KHARTOUM : Au moins 56 personnes ont été tuées dans des affrontements tribaux qui durent depuis quatre jours à El-Geneina, capitale du Darfour-Ouest où l'état d'urgence a été décrété dans cette région troublée de l'ouest du Soudan, a annoncé mardi l'ONU .
"Le nombre de morts s'élève à 56 et il y a de nouveaux blessés" dans les affrontements qui ont commencé le 3 avril "entre la tribu Al-Massalit et les tribus arabes", a indiqué dans un communiqué le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha).
Le dernier bilan établi mardi matin par la branche locale du Comité central des médecins, fondé en 2016 pour représenter la communauté médicale soudanaise, s'élevait à 50 morts et 132 blessés.
"Malgré un calme relatif lundi soir, les équipes médicales continuent de faire face à de grandes difficultés dans leurs déplacements", a précisé le Comité dans un communiqué.
"La nuit a été calme mais ce matin, nous avons entendu des coups de feu qui ont duré environ une heure dans le quartier de Hay al-Jabal", dans le sud-ouest de la ville, a raconté mardi à l'AFP Mohamed Abdel Rahmane, habitant d'El-Geneina joint par téléphone.
Un autre habitant, dont la maison se trouve à trois kilomètres de Hay al-Jabal, a confirmé sous couvert d'anonymat avoir également entendu des tirs.
Selon l'ONU, une centrale électrique a été détruite et les autorités ont constaté que des personnes fuyaient "vers le Tchad voisin".
Lundi soir, les autorités ont instauré l'état d'urgence et déployé l'armée dans le Darfour-Ouest.
Les "opérations humanitaires et les vols ont été suspendus" à El-Geneina, plaque tournante de l'aide dans la région, affectant "plus de 700.000 personnes", selon l'ONU.
En janvier, deux semaines après la fin de la mission de paix conjointe de l'ONU et de l'Union Africaine (Minuad) au Darfour, des affrontements similaires avaient fait plus de 200 morts, la plupart au Darfour-Ouest.
Le conflit a éclaté dans cette région en 2003 entre des forces du régime de l'ex-président Omar el-Béchir, destitué en avril 2019 sous la pression de la rue, et des membres de minorités ethniques s'estimant marginalisées.
Le pouvoir avait déployé des milices armées composées essentiellement de nomades arabes, accusées notamment de faire du "nettoyage ethnique".
Les violences ont fait quelque 300.000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés, essentiellement durant les premières années du conflit, selon l'ONU.
Le gouvernement de transition a signé en octobre un accord de paix avec plusieurs groupes rebelles, notamment du Darfour. Mais certains groupes insurgés de la région ne l'ont pas signé.