BERLIN : Le Syrien Tareq Alaows, premier réfugié à viser un siège de député en Allemagne, a retiré sa candidature en raison des attaques racistes "massives" et "effrayantes" dont il fait l'objet, ont annoncé mardi les Verts, sa formation politique.
"Le niveau élevé de menace pour moi et avant tout pour mes proches est la raison la plus importante pour le retrait de ma candidature", a indiqué cet homme de 31 ans, arrivé en septembre 2015 quand l'Allemagne a accueilli des centaines de milliers de réfugiés syriens fuyant la guerre qui ravage leur pays depuis dix ans.
"Ma candidature a montré que nous avons besoin dans tous les partis, en politique et dans la société, de structures puissantes pour combattre le racisme structurel et venir en aide aux personnes touchées", a-t-il ajouté, cité dans un communiqué des Verts.
Le jeune homme, qui avait annoncé sa candidature en février dans la circonscription d'Oberhausen-Dinslaken, dans la Ruhr, a décidé de se retirer complètement de la vie publique "pour un certain temps".
Le ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas, a déploré cette décision. "C'est terrible pour notre démocratie (que cette candidature) échoue face aux menaces et au racisme", a-t-il écrit sur Twitter, en exprimant sa "solidarité" avec Tareq Alaows.
En se lançant dans la course, le Damascène avait assuré vouloir "donner une voix aux centaines de milliers de personnes qui ont fui" leur pays et s'engager tout particulièrement pour la défense des droits humains.
Ancien étudiant en droit dans son pays d'origine, il s'était engagé dans l'aide humanitaire pour le Croissant Rouge avant de rejoindre l'Europe depuis la Turquie vers l'île grecque de Lesbos.
Arrivé en Allemagne, il avait d'abord été hébergé dans un gymnase avant de s'engager pour le parti écologiste qui a le vent en poupe dans les sondages à six mois des élections législatives. Il fut également co-fondateur et porte-parole de l'organisation de sauvetage de migrants en mer, Seebrücke.
Ses premiers mots d'allemand, il les avait appris en traduisant des extraits de la Loi fondamentale (Constitution) à l'aide de son smartphone, a-t-il raconté au journal Berliner Zeitung.
Pour pouvoir siéger au Bundestag en cas d'élection, le Syrien aurait dû obtenir la nationalité allemande au plus tard le jour des élections, le 26 septembre.
L'Allemagne accueille la plus grande diaspora syrienne en Europe. En dix ans, 790.000 Syriens se sont installés dans le pays.