Des ONG russes publient un rapport accablant des abus de leur pays en Syrie

Vue aérienne d'un camp de déplacés près du village de Qah dans la province d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie, près de la frontière turque, le 3 mars 2021 (Photo, AFP).
Vue aérienne d'un camp de déplacés près du village de Qah dans la province d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie, près de la frontière turque, le 3 mars 2021 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 03 avril 2021

Des ONG russes publient un rapport accablant des abus de leur pays en Syrie

  • Préparé pendant deux ans, le document accuse Moscou d'abus, en ayant bombardé sans discernement des civils ou soutenu un régime accusé de nombreuses atrocités
  • «Nous nous sentions à la fois amers et honteux de la façon dont les Syriens que nous avons interviewés considèrent les Russes»

MOSCOU: Plusieurs groupes de défense des droits humains ont appelé les Russes à prendre conscience des crimes commis par leur pays depuis son intervention militaire en Syrie, publiant vendredi un rapport accablant en la matière.

Ce rapport, le premier d'ONG russes consacré au conflit syrien, publié à l'occasion du 10e anniversaire de la guerre dans ce pays, veut mettre un coup de projecteur sur les victimes des opérations militaires russes, sujet tabou dans les médias pro-Kremlin.

Ses conclusions viennent contredire le discours officiel de Vladimir Poutine qui présente son armée comme étant engagée dans un combat juste pour sauver de «terroristes» le pouvoir légitime du président Bachar al-Assad.

L'intervention russe a changé le cours de la guerre, au prix de nombreuses victimes civiles, estime le rapport rédigé par la principale ONG russe Mémorial et plusieurs autres organisations.

Le texte de 200 pages cite plus de 150 témoins des évènements en Syrie. 

«L'écrasante majorité de nos interlocuteurs ne voient pas la Russie comme un sauveur, mais comme une force étrangère destructrice dont l'intervention militaire et politique a contribué à renforcer le criminel de guerre à la tête de leur pays», ont déclaré ces ONG.

«Certaines des personnes interrogées ont révélé qu'elles-mêmes ou leurs proches avaient été victimes des bombardements russes», ajoute le texte. Le rapport exhorte Moscou à mener des enquêtes indépendantes sur les bombardements de son armée en Syrie et à verser des indemnités aux victimes. 

«Amers et honteux»

Le rapport a aussi fait état de violations commises par la coalition internationale menée par les Etats-Unis, mais assure que la plupart des témoignages recueillis concernent «des abus subis des mains des forces gouvernementales syriennes et leurs alliés, et des groupes armés d'opposition, y compris terroristes». 

Oleg Orlov, membre de Memorial, a comparé lors d'une conférence de presse les bombardements russes sur les civils aux tactiques de l'armée en Tchétchénie, où Moscou a mené deux guerres dans les années 1990 et 2000.

Les auteurs n'ont pas pu entrer en Syrie mais ont interrogé des Syriens ayant fui la guerre au Liban, en Jordanie, en Turquie, en Allemagne ou en Russie.

Préparé pendant deux ans, le document accuse Moscou d'abus, en ayant bombardé sans discernement des civils ou soutenu un régime accusé de nombreuses atrocités, comme l'usage d'armes chimiques ou l'arme de la faim contre des villes assiégées.

«Six mois après le début des bombardements russes, il y avait plus de victimes qu'en deux ans de bombardements syriens», déclare une habitante du bastion rebelle de Waer, à Homs (centre), assiégé de 2013 à 2016. Elle affirme n'avoir pesé à un moment plus que 33 kilos.

Si la Russie a plusieurs fois démenti l'emploi par les autorités syriennes d'armes chimiques contre des civils, utilisant son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies pour protéger Damas, les auteurs du rapport disent cependant avoir parlé avec des victimes d'attaque au gaz.

«J'ai vu 30 enfants étendus morts avec d'autres personnes qui continuaient à verser de l'eau sur eux», a raconté un chirurgien de la Ghouta orientale: «Je n'oublierai jamais cette scène».

Les auteurs disent vouloir que le plus grand nombre possible de Russes lisent leur enquête et «comprennent leurs responsabilités dans ce qui se passe en leur nom en Syrie».

«Nous nous sentions à la fois amers et honteux de la façon dont les Syriens que nous avons interviewés considèrent les Russes», affirment-ils.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".