BRUXELLES: Un homme de 32 ans a été condamné mardi en Belgique à six mois de prison, dont quinze jours ferme, une peine symbolique pour avoir insulté et menacé sur internet, en raison de sa couleur de peau, une animatrice de télévision belge d'origine congolaise.
Lors du procès, le 9 mars devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, le parquet avait requis six mois de prison ferme à l'encontre du prévenu.
Absent au prononcé du jugement, ce Belge domicilié dans la région de Mons (sud francophone) est condamné pour incitation à la violence et à la haine raciale.
« Il ne fait aucun doute que le prévenu a incité à la violence à l'égard de (l'animatrice) Cécile Djunga » et cette « incitation est clairement motivée par la notion de prétendue race », souligne le jugement, lu publiquement.
Cécile Djunga, qui a fondu en larmes dans les bras de sa mère à la fin du prononcé, s'est dite « satisfaite » par un jugement selon elle « impensable il y a vingt ou trente ans en Belgique ».
« Le racisme est un délit, pas une opinion. Les réseaux sociaux ne sont pas un endroit où on peut déverser sa haine, j'espère que cela découragera plus d'une personne », a ajouté devant les médias l'animatrice et comédienne de 32 ans.
Obtenir une peine de prison ferme « en terme de symbole, c'est très important », a dit de son côté son avocate Me Audrey Adam.
Dans son jugement, le tribunal pointe du doigt « l'absence totale de remise en question ».
En 2018, dans une vidéo rapidement devenue virale, Cécile Djunga, qui présentait alors la météo sur la chaîne francophone RTBF, avait dénoncé, en larmes, le racisme dont elle était la cible sur les réseaux sociaux.
« Recevoir des ‘Sale négresse, rentre dans ton pays’, en fait c'est pas drôle, (...) j'en ai marre », confiait-elle dans cette vidéo intitulée « Coup de gueule ».
Elle avait décidé de porter l'affaire en justice afin de pouvoir « servir d'exemple », soutenue par son employeur, la RTBF, qui s'est constituée partie civile.
Les enquêteurs avaient eux rapidement identifié un trentenaire agissant sur plusieurs réseaux sociaux sous son vrai nom.
Dans ses messages, postés notamment sur le compte Facebook de Mme Djunga, ce dernier insultait l'animatrice noire lui souhaitant d'être agressée. Il avait même assuré qu'il se «féliciterait » en cas d'agression mortelle.
D'autres commentaires racistes et haineux, par des internautes usant de pseudonymes, n'ont pas pu faire l'objet de poursuites dans le même dossier, faute de collaboration de Facebook pour identifier ces profils, a relevé mardi Me Adam, regrettant «des absents » au procès.
« On se retrouve bloqué parce qu'une société privée qui agit en fonction de ses propres et uniques intérêts décide de mettre un stop, (...) on est dans une impasse qui amène à de l'impunité », a déploré l'avocate.
Le tribunal a assorti de sursis la quasi-totalité de la peine de six mois de prison, sauf quinze jours, et a infligé également une amende de 1 600 euros au prévenu (contre 250 euros réclamés par le ministère public).
L'accusation reprochait également au prévenu, dans un dossier joint, d'avoir fait l'apologie du génocide juif dans d'autres messages diffusés sur internet.
Le tribunal l'a condamné également pour ses propos antisémites et des insultes visant la sénatrice française Esther Benbassa.