BEYROUTH : Bientôt le Ramadan, mois sacré où jeûne et prière alternent avec l’iftar, ce moment de rupture où l’on se retrouve autour de grandes tablées réunissant les êtres chers et où les saveurs chantent littéralement après de longues heures de privation. Pour faire honneur à ce moment de plaisir, Arab News en français a rencontré Léa Sfeir, dont le compte Instagram (@leasfeir) déploie des tables de rêve qui réinventent la convivialité. Les fêtes chrétiennes, juives, indiennes, tout y passe, et le Ramadan promet cette année, en dépit de la pandémie, de nouveaux raffinements.
Ayant grandi dans une famille où recevoir est une telle passion qu’à l’âge de trois ans elle invitait déjà les voisines de sa grand-mère pour le café sans la tenir au courant, Léa Sfeir poursuit à Dubaï l’art de vivre familial. Depuis quatre ans qu’elle vit dans cette ville, ses tables et ses préparatifs qu’elle partage de manière informelle sur Instagram lui ont attiré une communauté virtuelle de plus de 15 000 abonnés. D’un talent qu’elle a surtout développé en répondant à l’appel de ses proches pour les aider à organiser tel ou tel événement, le mariage civil de sa sœur, la naissance de sa nièce, elle gagne ses galons professionnels en publiant ses inventions et ses arrangements avec une désarmante spontanéité. Peu importe les jours « sans », une grossesse difficile, les fautes d’orthographe ou d’anglais dont elle est la première à s’amuser, sa fraicheur est contagieuse et sa bonne humeur sans faille.
D’un master en droit aux coulisses des défilés
Celle qui a enchainé master en droit et master en marketing du luxe « pour suivre sa passion », passe d’un stage chez Elie Saab Paris à un autre à Milan, dans une grande agence de presse, et finit par s’établir à son propre compte, jouant les ponts entre orient et occident et associant sa verve à son savoir-faire pour accroitre la notoriété des nombreuses marques qui lui confient leur communication. C’est l’époque où elle s’amuse à se photographier dans les coulisses des défilés et à poster ses expériences, entre voyages, hôtels, rencontres avec des couturiers ou des célébrités, restaurants et découvertes gastronomiques. Une époque où Instagram remet le bling-bling à la mode à travers un ping-pong ingénu de voyeurisme et d’exhibitionnisme qui ne répond au fond qu’à une curiosité de l’autre et du monde. Un premier blog, MissParisIn, fait mouche : Les « followers » de Léa réservent dans les lieux qu’elle a visités et présentés, achètent les vêtements dans lesquels elle s’est photographiée, et lui racontent leurs impressions en retour. Sans chercher à être une « influenceuse » professionnelle, elle constate qu’elle inspire son public. Dans le métier, rappelle-t-elle, on la désignerait plutôt comme « influential, ou nano-influenceuse ».
L’iftar de la saison ? Des variations autour d’un menu type
Toujours est-il que quand son mari est muté à Dubaï, elle y arrive en terrain conquis, le couple comptant déjà dans l’émirat un certain nombre d’amis pour lesquels Léa va se donner un rôle de rassembleuse autour de ses fameuses tables qui vont petit-à-petit devenir pour chaque expatrié un pays à part entière, et en tous cas un foyer, au sens de lieu du feu. L’exemple de sa grand-mère maternelle, Yvette, n’est jamais loin : « Elle était mondaine, raconte Léa, extrêmement élégante et raffinée et avait pour passion les arts de la table et la perfection des réceptions. J’ai commencé à dresser mes premières tables à l’adolescence, chez mes parents et me mettais dans tous mes états (je pleurais littéralement) lorsqu’un objet manquait pour parfaire ma table! »
L’iftar de la saison ? Elle y pense, dit-elle, depuis 3 semaines ! « Je vais en organiser plusieurs afin de respecter les lois sanitaires », confie cette enthousiaste qui se fait livrer ses produits frais par www.BioBox.ae, son adresse préférée pour des ingrédients de qualité. « J’ai pensé à procéder par thème culinaire. Mon premier Iftar sera libanais, en hommage à mon pays d’origine et de cœur. Les autres seront plus surprenants, je pense. Ensuite je réfléchis aux couleurs de ma table. Il me suffit de tomber sur un objet ou une image, où que je sois, pour que ça me donne l’idée de développer tout un thème. Et je me prends vraiment la tête ! » ajoute-t-elle. Pour le repas, ce sera une variation autour d’un menu-type : Une soupe en entrée, souvent lentilles, blettes, légumes, citron (Adass bi hamod), une salade de roquette, une autre de tomates et pignons à l’huile d’olive. Le plat incontournable est son riz au poulet avec viande hachée, pignons et amandes, ainsi qu’un poisson grillé aux épices avec une sauce coriandre, amandes, pignons et pistaches, vedette des repas de fêtes au Liban (samké harra). Au dessert, une salade d’orange a la cannelle et des maamouls aux dattes (gâteaux traditionnels à la semoule). Pour les boissons, elle proposera par exemple de l’eau au concombre frais, de l’eau à la grenade, du yaourt liquide nature, du sirop de raisin parfumé d’encens et agrémenté de pignons (jellab) ou du jus d’abricot. Enfin, pour revenir graduellement à la sobriété du jeûne, café, thé, infusion de fleur d’oranger (« café blanc ») ou infusion gingembre-citron.
Comme chacun sait, divulguer une recette familiale est la pire trahison. Léa ne nous donnera donc pas ces secrets qui passent de mère en fille à travers les pages écornées de vieux carnets constellés de merveilleuses éclaboussures. Mais à défaut de la blanquette de veau maternelle, elle a accepté de livrer aux lecteurs d’Arab News fr sa fameuse recette de spaghetti aux fruits de mer. Alors, « Contrôle C » tout le monde, et à vos casseroles, la voici :
Spaghetti aux fruits de mer
Ingrédients : 350 grammes de spaghetti, 300 grammes de tomates cerises, 2 gousses d’ail, 500 g de fruits de mer au choix, frais ou surgelés, 50 centilitres de vin blanc, huile d’olive,1 citron jaune, 1 oignon, 1 bouquet garni, 1 échalote, 1 bouquet de persil, du piment de Cayenne, sel et poivre, optionnel : crème fraîche.
Préparation : Laver les fruits de mer, chauffer 3 cuillères d’huile d’olive dans une casserole et faire rissoler l’oignon émincé, verser les moules, ajouter le bouquet garni et arroser d’un verre de vin blanc. Cuire à couvert pendant 2 à 3 minutes jusqu’à ce que les moules s’ouvrent. Sortir les moules et les réserver. Passer le jus de cuisson au chinois et réserver.
Préparer les autres fruits de mer. Dans une poêle, faire revenir l’ail haché et l’échalote émincée dans 3 cuillères à soupe d’huile d’olive. Ajouter un verre de vin blanc dans la poêle et réduire à feu vif jusqu’à complète évaporation. Couper les tomates en deux et les ajouter à la préparation. Ajouter les fruits de mer et 5 centilitres de jus de cuisson réservé. Saler, poivrer et saupoudrer de piment. Cuire pendant 10 minutes à feu moyen. Cuire les pâtes dans l’eau bouillante salée, les égoutter lorsqu’elles sont cuites et réserver. Ajouter les moules à la garniture ainsi que le jus de citron. Mélanger le tout délicatement, baisser le feu et laisser quelques minutes encore. Option: ajouter quelques cuillères de crème fraiche
Recommandations : Verser les pâtes sur la garniture et non pas l’inverse! Parsemer de persil haché et servez aussitôt. Si les pâtes ont besoin de 10 min pour être al dente, il faut les retirer 1 à 2 minutes avant car l’eau continue à bouillir! Pour vérifier que les pâtes sont cuites, prendre un spaghetti et le lancer sur un mur carrelage ou n’importe quelle surface plate carrelée. Si la pâte colle et ne glisse pas, les pâtes sont al dente.
Les retirer du feu immédiatement et les égoutter en laissant un fond d’eau chaude qu’on rajoutera dans la sauce. On ne verse jamais la sauce sur les pâtes mais les pâtes sur la sauce!