Mettre fin à la guerre en Syrie est une «responsabilité collective» selon l’ONU

Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres (Photo, AFP).
Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 31 mars 2021

Mettre fin à la guerre en Syrie est une «responsabilité collective» selon l’ONU

  • Nous sommes tous tenus de nous engager pleinement afin de réaliser cet objectif, a déclaré le secrétaire général António Guterres devant l'Assemblée générale

  • Il a également exhorté les pays membres à faire preuve d'un «soutien généreux» en contribuant à hauteur de 10 milliards de dollars, somme nécessaire pour financer l'aide humanitaire

NEW YORK: «La guerre en Syrie n'est pas seulement celle de la Syrie.» Tel a été le message du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, ce mardi. «Y mettre fin, et mettre fin aux terribles souffrances qu’elle continue de causer, c’est notre responsabilité collective. Aujourd'hui, nous sommes tous tenus de nous engager pleinement afin de réaliser cet objectif».


Guterres a de nouveau lancé un appel à une résolution politique du conflit et répété que la solution militaire n'est pas envisageable. Il a également affirmé que le pays traverse une sorte d'impasse, dans la mesure où «la situation continue de dévier vers un scénario de “ni guerre, ni paix”».

Guterres s'exprimait lors d'une session plénière informelle de l'Assemblée générale convoquée par son président, Volkan Bozkir, qui a permis au secrétaire général de présenter aux membres les derniers développements réalisés dans le pays. La session concerne notamment les progrès dans la mise en œuvre de la résolution 2254, adoptée en décembre 2015, qui préconise un cessez-le-feu et un règlement politique et qui traite de la crise humanitaire et de la situation des droits de l'homme.

Selon Guterres, «des progrès tangibles» au niveau des activités du Comité constitutionnel syrien constituent une étape essentielle vers la mise en œuvre de la résolution 22454. En effet, celle-ci exige une nouvelle Constitution capable de paver la voie à des élections libres et équitables, sous les auspices des Nations unies, qui accorderont le droit de vote à tous les Syriens, y compris la diaspora.

«L'année écoulée a tout de même été semée d'embûches : les raids aériens et les échanges de tirs d'artillerie et d'armes légères n'ont guère cessé»

António Guterres

«Les résultats des activités de la commission ne répondent pas, à ce jour, à mes attentes. Par-dessus tout, ils ne répondent pas aux attentes du peuple syrien», a-t-il ajouté. Il a repris l'appel lancé par Geir Pedersen, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, dans lequel il a invité le comité à établir, lors de sa sixième session, des objectifs clairs, des méthodes de travail tangibles ainsi qu'une coopération renforcée entre les deux coprésidents du comité. Ces objectifs permettraient de jeter les bases nécessaires à l'instauration d'un climat de confiance, a déclaré António Guterres, tout en rappelant que les Syriens ne sont pas «seuls maîtres de leur destin», dans la mesure où de nombreuses forces armées étrangères sont actives dans le pays.

En dépit du «calme relatif» observé pendant douze mois à la suite du cessez-le-feu conclu à Astana en mars 2020, le secrétaire général de l'ONU a fait remarquer que «l'année écoulée a tout de même été semée d'embûches : les raids aériens et les échanges de tirs d'artillerie et d'armes légères n'ont guère cessé».


Parmi les événements qui ont récemment remis en cause les «tendances au calme relatif» figurent plusieurs incidents survenus le 21 mars: une attaque contre un hôpital soutenu par les Nations unies à Atarib dans le gouvernorat d'Alep, des frappes aériennes près du poste frontière de Bab al-Hawa qui permet la circulation de l'aide humanitaire des Nations unies depuis la Turquie vers la Syrie, sans parler du bombardement de quartiers résidentiels à Alep.

Le 15 mars a marqué le 10e anniversaire de la guerre en Syrie, qui a éclaté lorsque les forces du régime Assad ont brutalement réprimé des manifestants pacifiques qui demandaient de nouvelles réformes dans le pays.


Depuis, les Syriens endurent «des crimes parmi les plus graves que le monde ait connus au cours de ce siècle», a déclaré António Guterres.


«Les violations massives des droits de l'homme et du droit international humanitaire constatées en Syrie ces dix dernières années sont un véritable traumatisme pour notre conscience», a-t-il ajouté. Il a également condamné l'impunité avec laquelle les auteurs de ces crimes ont pu agir.

Les répercussions persistantes de la guerre ont été aggravées par la pandémie de Covid-19, qui pourrait durer dans le pays jusqu'à la fin de l'année. Guterres a souligné que l'initiative de fournir des vaccins à la Syrie avait été lancée et que la première livraison a déjà été expédiée et contient des doses qui permettront de vacciner 3 % de la population.

«Au terme de ce conflit qui dure depuis dix ans, de nombreux Syriens ont perdu confiance dans le fait que la communauté internationale puisse les aider à frayer un chemin pour sortir du conflit»

António Guterres

Il a par ailleurs exhorté les pays membres à faire preuve d'un «soutien généreux» en contribuant à hauteur de 10 milliards de dollars, somme nécessaire pour financer l'aide humanitaire destinée à plus de 12 millions de personnes dans le besoin en Syrie et à environ 6 millions de réfugiés dans les pays voisins. En sa qualité d'ancien Haut-Commissaire aux réfugiés, António Guterres a confié qu'il a non seulement été témoin de la «souffrance tragique» des réfugiés syriens, mais qu'il a également été inspiré par «la générosité et la solidarité  sans bornes» dont a fait preuve le peuple syrien au cours des années passées, quand il a accueilli sur son sol des millions de réfugiés d'Irak et de Palestine.


Le secrétaire général des Nations unies a aussi exhorté le monde à accorder «de toute urgence une attention particulière aux dizaines de milliers de Syriens qui ont été arbitrairement privés de leur liberté» en Syrie. Il s'agit notamment de personnes détenues, enlevées ou disparues de force.


«Les détenus, hommes et femmes, dont des garçons d’à peine 11 ans, sont soumis à toutes sortes de violences sexuelles, y compris des viols, des tortures de nature sexuelle et des mutilations d’organes génitaux», a déclaré António Guterres. Il a en outre demandé de permettre aux organisations humanitaires et de défense des droits de l'homme d'accéder à tous les centres de détention.


«Au terme de ce conflit qui dure depuis dix ans, de nombreux Syriens ont perdu confiance dans le fait que la communauté internationale puisse les aider à frayer un chemin pour sortir du conflit», a-t-il ajouté. Il a cependant assuré qu'il poursuivrait sans relâche les efforts visant à aboutir à une solution politique au conflit, une solution susceptible de  garantir les conditions nécessaires au retour volontaire et sûr des réfugiés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.