Des meubles, des moutons et du pétrole: 369 navires bloqués près du Canal de Suez

Des pétroliers et des navires de fret près de l'entrée du canal de Suez, le 28 mars 2021 (Photo, AFP)
Des pétroliers et des navires de fret près de l'entrée du canal de Suez, le 28 mars 2021 (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 28 mars 2021

Des meubles, des moutons et du pétrole: 369 navires bloqués près du Canal de Suez

  • Selon MarineTraffic, une centaine de bateaux contenant du pétrole ou des produits pétroliers étaient situés dimanche dans les zones d'attente
  • Onze navires partis de Roumanie et transportant 130 000 moutons sont affectés

NICOSIE: Du thé, des meubles Ikea, des lames de parquet mais aussi 130 000 moutons et du pétrole iranien à destination de la Syrie: plus de 360 navires et leur cargaison sont bloqués aux extrémités ou dans les zones d'attente du canal de Suez. 

Sur le site de suivi du trafic maritime MarineTraffic, des centaines de petits points colorés représentant les bateaux s'accumulent dimanche au large de Port-Saïd en mer Méditerranée, dans les lacs qui ponctuent le canal de Suez et forment même une file dans le golfe de Suez menant à la mer Rouge. 

Le canal, qui voit passer environ 10% du commerce maritime, est bloqué depuis mardi par l'Ever Given, navire d'une capacité de 20 000 conteneurs et de 220 000 tonnes exploité par l'armateur taïwanais Evergreen, ce qui entraîne des retards conséquents dans les livraisons de certaines marchandises. 

La valeur totale des biens affectés diffère selon les estimations: de trois milliards de dollars selon Jonathan Owens, expert à l'université de Salford, à 9,6 milliards de dollars selon Lloyd's List, revue britannique sur le transport maritime. 

Pétrole  

Seulement 1,74 million de barils transitent chaque jour par le canal, le peu du pétrole du Golfe destiné à l'Europe passant à 80% par l'oléoduc Sumed, qui traverse l'Egypte, selon Paola Rodriguez Masiu, de Rystad Energy. 

Selon MarineTraffic, une centaine de bateaux contenant du pétrole ou des produits pétroliers étaient situés dimanche dans les zones d'attente. En réaction au blocage, les cours de l'or noir ont grimpé en fin de semaine même si la hausse devrait être limitée. 

Selon des experts, les stocks sont suffisants et d'autres sources d'approvisionnement existent. 

Mais pour la Syrie en guerre, sous sanctions internationales, le blocage a retardé une cargaison de différents produits pétroliers en provenance d'Iran, son allié aussi sous sanctions. Déjà confronté à des pénuries, Damas a annoncé samedi de nouveaux rationnements. 

Bétail  

L'incertitude quant au délai nécessaire pour renflouer le navire pose la question du ravitaillement des équipages mais aussi du bétail. 

Onze navires partis de Roumanie et transportant 130 000 moutons sont affectés. 

« La situation est critique et risque de devenir une tragédie maritime sans précédent impliquant des animaux vivants », a averti l'organisation Animals International. L'Egypte a envoyé du fourrage et trois équipes vétérinaires pour examiner les animaux. 

La Jordanie a indiqué attendre des moutons et des veaux, parmi d'autres marchandises, bloqués sur des bateaux. 

Marchandises  

Le géant suédois de l'ameublement Ikea a précisé avoir environ 110 conteneurs sur l'Ever Given et d'autres sur des navires coincés. 

C'est « une contrainte supplémentaire qui s'ajoute à une situation déjà éprouvante et volatile pour les chaînes d'approvisionnement déclenchée par la pandémie de Covid-19 », a déclaré un porte-parole. 

Le négociant en thé Van Rees Group, basé à Rotterdam, déplore le blocage de 80 conteneurs de thé sur quinze navires. L'entreprise prévoit un « chaos », avec des « conséquences importantes (...), car l'approvisionnement stagne ». 

« J'ai dit à un de mes clients que son parquet bloquait le canal de Suez, il ne m'a pas cru », a déclaré samedi à la BBC le patron d'une entreprise britannique spécialisée dans le bois. Une cargaison de lames de parquet en chêne français conditionnées en Chine se trouve sur l'Ever Given. 

File d'attente grandissante 

Plusieurs géants du transport maritime, comme l'armateur danois Maersk ou le Français CMA CGM, ont dérouté certains de leurs navires par le Cap de Bonne-Espérance --détour pouvant représenter 9.000 kilomètres autour du continent africain, soit au moins sept jours supplémentaires-- mais des navires continuent d'arriver aux abords du canal. 

En 2020, Suez a vu passer en moyenne 51,5 navires par jour. 

Selon Maersk, il faudrait entre « trois et six jours » pour faire passer tous les bateaux qui étaient bloqués samedi. 

D'ici la fin du week-end, 32 des navires du numéro un mondial et de ses partenaires seront affectés, 15 déroutés, et ce nombre pourrait augmenter si le renflouement de l'Ever Given tarde, a précisé Maersk. 

Selon Lloyd's List, quelque 90% des cargaisons ne sont pas assurées en cas de retard. 

 


Bombardements israéliens à Gaza, la population face à une «famine imminente»

Des Palestiniens passent devant des bâtiments endommagés et détruits dans le camp de Maghazi pour les réfugiés palestiniens dans le centre de la bande de Gaza, le 29 mars 2024. (AFP)
Des Palestiniens passent devant des bâtiments endommagés et détruits dans le camp de Maghazi pour les réfugiés palestiniens dans le centre de la bande de Gaza, le 29 mars 2024. (AFP)
Short Url
  • Le ministère de la Santé du Hamas a fait état en matinée de dizaines de morts lors de combats et de raids aériens notamment à Rafah
  • Face à l'urgence humanitaire, plusieurs pays organisent des parachutages et des expéditions d'aide par voie maritime

TERRITOIRES PALESTINIENS: Des bombardements israéliens ont de nouveau frappé vendredi la bande de Gaza, territoire palestinien assiégé dont la population fait face à une "famine imminente" selon le Programme alimentaire mondial (PAM), près de six mois après le début de la guerre avec le Hamas.

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état en matinée de "dizaines de morts" lors de combats et de raids aériens notamment à Rafah (sud), ville considérée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas et où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés par les hostilités.

Outre le bilan humain et les destructions, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien assiégé, où la majorité des 2,4 millions d'habitants sont désormais menacés de famine selon l'ONU qui déplore une aide largement insuffisante pour répondre aux besoins de la population.

"Il n'y a pas un autre endroit dans le monde où un aussi grand nombre de personnes font face à une famine imminente", a déploré jeudi sur X Matthew Hollingworth, chargé des territoires palestiniens au PAM.

Sans délai

Israël doit "veiller sans délai" à ce que soit assurée "sans restriction et à grande échelle, la fourniture par toutes les parties intéressées des services de base et de l'aide humanitaire requis de toute urgence", a déclaré jeudi la Cour internationale de justice (CIJ) basée à La Haye.

Saisie par l'Afrique du Sud, la juridiction avait ordonné en janvier à Israël de faire tout son possible pour empêcher un "génocide" dans le territoire palestinien, Israël jugeant "scandaleuses" de telles accusations.

Dans la nuit, le Hamas s'est félicité de la décision de la CIJ et a demandé sa "mise en œuvre immédiate".

Face à l'urgence humanitaire, plusieurs pays organisent des parachutages et des expéditions d'aide par voie maritime, mais tous soulignent que ces voies d'approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres.

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée depuis la bande de Gaza par le Hamas le 7 octobre en Israël qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

D'après Israël, environ 250 personnes ont également été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas -- qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne -- et lancé une offensive qui a fait à 32.623 morts, majoritairement des femmes et des enfants, selon un dernier bilan vendredi du ministère de la Santé du Hamas.

Entrer à Rafah

L'armée israélienne, qui accuse les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux, a dit vendredi poursuivre ses opérations dans le complexe hospitalier al-Chifa, dans la ville de Gaza (nord), disant avoir "éliminé environ 200 terroristes" dans le secteur depuis le 18 mars.

Elle a souligné s'assurer de "prévenir toute atteinte aux civils, patients, équipes médicales et matériel".

Dans le centre de la bande de Gaza, l'armée a dit avoir "détruit de nombreuses roquettes destinées à être tirées vers Israël", et éliminé des "terroristes".

Des opérations se poursuivent également à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, dans les secteurs d’Al-Amal et Al Qarara, où des combattants palestiniens ont aussi été tués, selon elle.

A Khan Younès, plusieurs blessés ont été transportés en ambulance à l’hôpital européen dans la nuit, selon des images de l’AFP. Certaines victimes, dont des enfants, étaient soignées à même le sol.

"Rien n'a changé"

A Rafah, plus au sud, des dizaines d’hommes œuvraient à dégager des décombres d’un bâtiment bombardé des blessés et des corps, d’où a notamment été extrait un jeune garçon.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyhau a réaffirmé jeudi sa détermination à lancer une offensive terrestre à Rafah en dépit des pressions internationales, y compris des Etats-Unis.

"Nous tenons le nord de la bande de Gaza ainsi que Khan Younès (sud). Nous avons coupé en deux la bande de Gaza et on se prépare à entrer à Rafah", a-t-il dit.

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël qui redoute le bilan humain d'une telle opération, a récemment demandé l'envoi d'une délégation israélienne à Washington pour discuter de ce projet.

En parallèle, le Qatar - un médiateur avec l'Egypte et les Etats-Unis - a été l'hôte cette semaine de négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur un projet de trêve de plusieurs semaines doublée d'un échange d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens.

Une résolution à l'ONU réclamant un "cessez-le-feu immédiat" a été adoptée lundi après l'abstention des Etats-Unis, mais "rien n'a changé" sur le terrain depuis, a déploré le président international de Médecins sans frontières Christos Christou.

 


Netanyahu donne son feu vert à un nouveau cycle de pourparlers en vue d'une trêve à Gaza

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a approuvé une nouvelle série de pourparlers sur le cessez-le-feu à Gaza qui doivent se tenir à Doha et au Caire, a déclaré son bureau vendredi, quelques jours après que les négociations aient semblé dans l'impasse. (Reuters)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a approuvé une nouvelle série de pourparlers sur le cessez-le-feu à Gaza qui doivent se tenir à Doha et au Caire, a déclaré son bureau vendredi, quelques jours après que les négociations aient semblé dans l'impasse. (Reuters)
Short Url
  • Le bureau de M. Netanyahu a ajouté que le Premier ministre s'était entretenu avec le chef du Mossad, David Barnea, au sujet des négociations
  • Le Qatar, pays médiateur, a indiqué mardi que les négociations entre le Hamas et Israël sur une trêve à Gaza et la libération des otages se poursuivaient

JÉRUSALEM: Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a donné son feu vert à un nouveau cycle de pourparlers à Doha et au Caire, en vue d'une trêve à Gaza, a indiqué vendredi son bureau, après que les négociations semblaient dans l'impasse.

"Benjamin Netanyahu s'est entretenu avec le directeur du Mossad (services extérieurs israéliens) et le directeur du Shin bet (renseignement intérieur), et a approuvé un nouveau cycle de négociations dans les prochains jours, à Doha et au Caire", a précisé son bureau dans un communiqué.

Depuis l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies lundi d'une résolution exigeant un "cessez-le-feu immédiat", Israël et le Hamas se renvoient la responsabilité de leur incapacité à trouver un accord sur une trêve, après bientôt six mois de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien dans la bande de Gaza.

Le Qatar, pays médiateur, a indiqué mardi que les négociations entre le Hamas et Israël sur une trêve à Gaza et la libération des otages se poursuivaient, mais peu d'informations avaient été communiquées depuis par les différentes parties.

Le bureau de M. Netanyahu a ajouté que le Premier ministre s'était entretenu avec le chef du Mossad, David Barnea, au sujet des négociations, mais n'a pas précisé si M. Barnea se rendrait à Doha ou au Caire pour les pourparlers.

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée depuis la bande de Gaza par le Hamas le 7 octobre en Israël qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

D'après Israël, environ 250 personnes ont également été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, et lancé une offensive qui a fait 32.623 morts, majoritairement des femmes et des enfants, selon un dernier bilan vendredi du ministère de la Santé du Hamas.

 


L'armée israélienne dit avoir éliminé un chef du Hezbollah au Liban

Le Hezbollah, allié du groupe militant palestinien Hamas, échange presque quotidiennement des tirs transfrontaliers avec l'armée israélienne depuis que les hommes armés du Hamas ont lancé une attaque sans précédent contre le sud d'Israël le 7 octobre, déclenchant une guerre à Gaza. (AFP)
Le Hezbollah, allié du groupe militant palestinien Hamas, échange presque quotidiennement des tirs transfrontaliers avec l'armée israélienne depuis que les hommes armés du Hamas ont lancé une attaque sans précédent contre le sud d'Israël le 7 octobre, déclenchant une guerre à Gaza. (AFP)
Short Url
  • Vendredi, l'agence de presse officielle libanaise ANI a rapporté un «raid ciblé mené par un drone ennemi sur une voiture» à Bazouriyé, près de la ville côtière de Tyr, faisant état d'au moins un mort
  • Le mouvement libanais n'a pas commenté l'attaque dans l'immédiat mais il a dit avoir tiré vendredi sur des positions militaires israéliennes à la frontière entre Israël et le Liban

BEYROUTH: Un "important responsable" du Hezbollah libanais a été tué vendredi dans une frappe sur sa voiture dans le sud du Liban, a indiqué une source militaire libanaise en accusant Israël.

Depuis près de six mois, les violences opposent quotidiennement à la frontière israélo-libanaise l'armée israélienne au Hezbollah qui affirme vouloir soutenir le mouvement islamiste palestinien Hamas dans sa guerre contre Israël dans la bande de Gaza.

Le mouvement armé pro-iranien vise des positions militaires et des localités proches de la frontière, et Israël riposte en bombardant de plus en plus en profondeur le territoire libanais, menant notamment des attaques ciblées contre des responsables du Hezbollah et du Hamas.

Vendredi, l'agence de presse officielle libanaise ANI a rapporté un "raid ciblé mené par un drone ennemi (israélien, ndlr) sur une voiture" à Bazouriyé, près de la ville côtière de Tyr, faisant état d'au moins un mort.

S'exprimant sous couvert d'anonymat, une source militaire libanaise a précisé que la victime était "un important responsable du Hezbollah", bête noire d'Israël.

Le mouvement libanais n'a pas commenté l'attaque dans l'immédiat mais il a dit avoir tiré vendredi sur des positions militaires israéliennes à la frontière entre Israël et le Liban.

Selon un correspondant de l'AFP sur place, la voiture ciblée a été détruite et des débris étaient éparpillés tout autour. Les autorités ont bouclé la zone.

Les violences transfrontalières se sont intensifiées cette semaine, suscitant des craintes d'un conflit généralisé entre Israël et le Hezbollah, qui se sont livré une guerre dévastatrice en 2006.

La Maison Blanche a estimé jeudi qu'un retour au calme à la frontière israélo-libanaise devait être "la plus haute priorité".

Mercredi, onze civils dont dix secouristes ont été tués du côté libanais de la frontière par des frappes attribuées à Israël, et un civil a péri du côté israélien dans des bombardements revendiqués par le Hezbollah.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre, au moins 347 personnes ont été tuées au Liban -des combattants du Hezbollah pour la plupart, mais aussi au moins 68 civils-, selon un décompte de l'AFP.

Côté israélien, dix soldats et huit civils ont été tués selon l'armée.