WASHINGTON: Les Etats-Unis ont indiqué vendredi avoir fait des propositions «très sérieuses» à l'Iran pour relancer l'accord sur le nucléaire iranien et s'attendre à ce que Téhéran fasse preuve du même «sérieux», des participants aux discussions à Vienne ayant exprimé un optimisme prudent.
Une équipe représentant les Etats-Unis, présente en Autriche sans participer directement aux échanges, a soumis des propositions «très sérieuses» à l'Iran et a montré une «réelle intention» de rejoindre l'accord si Téhéran «s'y conforme à nouveau», a indiqué vendredi un responsable américain alors que les échanges s'interrompaient pour le week-end.
Au cœur des négociations se trouve la question de «réciprocité», exigée par Washington, comme l'a rappelé ce responsable qui s'est exprimé sous couvert d'anonymat, quand Téhéran exige la levée au préalable des sanctions américaines rétablies par Donald Trump en dépit de l'accord.
«Nous avons vu certains signes (de réciprocité) mais certainement pas assez», a jugé le responsable américain. «La question est de savoir si l'Iran a la volonté de (...) choisir la même approche pragmatique que celle des Etats-Unis pour se conformer de nouveau à ses obligations prévues par l'accord», a-t-il dit.
Il faisait écho au chef de la délégation iranienne Abbas Araghchi, qui avait plus tôt souligné la «volonté de l'Iran de poursuivre des interactions sérieuses», et déclaré: «Cela dépend de la volonté politique des autres parties. Sinon, il n'y aura aucune raison de poursuivre les négociations.»
Suite des discussions mercredi
Les échanges ont néanmoins été jugés «productifs» par l'Union européenne, qui coordonne les discussions, et vont se poursuivre mercredi, a indiqué l'Iran.
La Chine, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, l'Iran et la Russie «ont fait le point sur le travail effectué par les experts au cours des trois derniers jours et ont noté avec satisfaction les premiers progrès réalisés», a écrit sur Twitter l'ambassadeur russe à Vienne Mikhaïl Oulianov.
Afin de «maintenir la dynamique positive», les diplomates des pays toujours parties à l'accord, qui se sont retrouvés dans un hôtel du centre de Vienne, «se réuniront à nouveau la semaine prochaine», a-t-il ajouté, avant que le ministère iranien des Affaires étrangères ne précise que cette réunion se tiendrait mercredi au niveau des vice-ministres.
L'accord de 2015, connu sous l'acronyme anglais de JCPOA, a imposé des restrictions au programme nucléaire iranien afin de rassurer la communauté internationale sur le fait que Téhéran ne serait pas en mesure de développer une arme nucléaire.
En contrepartie, l'accord rendait obligatoire la levée de certaines sanctions à l'encontre de l'Iran.
Mais l'ancien président américain Donald Trump avait retiré de manière spectaculaire son pays de l'accord en 2018 et réimposé des sanctions unilatérales, conduisant l'Iran à riposter en dépassant les limites de l'activité nucléaire fixées dans le texte.
Vérifications
Abbas Araghchi a rappelé vendredi que «ce n'est qu'après avoir vérifié» la levée des sanctions que l'Iran «est prêt à mettre fin à ses mesures correctives et à revenir à la pleine application du JCPOA».
Pour effectuer ces vérifications, requises par le guide suprême Ali Khamenei, l'Iran prévoit de tenter d'exporter du pétrole et de réaliser des transactions bancaires internationales, a affirmé dans un entretien publié vendredi un membre de la délégation iranienne à Vienne.
C'est «le seul moyen de s'assurer que les sanctions ont été levées dans les faits» et pas seulement «sur le papier», a expliqué Kazem Gharibabadi, l'ambassadeur d'Iran auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique.
Le nouveau président américain Joe Biden a déclaré qu'il était prêt à réintégrer l'accord, donc à lever les sanctions après négociations, mais l'Iran a refusé de discuter directement avec les Etats-Unis tant que les sanctions restaient en place.
Le coordinateur de l'UE, Enrique Mora, a donc fait la navette toute la semaine pour informer la délégation américaine, qui loge dans un hôtel distinct, à une centaine de mètres de celui où se tiennent les discussions.
«Les Iraniens ne veulent courir aucun risque, ne pas rencontrer (les Américains) par hasard», expliquait dans la semaine une source proche du dossier.