Joe Biden, un rapport tourmenté aux guerres de l'Amérique

Le président américain Joe Biden. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 15 avril 2021

Joe Biden, un rapport tourmenté aux guerres de l'Amérique

  • Joe Biden a fait et refait son mea culpa pour avoir donné son feu vert à l'invasion de l'Irak dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » du républicain George W. Bush
  • Ce vote vieux de près de vingt ans reste une tache indélébile sur le bilan d'une longue carrière politique

WASHINGTON : Joe Biden, qui a sonné mercredi le départ des troupes américaines d'Afghanistan, aime à se présenter comme un opposant aux « guerres sans fin » de l'Amérique, hanté aussi par son vote controversé en faveur de l'intervention en Irak de 2003.

L'actuel président des Etats-Unis, âgé de 78 ans, a fait et refait son mea culpa pour avoir donné, alors qu'il était à la tête de l'influente commission des Affaires étrangères du Sénat, son feu vert à l'invasion de l'Irak dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » du républicain George W. Bush.

Ce vote vieux de près de vingt ans reste une tache indélébile sur le bilan d'une longue carrière politique. Débat après débat, son principal adversaire à la primaire démocrate pour la présidentielle de novembre, Bernie Sanders, lui a reproché son choix en direct à la télévision.

Et, à chaque fois, même regard contrit du septuagénaire.

« J'ai fait une erreur de jugement », a-t-il par exemple reconnu en juillet 2019.

Mais l'aveu reste partiel, et dévoile le rapport tourmenté de Joe Biden aux guerres de son pays.

A l'entendre, le ténor démocrate a surtout eu le tort à l'époque de « faire confiance » au président Bush qui lui aurait assuré avoir demandé au Congrès l'autorisation de recours à la force pour faire pression diplomatiquement sur le régime de Saddam Hussein. Dès que l'attaque a finalement été déclenchée en mars 2003, « j'ai marqué mon opposition », a-t-il plaidé.

Les faits sont différents. A l'été 2003, plusieurs mois après le début des hostilités, le sénateur Biden défendait encore avec force son vote initial et la nécessité de « chasser Saddam du pouvoir ».

Ce n'est que plus tard qu'il changera d'avis, face à l'enlisement américain. Et qu'il plaidera avec force, en tant que vice-président de Barack Obama, en faveur du retrait d'Irak qui s'est achevé en 2011.

« J'ai été chargé de retirer 150.000 soldats d'Irak –  et mon fils en faisait partie », s'est-il défendu lors de la campagne présidentielle.

Sauf que dans ce cas, le départ des troupes américaines est aujourd'hui considéré par la plupart des observateurs comme une autre grave erreur : l'Irak, plongé dans le chaos, a été peu à peu grignoté par le groupe djihadiste Etat islamique, rendant inéluctable une nouvelle intervention internationale sous commandement américain à partir de 2014.

En réalité, Joe Biden n'a jamais fait preuve d'une grande constance en matière militaire.

Il avait voté contre la première guerre du Golfe en 1991, aujourd'hui souvent considérée comme un succès.

Coups de gueule

Initialement favorable, en revanche, à l'intervention en Afghanistan comme la quasi-totalité de la classe politique américaine traumatisée par les attentats du 11 septembre 2001, il a finalement épousé la lassitude de l'opinion américaine face à ces opérations extérieures interminables, coûteuses et meurtrières.

L'envoi de son fils aîné et chéri, Beau Biden, en Irak en 2008, au moment même où il menait campagne pour la Maison Blanche avec Barack Obama, a certainement contribué à ce revirement.

C'est en tant que père d'un militaire en guerre qu'il devient vice-président. Et c'est à l'unisson de milliers de familles qu'il va défendre, pendant huit ans, une grande prudence lorsqu'il s'agira d'engager la force à l'étranger.

« Mon étoile polaire, c'est le souvenir de feu mon fils Beau engagé en Irak », « et l'impact que cela a eu sur lui et sur nous qui l'attendions à la maison », a-t-il dit mercredi, la voix émue, pour justifier le départ d'Afghanistan.

Les réserves de Joe Biden sont désormais connues sur la périlleuse opération – couronnée de succès –  pour éliminer le chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, au Pakistan en 2011.

Encore plus connus sont ses coups de gueule contre l'envoi de renforts en Afghanistan en 2009.

Le nouveau président était pressé par le Pentagone de déployer des milliers de troupes supplémentaires pour faire la différence face aux talibans. Son vice-président s'y opposait.

Leur émissaire pour l'Afghanistan, Richard Holbrooke, a rapporté par la suite une altercation mémorable.

Le diplomate avait plaidé auprès de Joe Biden, qu'il connaissait de longue date, en faveur d'un soutien accru aux Afghans, notamment pour préserver les droits des femmes, bafoués par les talibans.

« Je ne renvoie pas mon garçon là-bas pour qu'il risque sa vie au nom des droits des femmes! », s'était alors emporté le vice-président.

Joe Biden avait finalement perdu son combat, et Barack Obama avait déployé 17 000 soldats supplémentaires.

Mais la tendance s'est inversée depuis, avec une réduction progressive des forces américaines. Aujourd'hui président des Etats-Unis, Joe Biden peut enfin faire preuve de constance en annonçant leur retrait total d'ici le 20e anniversaire du 11 Septembre.

 


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.