A l'heure d'un nouveau tour de vis, craintes autour de la santé mentale des jeunes

La Promenade des Anglais, à Nice, vide à la veille du nouveau confinement (Photo, AFP).
La Promenade des Anglais, à Nice, vide à la veille du nouveau confinement (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 20 mars 2021

A l'heure d'un nouveau tour de vis, craintes autour de la santé mentale des jeunes

  • Nombre d'adolescents redoutent de nouvelles restrictions liées à l'épidémie de Covid-19, qui les plongeraient davantage dans une souffrance psychique
  • A l'heure de nouvelles mesures restrictives dans 16 départements, le psychiatre Serge Hefez a fait part de ses «inquiétudes» tant les gens «sont à bout», «surtout les jeunes»

PARIS: « Tu peux m'aider à me tuer ? ». Comme Yoann, 15 ans, nombre d'adolescents redoutent de nouvelles restrictions liées à l'épidémie de Covid-19, qui les plongeraient davantage dans une souffrance psychique, que le gouvernement veut mieux prendre en charge avec un nouveau plan.

Comme beaucoup d'adolescents, la vie de ce lycéen de 15 ans tourne « autour des copains et du sport », confie sa mère, Johanne (les prénoms ont été changés, ndlr). Alors, l'an dernier ; lorsque le confinement total a imposé de vivre reclus, l'expérience a viré au cauchemar pour le lycéen : Yoann « dépérissait, n'avait envie de rien, mangeait moins... il était différent », se souvient, émue, cette cadre commerciale de 48 ans. 

« Un jour, il a débarqué dans la chambre, une corde autour du cou et a dit : Tu veux pas m'aider à me tuer ? ». 

Yoann « a besoin de faire du sport, c'est sa passion. Et le fait de ne plus en faire, ça a été dur... ». Depuis, « avant chaque annonce du gouvernement, il répète qu'il espère qu'on n'arrêtera pas le sport », confie sa mère. 

Les gens « sont à bout » 

A l'heure de nouvelles mesures restrictives dans 16 départements, le psychiatre Serge Hefez a fait part de ses « inquiétudes » tant les gens « sont à bout », « surtout les jeunes ».

Ces dernières semaines, ce responsable de l'unité de thérapie familiale à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière a assisté à une « augmentation de la symptomatologie » chez les plus jeunes : « crises d'angoisse, scarifications, violences, comportements addictifs... » Et il constate « une hausse des tentatives de suicide, y compris pour des enfants âgés de 8 ou 10 ans ».

« Même si c'est un confinement un peu light, il aura des conséquences et les centres médico-psychologiques et services hospitaliers tirent la sonnette d'alarme », s'inquiète-t-il.

Au total, près des deux tiers des 18-25 ans (61%) estiment que la crise sanitaire aura des conséquences négatives sur leur santé mentale, selon un sondage, réalisé en janvier par l'institut Ipsos pour la Fondation Fontamental, réseau de chercheurs sur les maladies psychiatriques.

Interrogés spontanément, près d'un jeune sur trois (32%) déclare être personnellement concerné par au moins un des troubles suggérés : dépression, anorexie, troubles obsessionnels compulsifs, phobies, troubles anxieux, etc.

Vers un nouveau plan

Un mois et demi après l'entrée en vigueur d'un « chèque psy » pour les étudiants (trois séances gratuites chez un professionnel après avis d'un généraliste), plusieurs ministres se réunissent lundi à Matignon autour de Jean Castex pour ébaucher un plan censé améliorer la prise en charge des troubles psychiques chez les adultes et les enfants.

Les professionnels, eux, redoutent d'être davantage dépassés par la demande de soins, déjà importante. Il faudrait « recruter des psychologues, ouvrir des centres médico-psychologiques, rénover des locaux », plaide Marion Angel Salis, psychologue en Seine-Saint-Denis.

A l'instar des professionnels, les associations sont également prises d'assaut comme Nightline - une ligne d'écoute (01 88 32 12 32) et un tchat, tenus par des étudiants pour les étudiants. Bénévole, Benoît estime « en moyenne à 40 contacts par nuit en ce moment », et des « pics d'appel les soirs d'annonces du gouvernement ».

« Il y a des gens qui veulent simplement raconter leur journée, d'autres qui évoquent des troubles relationnels avec leurs familles ou amis, des problèmes de couple ou des idées noires », dit-il avec pudeur pour évoquer le suicide. 

« Il y a un avant et un après confinement » pour les familles, estime Angel Salis. « Pour certaines, cela a été une période de retour à l'entre-soi, on s'est recentré et cela a été bénéfique. Mais pour d'autres, très nombreuses, cette période a engendré beaucoup de souffrances (...) et les enfants ont particulièrement souffert des restrictions et de l'absence de l'école », constate-t-elle.

Arnaud, 45 ans, se souvient encore des nombreuses crises de larmes incontrôlées de sa fille de 12 ans pendant le confinement. 

Habituellement joviale, elle « avait un mal-être un peu global. On avait l'impression que rien n'allait, mais sans comprendre vraiment ni quoi, ni pourquoi », raconte-t-il. « La puberté est déjà une période difficile, mais le manque de contacts, d'activités extérieures et l'école à la maison sont venus tout compliquer ».


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".