PARIS: Le nombre de nouvelles contaminations par le coronavirus a particulièrement progressé chez les moins de 15 ans la semaine dernière en France, une hausse que l'intensification du dépistage n'explique qu'en partie, selon Santé publique France.
Dans l'ensemble de la population, l'incidence --la proportion de nouveaux cas détectés-- a progressé de 17%, à 313 cas pour 100 000 habitants, bien au-dessus du seuil d'alerte maximale fixé par le gouvernement (250).
Mais c'est chez les 0-14 ans que l'incidence a le plus augmenté du 15 au 21 mars, avec une hausse de 31% par rapport à la semaine précédente, à 230 pour 100 000 habitants, selon le point épidémiologique publié vendredi par l'agence sanitaire.
La hausse des cas chez les enfants et les adolescents s'inscrit "dans un contexte d'intensification des campagnes de dépistage dans les établissements scolaires", a souligné lors d'un point presse Christine Campese, épidémiologiste à Santé publique France.
Le taux de dépistage chez les moins de 15 ans a ainsi augmenté de 41% la semaine dernière, poussé notamment par l'utilisation de tests salivaires dans les établissements (environ 200 000 réalisés en une semaine, selon l'Education nationale).
Cette progression "très importante" des capacités de dépistage "met en évidence la contribution des enfants à l'épidémiologie, qui était peut-être moins clairement visible" auparavant, a observé Daniel Lévy-Bruhl, responsable de l'unité infections respiratoires de Santé publique France.
La relative stabilité du taux de positivité dans cette tranche d'âge (-0,5 point) montre qu'il ne s'agit "pas seulement un effet de dépistage", analyse-t-il.
Le variant initialement détecté en Angleterre, "maintenant très largement majoritaire" en France, "ne touche pas préférentiellement les enfants, mais il touche autant les enfants que les adultes", explique l'épidémiologiste.
Résultat, par rapport "à ce qu'on observait en 2020", avec une souche historique du virus qui contaminait moins les plus jeunes, cela entraîne "une augmentation (...) de la transmission entre enfants, au sein des écoles éventuellement, et de la transmission enfants / adultes au sein du foyer".
De plus, le "choix" de laisser les écoles ouvertes "fait qu'il y a (...) des circonstances de transmission potentielles" telles que la cantine ou la cour de récréation "qui sont acceptées chez les enfants alors qu'on essaie de limiter au maximum celles chez les adultes", ajoute-t-il.
Dans le détail, "plus on diminue en âge, plus l'incidence est faible", observe Daniel Lévy-Bruhl, avec une incidence de seulement 58 chez les 0-2 ans (en hausse de 25%), contre 122 chez les 3-5 ans (+42%), 283 pour les 6-10 ans (+36%) et 350 chez les 11-14 ans (+24%).
Les adolescents de 15 à 17 ans présentent eux un taux d'incidence "assez proche de celle des adultes", à 431 cas pour 100.000 habitants, en progression de 22%.