dette, devrait avoir un effet réduit, la Russie n'ayant qu'une dette limitée et des réserves qui dépassent les 180 milliards de dollars, forte de ses exportations d'hydrocarbures. Elle pourrait toutefois être douloureuse pour le rouble, en chute jeudi. 

« C'est une tempête dans un verre d'eau. Depuis plus de dix ans, la politique des autorités monétaires russes a visé à maintenir le déficit budgétaire à un niveau bas », a relevé l'économiste Sergueï Khestanov, qui souligne que Moscou y est préparé « depuis longtemps ». 


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Short Url
  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Short Url
  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Short Url
  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.