ANKARA: Le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié de « piraterie » mercredi les activités des pays opposés à la Turquie en Méditerranée, où les recherches d'hydrocarbures menées unilatéralement par Ankara ont provoqué de vives tensions.
« Si nous cédons à la piraterie dans cette question où nous avons entièrement raison, nous ne pourrons répondre aux futures générations », a déclaré le président turc lors d'un discours à Ankara. « Nous ne pouvons laisser à nos enfants un pays incapable de défendre ses intérêts, manquant de confiance en lui-même », a ajouté M. Erdogan.
Ces déclarations interviennent dans un contexte de vives tensions en Méditerranée orientale. Ankara a notamment provoqué la colère de la Grèce en déployant un navire de recherche sismique dans une zone revendiquée par Athènes. Une frégate turque et un bâtiment grec sont entrés en collision la semaine dernière en Méditerranée orientale, a indiqué mercredi à l'AFP une source militaire grecque, confirmant des informations de presse.
Faisant fi des appels de l'Union européenne à la désescalade, la Turquie a annoncé dimanche qu'elle allait prolonger ses recherches de gisements gaziers dans une autre zone disputée.
Dans son discours mercredi, M. Erdogan a présenté la partie de la Méditerranée orientale revendiquée par Ankara comme une extension du territoire turc qu'il a appelée « patrie bleue ». « Défendre la patrie bleue est aussi important que de défendre nos frontières terrestres », a-t-il affirmé.
Sans la nommer, M. Erdogan s'en est aussi pris à la France, au moment où les relations entre Ankara et Paris sont tendues. « Aucune puissance coloniale ne peut priver la Turquie des ressources naturelles qui pourraient se trouver dans cette zone », a déclaré le président turc.
La France a annoncé la semaine dernière avoir déployé en Méditerranée orientale deux navires de guerre et deux avions en signe de soutien à Athènes.
M. Erdogan s'est toutefois dit prêt à dialoguer, soulignant qu'il attendait de ses interlocuteurs « des pas qui pourraient réduire les tensions ».