La Banque centrale libanaise soumise à un audit, Macron incité à geler des fonds

Des enfants syriens réfugiés vendent des fleurs à un feu de circulation à Beyrouth, au Liban, le samedi 3 avril 2021. (Photo, AP)
Des enfants syriens réfugiés vendent des fleurs à un feu de circulation à Beyrouth, au Liban, le samedi 3 avril 2021. (Photo, AP)
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Publié le Mercredi 07 avril 2021

La Banque centrale libanaise soumise à un audit, Macron incité à geler des fonds

  • Le Parlement a enfin accepté en décembre de lever le secret bancaire pour un an, après de nombreux échanges entre les responsables libanais
  • La Banque centrale a confirmé son engagement et restera en contact pour réactiver la vérification judiciaire

BEYROUTH: Le ministère des Finances libanais a révélé que la Banque centrale avait accepté mardi de fournir d’ici à la fin du mois les documents requis par Alvarez & Marsal (A&M) pour une vérification judiciaire en suspens.

L’audit, qui s’est heurté à un obstacle l'année dernière, est une condition essentielle à l’obtention de l'aide étrangère dont le Liban a grandement besoin. Le pays fait face à un effondrement financier à la suite de décennies de gaspillage et de corruption. La monnaie locale a gravement chuté et les banques sont entièrement paralysées.

Lorsque le cabinet de conseil en restructuration A&M s'est retiré de l'audit en novembre dernier, il a expliqué ne pas avoir reçu les informations dont il avait besoin de la part de la Banque centrale du Liban.

En décembre, le Parlement a enfin accepté de lever le secret bancaire pour une durée d’un an, après de nombreux échanges entre les responsables libanais, en particulier le ministère des Finances et la Banque centrale, afin de savoir si certaines informations pouvaient ou non être divulguées.

Après une réunion avec la Banque centrale et A&M mardi, le ministère des Finances a déclaré que la banque a confirmé son engagement à réaliser un audit et à respecter les délais pour fournir les documents nécessaires. Le ministère a déclaré que les parties concernées resteront en contact «afin de réactiver la vérification juridique et d'évaluer l’évolution en cours».

Il n'y a eu toutefois aucun commentaire immédiat ni de la Banque centrale ni de l’A&M.

Le président français, Emmanuel Macron, doit geler les avoirs suspects détenus par des responsables libanais en France pour mettre fin à une «mafia politico-économique» qui a plongé le Liban dans la crise et la misère, a indiqué mardi une lettre ouverte.

Emmanuel Macron a appelé à une réforme radicale du Liban après l'explosion meurtrière du port de Beyrouth. Il a exprimé son exaspération face à l'absence de changement, alors que l'ancien territoire sous mandat français reste embourbé dans une impasse politique sans précédent.

Des analystes déclarent que des sanctions telles que le gel des avoirs pourraient être le moyen le plus efficace pour que Paris fasse pression sur Beyrouth, même si la France n'a jusqu'à présent pas explicitement indiqué qu'elle était prête à une telle mesure.

Emmanuel Macron devra donner des instructions «en vue de mettre en œuvre le mécanisme légal de gel des avoirs d'origine douteuse détenus en France par les leaders politiques et économiques libanais», indique la lettre publiée dans le quotidien français Le Monde, signée par plus de 100 personnalités de la société civile libanaise.

La lettre signale également qu'une «mafia politico-économique est responsable de la misère, de la faim et de l'insécurité dont souffrent de plus en plus de Libanais».

Le document suggère qu'un tel processus juridique devrait s'inspirer du précédent établi sur les actifs mal acquis détenus en France par certains leaders africains et par l'ancien vice-président syrien, Rifaat al-Assad.

«Cette corruption endémique à grande échelle a scandaleusement enrichi les dirigeants politiques libanais» en vidant le Trésor public et en détournant l'aide envoyée après la guerre civile, affirme la lettre.

Cette lettre est signée par des avocats, des médecins, des journalistes et des militants, dont l'éminent politologue Karim Émile Bitar, l'ancien ministre libanais de la Culture et l’envoyé de l'Organisation des nations unies (ONU) en Libye, Ghassan Salamé, ainsi que l'ancienne députée et animatrice de télévision, Paula Yacoubian.

Cette lettre a été rédigée après que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré en mars que «le moment était venu» de faire pression sur le Liban pour qu'il forme un gouvernement.

Le Premier ministre libanais désigné, Saad Hariri, et le président, Michel Aoun, n’ont pas réussi à se mettre d’accord le mois dernier sur un nouveau gouvernement après des mois d’impasse, alors que le pays s’enfonce de plus en plus dans une crise économique dévastatrice.

Une forte dépréciation de la livre libanaise ainsi qu'une explosion de la pauvreté et du chômage ont totalement anéanti le pouvoir d'achat et alimenté la colère de la population.

Le gouvernement sortant du Premier ministre, Hassan Diab, a démissionné à la suite de l’explosion du 4 août dans le port de Beyrouth, qui a tué plus de 200 personnes et déclenché des manifestations contre la classe dirigeante accrochée au pouvoir.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.


Sept accords technologiques avec les États-Unis pour accélérer l’IA saoudienne

L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
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  • La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC

WASHINGTON : L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA) a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en intelligence artificielle (IA).

Les accords ont été signés en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC, qui a rassemblé des hauts responsables, dignitaires, PDG et cadres de grandes entreprises saoudiennes et américaines, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, a ajouté la SPA.

Ces accords couvrent un large spectre de collaborations visant à renforcer l’infrastructure des données, développer les compétences nationales et promouvoir l’adoption de l’IA dans des secteurs clés.

Dans le cadre d’un partenariat, Supermicro travaillera avec la SDAIA sur des solutions serveur, la conception de centres de données, des événements centrés sur l’IA, des programmes de formation et des initiatives d’apprentissage en ligne destinées à développer l’expertise locale.

Dell coopérera avec la SDAIA pour accélérer l’adoption des technologies IA grâce à l’amélioration de l’infrastructure, au transfert de connaissances et à des initiatives de renforcement des capacités nationales.

Un accord distinct avec Accenture permettra aux deux parties d’échanger leur expertise pour renforcer les capacités de leadership en IA. Le partenariat comprend le développement des infrastructures de données et d’IA, le soutien à la transformation de la main-d’œuvre et la sensibilisation du public à l’importance de l’adoption de l’IA.

La collaboration de Cisco se concentrera sur l’accélération de la transformation numérique dans le secteur public, la promotion d’initiatives IA et le développement d’environnements de centres de données évolutifs et dotés d’IA.

L’accord-cadre de la SDAIA avec Boomi renforcera l’innovation au sein de l’écosystème IA du Royaume grâce au développement de centres de données IA alimentés par la technologie Boomi, ainsi qu’à des programmes plus larges d’échange de connaissances.

SambaNova soutiendra la SDAIA à travers des événements conjoints, des camps de formation, le partage de connaissances et des campagnes de sensibilisation pour renforcer les capacités nationales en IA et en données.

Par ailleurs, GitLab explorera des opportunités conjointes dans le développement des compétences, les projets d’innovation, les solutions commerciales et l’expansion de la portée mondiale des applications IA développées en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.