BEYROUTH : De nombreux enfants au Liban, privés d'école pendant des mois en raison des restrictions liées à la pandémie de coronavirus, pourraient ne jamais y retourner, a averti jeudi Save the Children dans un contexte de crise économique et politique dans le pays.
Le risque est présent pour les enfants libanais mais aussi pour les centaines de milliers de réfugiés syriens et palestiniens qui avaient déjà des difficultés pour accéder au système éducatif avant même le début de la crise au Liban, a indiqué l'ONG dans un communiqué.
L'effondrement économique a aggravé le niveau de pauvreté dans le pays. Plus de la moitié des Libanais vivent aujourd'hui en dessous du seuil de pauvreté, contre 70% et 90% respectivement parmi les réfugiés palestiniens et syriens.
« La crise sociale et économique au Liban se transforme en une catastrophe pour l'éducation, avec des enfants vulnérables confrontés au risque réel de ne plus jamais retourner à l'école », a indiqué l'ONG.
« La pauvreté représente un obstacle majeur à l'accès des enfants à l'éducation, alors que de nombreuses familles ne peuvent pas se payer du matériel scolaire ou doivent compter sur les enfants pour apporter un revenu ».
Selon Save the Children, plus de 1,2 million d'enfants sont déscolarisés depuis le début de la pandémie dans le pays en février 2020.
Quant aux enfants libanais encore scolarisés, ils ont bénéficié d'un « maximum de 11 semaines d'enseignement » sur un an, en raison des restrictions liées à la Covid-19 – une durée bien plus courte pour les enfants syriens, précise l'ONG.
Avec la crise sans fin que connait le pays depuis l'automne 2019, l'enseignement à distance est devenu « hors de portée » pour un nombre croissant d'enfants, les familles n'ayant plus les moyens d'investir dans du matériel électronique ou de payer une bonne connexion Internet, affirme l'organisation.
En dix-huit mois, la livre libanaise a perdu plus de 85% de sa valeur par rapport au dollar sur le marché noir, ce qui a largement affaibli le pouvoir d'achat des Libanais.
« Un grand nombre d'enfants pourraient ne plus jamais retourner » en classe, soit en raison de lacunes accumulées pendant l'année, soit « parce que leurs familles ne peuvent se permettre de les envoyer à l'école », a déclaré Jennifer Moorehead, directrice de Save the Children au Liban.
Conséquence « tragique » de cette situation, de plus en plus d'enfants travaillent « dans des supermarchés ou des fermes, et des filles sont forcées à se marier », a-t-elle ajouté.