Comment le monde arabe peut lutter contre les effets insidieux de la pandémie sur la santé mentale

Les experts disent qu’il existe de nombreuses façons de maintenir un bon équilibre mental pendant les périodes troubles dues à la Covid-19. (Shutterstock / archive photo)
Les experts disent qu’il existe de nombreuses façons de maintenir un bon équilibre mental pendant les périodes troubles dues à la Covid-19. (Shutterstock / archive photo)
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Publié le Vendredi 02 avril 2021

Comment le monde arabe peut lutter contre les effets insidieux de la pandémie sur la santé mentale

  • «L’empathie est l’élément clé gagnant pour chaque homme et chaque femme. L’empathie l’emporte toujours dans la vie», assure Ally Salama
  • Le jeune universitaire et athlète milite pour que chaque foyer arabe s’approprie les questions de santé mentale et de bien-être

DUBAÏ : Parmi les nombreux problèmes du monde arabe exacerbés par la pandémie de coronavirus, celui de la santé mentale est des plus insidieux.

Heureusement, un jeune Arabe s’est donné pour mission d’initier la discussion sur ce sujet dans la région et de lutter contre la stigmatisation latente qui vise la dépression et l’anxiété.

Tout commence il y a quelques années quand Ally Salama, un athlète égyptien de 24 ans, déménage à Toronto, au Canada, pour poursuivre des études universitaires en entrepreneuriat et innovation. Après une enfance heureuse passée au Caire et à Dubaï, indique Ally, ce changement radical de son environnement culturel le plonge dans la solitude.

«Je me suis fait mon premier ami quatre ans et demi après mon premier jour d’université», confie-t-il à Arab News. «C’était très dur. Nous sommes très intelligents sur le plan culturel, mais je ne voulais pas abandonner mes valeurs. J’étais incapable de me mêler au groupe. Du coup, j’ai perdu tous mes repères en un an et demi. Je me sentais complètement différent physiquement, mentalement et psychologiquement. Cela m’a causé beaucoup de problèmes à l’université.»

La dépression s’est rapidement installée. Il se souvient avoir été incapable de se lever ou de subvenir à ses besoins psychologiques de base.

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Le coût économique annuel mondial estimé des troubles de santé mentale s’élève à 2,5 milliards de dollars. (Shutterstock / fichier photo)

 

«Fumer et boire, ce n’était pas ma tasse de thé, c’est ce qui a créé le plus grand fossé avec les autres dans la vie universitaire», raconte-t-il.

Après avoir demandé à contrecœur l’aide de son conseiller universitaire, Ally trouve les outils dont il avait besoin pour faire face et, depuis, il cherche à aider les autres. «Il en faut beaucoup pour qu’un homme l’admette», souligne Ally. «C’est très difficile, et je suis ici pour faire avancer cette prise de conscience. Je ne connaissais personne qui était passé par là pour me dire que c’était normal. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé qu’il y a tant de gens qui se sentent comme moi mais qui n’ont pas le courage de l’affronter.»

Sa guérison a changé sa conception du potentiel humain ‒ pas uniquement en termes de forme physique, mais de combinaison physique et mentale. Ainsi, lorsqu’un projet universitaire s’est présenté sur la résolution de problèmes entrepreneuriaux, il en a profité pour lancer une plate-forme en ligne appelée «Break the Silence Egypt».

En une nuit, 180 personnes ont livré de manière anonyme des témoignages révélant leurs sentiments les plus profonds et les plus sombres, en anglais et en arabe. «Cela m’a fait réaliser que ça me dépassait», déclare M. Salama. «La santé mentale est un problème.»

 

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Un homme portant un masque passe devant une peinture murale dans le cadre du festival Cities of Hope à Manchester qui souligne les effets sur la santé mentale alors que le nombre de cas du Covid-19 augmente en 2020 (AFP / Archive)

 

Après avoir obtenu son diplôme en 2019, il fait un bref passage en tant que banquier au Canada avant de se rendre compte qu’il est à la mauvaise place.

En parallèle, il développe un magazine de santé mentale pour le Moyen-Orient appelé EMPWR. Le premier numéro sort en mars 2019, lors de sa dernière année à l’université.

En juillet de cette même année, le mentor de Salama, le Dr Nasser Loza, président élu de la Fédération mondiale pour la santé mentale et consultant de l’Organisation mondiale de la santé, lui recommande de prendre la parole lors d’un atelier des Nations unies à Charm el-Cheikh sur le rôle des médias dans la déstigmatisation des problèmes de santé mentale.

«J’ai évoqué les perceptions des gens et les raisons pour lesquelles le travail des médias nuit à la qualité de leur vie», se souvient M. Salama. «Cette expérience a changé ma vie. La dépression et les maladies mentales ne sont pas rationnelles ‒ vous ne voulez même pas aller mieux, c’est irrationnel.»

 

La santé mentale en chiffres

* 2,5 milliards de dollars ‒ Estimation du coût économique mondial annuel des troubles de santé mentale.

* 38% ‒ Pourcentage d’Arabes qui connaissent une personne souffrant de problèmes de santé mentale.

* 56% ‒ Pourcentage d’Arabes qui déclarent que les soins de santé mentale de qualité sont difficiles d’accès.

* 48% ‒ Pourcentage d’Arabes qui déclarent que recourir aux soins de santé mentale est perçu négativement dans leur pays.

Source: Enquête sur la jeunesse arabe 2020, OMS

Ce n’était qu’une question de temps avant qu’EMPWR ne devienne l’un des principaux magazines de santé mentale de la région, depuis sa base au Canada.

«Le plus gros problème avec les Arabes est que, peu importe le volume de ce qu’ils lisent en ligne (sur les problèmes psychologiques), la question n’est pas culturellement pertinente pour leurs relations, mariages, cultures, maisons et pensées», déclare Salama.

«L’un des grands atouts du succès du soutien psychologique est l’échange avec la personne en face de vous et de comprendre d’où elle vient. Je l’ai compris grâce à mon expérience.»

Très vite, le projet se développe en podcast avec le lancement d’Empathy Always Wins. «Le podcast est éducatif – 70% des auditeurs ont un diplôme d’études supérieures», souligne-t-il.

«Nous avons donné la parole aux auteurs à succès du New York Times, au n° 1 mondial de squash et à des hommes d’affaires que les gens respectent vraiment.»

Avec plus de 100 000 téléchargements l’année dernière et un classement parmi les sept meilleures initiatives sociales de Harvard en 2019, le succès du podcast a conduit Salama à lancer The Art of Podcasting School avec Microsoft For Startups.

Il décrit son podcast comme une exploration complète et désinhibée des vulnérabilités personnelles, dans le but de faire de la capacité à partager et à comprendre les sentiments des autres un élément de force.

«L’empathie est l’élément clé gagnant pour chaque homme et chaque femme. L’empathie l’emporte toujours dans la vie», assure-t-il.

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Bayda Othman, psychologue de l’ONG Première Urgence, en consultation en novembre avec un patient au centre de santé mentale du camp de réfugiés Yazidis de Bajet Kandala près de Dohuk, à 430 kilomètres au nord-ouest de la capitale irakienne, à la frontière avec la Syrie. 18 janvier 2020 (AFP / archive)

 

Bien que le contenu du magazine soit actuellement uniquement en anglais, Ally prévoit de lancer bientôt une version arabe. Et il semble y avoir un intérêt certain sur ce sujet.

Lorsqu’il a commencé à poster sur son compte Instagram en arabe et en anglais, il a vu ses followers passer de 5 000 à 73 000 en seulement six mois.

«Il est nécessaire que les visages aient l’air vulnérable ‒ les gens se connectent avec les gens, pas avec les logos», insiste-t-il, décrivant le rôle positif des influenceurs et des ambassadeurs comme lui. «C’est ainsi que vous faites passer le message. Les gens doivent présenter des fragilités pour devenir des meneurs.»

Aujourd’hui, M. Salama travaille en étroite collaboration avec les écoles, les universités et les entreprises pour les aider à lancer des programmes autour de la santé mentale. Jusqu’à présent, 40 écoles au Canada en ont bénéficié, ainsi que Microsoft, le Capital Club et l’Université Heriot-Watt de Dubaï.

«Il s’agit de sensibiliser et d’inciter d’autres personnes à rechercher cette aide», précise Salama. «Je ne suis qu’un intermédiaire. Mais ma plus grande passion est de parler à de jeunes enfants. Plus est lourd le fardeau de la honte et la culpabilité, plus nous menons des vies psychologiquement perturbées, angoissées et traumatisantes.»

Aujourd’hui, il veut transmettre le même message au Moyen-Orient, où il pense que des millions de personnes sont susceptibles de bénéficier de son expérience. Il veut que chaque foyer arabe discute de santé mentale et de bien-être.

Il estime que le moment est venu pour les jeunes Arabes de s’attaquer à ces problèmes, d’autant que la vie est devenue de plus en plus instable à la suite de la pandémie.

 

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En l’absence de ralentissement des infections à la Covid-19 dans de nombreux pays, d’une augmentation constante des informations et des statistiques angoissantes et des défis sans précédent à la maison et sur le lieu de travail, il est naturel que les gens se sentent dépassés. (Shutterstock / fichier photo)

 

«Que cela vous plaise ou non, vous ne vous sentirez en paix à aucun moment, parce que nous sommes bombardés, ce qui peut causer du stress», souligne M. Salama.

En l’absence de ralentissement des infections à la Covid-19 dans de nombreux pays, d’une augmentation constante des informations et des statistiques angoissantes et de défis sans précédent à la maison et sur le lieu de travail, il est naturel que les gens se sentent dépassés, anxieux et stressés.

Les experts assurent qu’il existe de nombreuses façons de maintenir un bon équilibre mental par ces temps troubles.

Parmi eux, il y a les avantages d’établir une bonne routine, en se concentrant sur les choses que vous pouvez contrôler, comme l’exercice physique et une alimentation saine, des espaces de vie bien rangés et une consommation de nouvelles limitée.

«Les gens se sentent plus que jamais seuls, en particulier pendant la pandémie», souligne Salama. Pour lui, prendre soin de sa santé mentale équivaut à s’étirer avant une séance d’entraînement pour éviter les blessures physiques.

«Au sport, nous n’attendons pas de nous blesser pour nous échauffer», conclut-il. «Nous nous échauffons pour une performance optimale.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Liban: un mort dans une nouvelle frappe israélienne 

Une frappe israélienne a fait un mort dimanche dans le sud du Liban, théâtre récurrent de tirs malgré le cessez-le-feu en vigueur entre Israël et le Hezbollah libanais, a indiqué le ministère libanais de la Santé. (AFP)
Une frappe israélienne a fait un mort dimanche dans le sud du Liban, théâtre récurrent de tirs malgré le cessez-le-feu en vigueur entre Israël et le Hezbollah libanais, a indiqué le ministère libanais de la Santé. (AFP)
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  • Plus tôt dimanche, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) avait accusé l'armée israélienne d'avoir ouvert le feu sur ses membres dans le sud du pays, Israël assurant ne pas avoir visé les Casques bleus "délibérément"
  • Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du mouvement pro-iranien au Liban

BEYROUTH: Une frappe israélienne a fait un mort dimanche dans le sud du Liban, théâtre récurrent de tirs malgré le cessez-le-feu en vigueur entre Israël et le Hezbollah libanais, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

"Une frappe ce soir de l'ennemi israélien sur une voiture dans la ville d'Al-Mansouri, située dans le district de Tyr, a tué un citoyen", a annoncé le ministère dans un communiqué.

Selon l'Agence de presse officielle libanaise Ani, cette frappe de drone a tué le directeur d'une école locale nommé Mohammed Shoueikh.

L'armée israélienne n'a pas réagi dans l'immédiat à ces informations.

Plus tôt dimanche, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) avait accusé l'armée israélienne d'avoir ouvert le feu sur ses membres dans le sud du pays, Israël assurant ne pas avoir visé les Casques bleus "délibérément".

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du mouvement pro-iranien au Liban en l'accusant de chercher à reconstituer ses capacités militaires.

La Finul oeuvre avec l'armée libanaise à l'application de cet accord de cessez-le-feu ayant mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre le Hezbollah et Israël.

Le Hezbollah a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël et les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour le désarmer, ce que le mouvement islamiste refuse.

 


Accident de car en Arabie saoudite: 45 pèlerins tués selon la police indienne

45 pèlerins musulmans en majorité de nationalité indienne sont décédés dans un accident de car survenu pendant la nuit près de la ville sainte de Médine, en Arabie saoudite, a indiqué lundi la police indienne. (AFP)
45 pèlerins musulmans en majorité de nationalité indienne sont décédés dans un accident de car survenu pendant la nuit près de la ville sainte de Médine, en Arabie saoudite, a indiqué lundi la police indienne. (AFP)
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  • "L’accident tragique d'autocar impliquant des pèlerins indiens en Arabie saoudite est bouleversant"
  • 45 pèlerins musulmans en majorité de nationalité indienne sont décédés dans un accident de car survenu pendant la nuit près de la ville sainte de Médine, en Arabie saoudite, a indiqué lundi la police indienne

NEW DELHI: 45 pèlerins musulmans en majorité de nationalité indienne sont décédés dans un accident de car survenu pendant la nuit près de la ville sainte de Médine, en Arabie saoudite, a indiqué lundi la police indienne.

"L’accident tragique d'autocar impliquant des pèlerins indiens en Arabie saoudite est bouleversant", a déclaré V.C. Sajjanar, commissaire de police de Hyderabad, la ville du centre de l'Inde d'où seraient originaires un grand nombre de victimes.

Lors d'un point presse, il a indiqué que "selon les premières informations, 46 personnes se trouvaient dans le bus et malheureusement une seule personne a survécu"."

 


Cisjordanie: l'armée israélienne dit avoir tué un Palestinien qui lançait un engin explosif

L'armée israélienne a annoncé dimanche avoir tué un Palestinien qui, selon elle, lançait un engin explosif vers ses soldats lors d'un raid mené près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, où l'Autorité palestinienne a indiqué qu'un homme de 19 ans avait succombé à des tirs israéliens. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé dimanche avoir tué un Palestinien qui, selon elle, lançait un engin explosif vers ses soldats lors d'un raid mené près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, où l'Autorité palestinienne a indiqué qu'un homme de 19 ans avait succombé à des tirs israéliens. (AFP)
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  • "Au cours d’une opération (...) dans la région de Naplouse, un terroriste a lancé un engin explosif en direction des forces. Les forces ont riposté par des tirs et ont neutralisé le terroriste"
  • Le  ministère de la Santé palestinien a pour sa part annoncé que dans la nuit, "Hassan Ahmed Jamil Moussa (19 ans) a(vait) été tué par les tirs des forces d'occupation [Israël, NDLR] dans le camp d’Al-Askar", situé à l'est de Naplouse

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé dimanche avoir tué un Palestinien qui, selon elle, lançait un engin explosif vers ses soldats lors d'un raid mené près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, où l'Autorité palestinienne a indiqué qu'un homme de 19 ans avait succombé à des tirs israéliens.

"Au cours d’une opération (...) dans la région de Naplouse, un terroriste a lancé un engin explosif en direction des forces. Les forces ont riposté par des tirs et ont neutralisé le terroriste", a indique un communiqué de l'armée israélienne.

Le  ministère de la Santé palestinien a pour sa part annoncé que dans la nuit, "Hassan Ahmed Jamil Moussa (19 ans) a(vait) été tué par les tirs des forces d'occupation [Israël, NDLR] dans le camp d’Al-Askar", situé à l'est de Naplouse.

Le jeune homme a été touché "par les balles des forces d'occupation lors de l'invasion du camp vers minuit la nuit dernière", a déclaré Majed Abu Kishk, le président du comité des services de ce camp de réfugiés.

"Il a été détenu par les forces d’occupation et, lorsqu’il a été remis aux services d'ambulance palestiniens, il était déjà décédé", a-t-il ajouté.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël. Elles n'ont pas cessé, loin de là, avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre.

Au moins 1.006 Palestiniens, combattants et civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, civils et soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.