SOFIA: La Bulgarie élit dimanche ses députés. De l'exode à la corruption, du yaourt à la rose, voici quelques éléments sur ce pays situé aux confins de l'Europe orientale:
Terre d'exil
Les Bulgares émigrent massivement depuis la transition démocratique de 1989, un mouvement encore amplifié par l'adhésion à l'Union européenne (UE) en 2007. Alors que le pays frôlait les 9 millions d'habitants à la sortie du communisme, il n'en comptait plus que 6,95 millions en 2019, ce qui le classe parmi les champions du dépeuplement dans le monde.
Pénalisée par la pénurie de main-d'oeuvre et la fuite des cerveaux, la Bulgarie reste à ce jour le membre le plus pauvre et le plus inégalitaire de l'UE mais espère rejoindre la zone euro d'ici à 2024.
Le salaire moyen s'élève à 750 euros par mois, soit la moitié de la moyenne européenne.
Bakchich
La corruption endémique est l'autre mal qui ronge la Bulgarie, lanterne rouge de l'UE dans ce domaine selon Transparency International.
Médecine, éducation, justice, police: bakchich et argent sale empoisonnent la vie quotidienne des Bulgares, ulcérés par les privilèges d'une classe politique menant souvent grand train.
Appartements acquis à des prix dérisoires, villas construits sur fonds européens, passe-droits et pots-de-vin ont fait sortir dans la rue des milliers de protestataires l'été dernier.
Pays russophile à forte minorité musulmane
Les Bulgares regardent souvent vers Moscou. Ils sont slaves et chrétiens orthodoxes comme les Russes et les deux pays utilisent l'alphabet cyrillique. Cette proximité culturelle est renforcée par des liens historiques, la Russie ayant libéré la Bulgarie de cinq siècles de domination ottomane en 1878.
Une minorité musulmane (environ 13% de la population) demeure de cette époque, malgré les tentatives d'assimilation forcée sous le communisme.
Représentés par un parti politique, le MDL, les musulmans bulgares rassemblent les Turcs, les Pomaks (descendants des Bulgares convertis durant la période ottomane) et une partie des Roms.
Sofia entretient des relations privilégiées tant avec Ankara qu'avec Moscou. La Russie est perçue positivement par 73% des habitants, ce qui fait de la Bulgarie la plus russophile des amis du Kremlin, selon l'institut de recherche Pew.
Cette proximité se traduit également par une dépendance énergétique héritée de l'Union soviétique, dont la Bulgarie fut un satellite. Malgré les objections américaines, Sofia a prolongé le gazoduc TurkStream transportant du gaz russe par son territoire.
Le yaourt et la rose
Ce pays largement montagneux se targue d'être la patrie du yaourt, dont la paternité est aussi revendiquée par la Turquie.
C'est un chercheur bulgare, Stamen Grigorov, qui découvrit en 1905 la bactérie lactobacillus bulgaricus, incontournable dans la fermentation du lait.
Autre fierté, la Bulgarie est, avec la Turquie et le Maroc, un des principaux producteurs de la variété de rose «Rosa damascena», dont l'essence est irremplaçable pour les grands parfumeurs mondiaux. Les Bulgares en font de la confiture et même une eau de vie.
C'est aussi le berceau de la civilisation thrace (du 4e millénaire avant J.C. au 3e siècle après J.C), qui s'est rendue célèbre pour la production d'objets exquis en or.
Rites païens
Le calendrier orthodoxe a conservé de nombreuses traditions d'origine païenne héritées de l'ère pré-chrétienne de la Bulgarie, dont le nom apparaît pour la première fois dès l'an 681.
A la fin de l'hiver, des habitants déguisés en monstres - koukeri - chassent les mauvais esprits.
Puis en juin, une danse purifiante - nestinarstvo - est effectuée pieds nus sur des braises ardentes à la fête des saints Constantin et Hélène.
Le blé bouilli et le vin rouge figurent au menu des funérailles et symbolisent la chair et le sang du Christ. Le miel fait l'objet d'une bénédiction deux fois par an.