Canal de Suez: l'Ever Given remis à flot, le trafic reprend

Cette image satellite publiée par Maxar Technologies montre le porte-conteneurs MV Ever Given dans le canal de Suez le matin du 28 mars 2021. Satellite image ©2021 Maxar Technologies / AFP
Cette image satellite publiée par Maxar Technologies montre le porte-conteneurs MV Ever Given dans le canal de Suez le matin du 28 mars 2021. Satellite image ©2021 Maxar Technologies / AFP
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Publié le Lundi 29 mars 2021

Canal de Suez: l'Ever Given remis à flot, le trafic reprend

  • Déblocage à l'horizon: le porte-conteneur Ever Given de 400 mètres de long qui obstrue le canal de Suez depuis près d'une semaine a commencé à bouger
  • L'arrière du navire de plus de 200 000 tonnes s'est éloigné de la rive ouest du canal

SUEZ: L'Autorité du canal de Suez (SCA) a annoncé lundi la « reprise du trafic » sur cette voie maritime majeure qui était obstruée depuis près d'une semaine par le porte-conteneurs géant Ever Given, finalement remis à flot. 

« L'amiral Ossama Rabie, président de l'Autorité du canal de Suez, a proclamé la reprise du trafic sur le canal », a annoncé en milieu d'après-midi la SCA dans un communiqué, tandis que les chaînes de télévision locale montraient des images du bateau en train d'avancer. 

Lundi matin à l'aube, le navire de 400 mètres de long et de plus de 220 000 tonnes, battant pavillon panaméen, avait commencé à bouger, après la libération de sa poupe, immobilisée sur la rive ouest du canal, qui voit passer environ 10% du commerce maritime international. 

Les manoeuvres se sont ensuite poursuivies à l'aide de plusieurs remorqueurs, jusqu'à ce que le navire se retrouve de nouveau brièvement coincé en travers du canal, selon des sites de visualisation du trafic maritime et des témoins sur place. 

Peu après 15H15 (13H15 GMT), le navire s'est finalement retrouvé dans le sens de la circulation au milieu du canal, avec sa poupe et sa proue libérées. 

« Nous l'avons dégagé! », s'est félicitée dans un communiqué la maison-mère de la société mandatée pour le sauvetage du bateau.  

« Je suis ravi de vous annoncer que notre équipe d'experts, en étroite collaboration avec l'Autorité du canal, a remis à flot l'Ever Given à 15H05 », a déclaré Peter Berdowski, le PDG de Royal Boskalis Westminster, cité dans le communiqué, félicitant les équipes qui ont fait face à cette « pression (...) évidente et sans précédent ». 

Selon Boskalis, 30 000 mètres cube de sable ont été dragués et 13 remorqueurs déployés. Le navire se dirige dans une zone hors du canal pour être inspecté, est-il précisé dans le texte. 

Sissi se félicite d'une opération «réussie»

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi n'avait pas attendu la fin du renflouement pour se féliciter plus tôt dans la journée d'une opération « réussie », le célèbre canal étant une importante source de revenus pour le pays. 

« Aujourd'hui, les Egyptiens ont réussi à mettre fin à la crise du navire qui s'est échoué dans le canal de Suez, malgré l'énorme complexité technique qui a entouré ce processus », a tweeté Sissi lundi, après que l'Autorité du canal a annoncé que le navire avait été remis à 80% dans la « bonne direction ».

En dépit du tweet victorieux du président, l'Autorité du canal n'a toujours pas annoncé officiellement lundi à la mi-journée la fin de l'opération de renflouement du navire.

Pour Sissi, « les Egyptiens ont prouvé aujourd'hui qu'ils étaient toujours la hauteur », soulignant que le canal de Suez, inauguré en 1869, avait été creusé par « leurs grands-parents à la force de leurs corps ».

Le long de la route qui traverse le modeste village de Manchiyet al-Rougoula, des riverains ont observé ébahis l'immense porte-conteneurs, devenu partie intégrante de leur décor périurbain depuis une semaine, quitter la berge. 

Un père et sa famille sont montés sur le toit de leur maison en briques rouges pour mieux voir le spectacle. 

« Nous sommes contents de voir le bateau bouger grâce à Dieu », confie un habitant, sous couvert d'anonymat. 

Selon la revue spécialisée britannique Lloyd's List, le blocage du canal a créé un embouteillage de 425 navires qui attendaient de pouvoir franchir cette voie longue de quelque 190 km reliant la mer Rouge à la Méditerranée. 

Trois jours pour rattraper 

Il faudra « trois jours et demi environ » pour tout résorber, a prévenu, Ossama Rabie, président de la SCA, sur la chaîne locale Sadaa al-Balad, ajoutant que le trafic serait maintenu « 24 heures sur 24, immédiatement après le renflouement du navire ». 

Les conditions météo extrêmes --vents violents et tempêtes de sable-- avaient d'abord été blâmées, avant que le chef de la SCA n'évoque la possibilité d'« erreurs, humaine ou technique ». 

Selon Ihab Talaat el-Bannane, ancien amiral égyptien, « l'accident s'est produit dans la partie du canal où le sol est rocheux et qui avait d'ailleurs été le plus difficile à creuser ».  

L'assureur Allianz a estimé plus que chaque jour de blocage du canal pourrait coûter entre six et 10 milliards de dollars. 

La valeur totale des biens bloqués ou devant emprunter une autre route diffère selon les estimations, oscillant entre trois et plus de 9 milliards de dollars. 

Selon les autorités du canal, l'Egypte perdait entre 12 et 14 millions de dollars par jour de fermeture. Près de 19 000 navires ont emprunté le canal en 2020, selon la SCA. 


Au Liban, la plupart des sites militaires du Hezbollah ont été cédés à l'armée dans le sud du pays

L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
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  • « Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.
  • Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

BEYROUTH : Selon une source proche du mouvement pro-iranien, l'AFP a appris samedi que la plupart des sites militaires du Hezbollah dans le sud du Liban avaient été placés sous le contrôle de l'armée libanaise.

« Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.

Dimanche, une émissaire américaine en visite à Beyrouth a exhorté les autorités libanaises à accélérer le désarmement du Hezbollah.

« Nous continuons d'exhorter le gouvernement à aller jusqu'au bout pour mettre fin aux hostilités, ce qui inclut le désarmement du Hezbollah et de toutes les milices », a déclaré Morgan Ortagus sur la chaîne locale LBCI. 

Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

« Nous allons bientôt élaborer une stratégie de défense nationale dans ce cadre », a-t-il ajouté.

Le Hezbollah est le seul groupe libanais à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la « résistance » contre Israël.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban pour soutenir son allié palestinien.

Ces hostilités ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2006 avec des bombardements israéliens intenses au Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, dont la direction a été quasiment décimée. La guerre a fait plus de 4 000 morts.

Israël, qui a maintenu sa présence militaire au Liban dans cinq points « stratégiques » le long de la frontière, continue de mener régulièrement des frappes au Liban, disant viser des infrastructures et des membres du Hezbollah.


Gaza : une délégation du Hamas est attendue au Caire samedi pour discuter d'une trêve

Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
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  • « Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat.
  • « Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

LE CAIRE : Une délégation du Hamas est attendue samedi au Caire pour des discussions avec les médiateurs égyptiens en vue d'une nouvelle trêve dans la bande de Gaza, a indiqué à l'AFP un responsable du mouvement islamiste palestinien.

« Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre et à l'agression, et garantissant le retrait complet des forces d'occupation de la bande de Gaza », a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat, en référence à Israël.

Selon lui, le Hamas n'a reçu aucune nouvelle offre de trêve, malgré des informations de médias israéliens rapportant que l'Égypte et Israël avaient échangé des projets de documents portant sur un accord de cessez-le-feu et de libération d'otages.

« Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

La délégation est conduite par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du Hamas, a-t-il précisé.

Selon le Times of Israel, la proposition égyptienne prévoirait le retour en Israël de 16 otages, huit vivants et huit morts, en échange d'une trêve de 40 à 70 jours ainsi que de la libération d'un grand nombre de prisonniers palestiniens.


Reconnaissance de l'État palestinien : de nombreuses conditions à réunir pour que la France agisse

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
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  • - Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 
  • Il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

PARIS : Toute reconnaissance de l'État palestinien par la France ne contribuera à mettre la solution des deux États avec Israël sur les rails que si elle réunit une myriade de conditions qui semblent pour le moment inatteignables.

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique ». Les obstacles sont de taille.

- Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 

L'an passé, il avait déclaré que la reconnaissance d'un État palestinien n'était pas un tabou, à condition que ce geste symbolique soit « utile ».

Mercredi, il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

La conférence pour les deux États, prévue en juin à New York sous l'égide de la France et de l'Arabie saoudite, doit être « un tournant », a-t-il dit. 

Des frontières à définir 

« Les attributs juridico-politiques de l'État palestinien en question n'existent pas aujourd'hui. C'est une pure fiction diplomatique », souligne néanmoins David Khalfa, de la Fondation Jean-Jaurès à Paris.

« Pour qu'un État palestinien soit viable, il faut une continuité territoriale entre Gaza et la Cisjordanie », note Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris. Or, « on ne voit pas aujourd'hui le gouvernement israélien accepter d'entamer un processus de décolonisation, de mettre un terme à l'occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, et de demander aux 700 ou 800 000 colons israéliens de quitter ces territoires occupés », dit-il. 

Une autre question épineuse est celle du désarmement du Hamas, qui a perpétré les attentats sanglants du 7 octobre 2023 en Israël et provoqué les représailles meurtrières de l'armée israélienne à Gaza.

Israël a fait de l'éradication du groupe sa priorité. 

Démilitarisation du Hamas et exfiltration

Quoiqu'affaibli, le groupe « a réussi à recruter des milliers de jeunes miliciens » et dispose encore d'un arsenal lui permettant de « mener des actions de guérilla contre les soldats israéliens et de réprimer dans le sang les leaders de la contestation anti-Hamas à Gaza », observe-t-il.

S'agissant de l'exfiltration de certains cadres du Hamas, la question est complexe à explorer avec ceux qui parlent au Hamas, reconnaît-on à Paris. Comment les exfiltrer et vers quelle destination, en plus du Qatar et de la Turquie ? Des interrogations  qui restent sans réponse actuellement. 

Revitaliser l'Autorité Palestinienne

« Les Israéliens doivent être convaincus que le Hamas va être désarmé, qu'il est exclu de la gouvernance de Gaza et que l'Autorité palestinienne va réellement se réformer », a expliqué à l'AFP une source diplomatique française.

Cela passe par le renforcement de la légitimité de l'Autorité palestinienne, alors que la popularité du Hamas augmente au sein de la population. 

Normalisation avec Israël

Selon Hasni Abidi, enseignant au Global Studies Institute de l'Université de Genève, il faut un changement de personnel politique en son sein pour qu'une Autorité palestinienne revitalisée soit en mesure d'assurer une gouvernance crédible dans la bande de Gaza. Or, ses dirigeants ne manifestent aucun désir de passer la main, ce qui permet à Israël d'entretenir l'idée qu'ils n'ont pas d'interlocuteur crédible.

La source diplomatique rappelle que la normalisation est un processus et pas un acte isolé. Elle souligne que ce processus peut se faire progressivement et que d'autres pays peuvent participer. Cependant, la France est réaliste et ne s'attend pas à un règlement immédiat du conflit israélo-palestinien.