Les partis libanais apaisent la colère de la population avec des cartes de rationnement

Des protestataires participent à une manifestation contre les difficultés économiques croissantes à Beyrouth, au Liban, le 28 mars 2021 (Reuters)
Des protestataires participent à une manifestation contre les difficultés économiques croissantes à Beyrouth, au Liban, le 28 mars 2021 (Reuters)
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Publié le Vendredi 09 avril 2021

Les partis libanais apaisent la colère de la population avec des cartes de rationnement

  • Les «cartes Alsajjad» du Hezbollah permettent à leurs détenteurs d’obtenir plus de 50 % de réduction sur les produits alimentaires, les consommables, les produits de nettoyage et d’autres marchandises dans certains magasins
  • Le Courant patriotique libre (CPL) a déclaré à ses partisans: «Des temps difficiles nous attendent et le chaos pourrait prévaloir. Nous devons rester patients et ne pas abandonner nos positions»

BEYROUTH: Alors que le comité ministériel officiel au Liban continue de réfléchir à l'attribution de cartes de rationnement à 800 000 familles avant de lever les subventions sur les produits de base, les partis politiques tentent de contenir le mécontentement de leur base partisane.

Le Hezbollah a émis des cartes de rationnement pour ses militants et ses sympathisants. Les «cartes Alsajjad» permettent à leurs détenteurs d'obtenir plus de 50 % de réduction sur les produits alimentaires, les consommables, les produits de nettoyage et d’autres marchandises dans certains magasins. Les cartes ont été sévèrement critiquées sur les réseaux sociaux par les opposants du parti.

Certains partis se sont appuyés sur de riches soutiens afin d’obtenir une aide financière pour les nécessiteux via leurs fondations privées. Des politiciens ont acheté des vaccins pour vacciner leurs familles et leurs partisans.

Le Courant patriotique libre (CPL) a déclaré à ses partisans: «Des temps difficiles nous attendent et le chaos pourrait prévaloir. Nous devons rester patients et ne pas abandonner nos positions».

La pression s’accroît sur les associations et fonds non partisans, les municipalités ainsi que les comités de village afin de répondre aux besoins des communautés non politisées.

Les partis politiques sont conscients de l'importance de garder leurs communautés sous contrôle alors que la décision de lever les subventions se rapproche, ce qui entraînera presque obligatoirement de la colère et des manifestations violentes.

Le Dr Nasser Yassin, professeur de politique et de planification à l'université américaine de Beyrouth, déclare à Arab News: «Lorsque l'effondrement économique s'aggrave, les gens commencent à se préoccuper de satisfaire leurs besoins biologiques: se nourrir. Et lorsque la sécurité alimentaire est menacée, les gens peuvent recourir à n'importe quelle entité capable de la fournir.»

«C’est dans ces moments que les partis deviennent une source de sécurité, quelles que soient les convictions des gens. Les dirigeants politiques deviennent également un filet de sécurité pour ces personnes et de nouveaux bailleurs de fonds pourraient émerger afin de répondre aux besoins de la population dans de telles circonstances.»

Il ajoute: «Ce type de sécurité ne suffira cependant pas à couvrir les besoins lorsque les subventions sur les produits de base seront levées. Personne ne peut remplacer l’État. »

Nasser Yassin précise qu'«aider les Libanais à travers l'État de manière transparente est le seul moyen de préserver leur dignité», craignant que l'aide fournie à la population ne soit plus tard échangée contre des faveurs politiques.

Il souligne qu’«exhorter les gens à rester patients et résilients dans la période à venir ne suffira pas après la levée des subventions, car ils n'auront plus accès aux médicaments, au chauffage, ni même au pain, dans un contexte d’inflation spectaculaire».

L'activiste Tony Nasrallah, ancien partisan du CPL, déclare à Arab News: «Les partis politiques vivent dans le déni. Ils ne comprennent pas que le problème est structurel et qu'il ne s'agit pas seulement de sécuriser certains vaccins ici et certaines bouteilles d'huile là-bas. Dans le discours qu'il a prononcé mercredi sur l'audit financier judiciaire, le président libanais, Michel Aoun, cherchait à rassurer ses partisans alors qu’aucun gouvernement n'a été formé pour mettre en œuvre les réformes nécessaires.»

«La majorité des partisans du CPL sont issus de la classe moyenne, qui a été gravement touchée par l’effondrement financier. Les partisans du CPL croient en chaque promesse faite par le président et les dirigeants du CPL.»

Tony Nasrallah ajoute: «Les partisans du CPL ont toutefois commencé à douter et à remettre ces promesses en question, et la seule solution qu'ils envisagent désormais, c’est l'immigration.»

Le député Oussama Saad, chef de l’Organisation populaire nassériste (OPN), déclare que «les dirigeants ont conduit le pays à l’humiliation des cartes de rationnement», ajoutant: «mais le peuple sait défendre sa dignité».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".