DUBAI : Les Emirats arabes unis ont convoqué dimanche le chargé d'affaires iranien à Abou Dhabi pour protester contre les « menaces » proférées par le président iranien, Hassan Rohani, après l'annonce d'un accord de normalisation des relations entre Israël et ce pays du Golfe voisin de l'Iran.
« Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale a convoqué le chargé d'affaires iranien (...) et lui a transmis une lettre dans des termes forts pour protester contre les menaces proférées dans un discours du président iranien, Hassan Rohani, contre la souveraineté des Emirats », a rapporté l'agence officielle émiratie WAM.
Samedi, le président Rohani avait qualifié de « grosse erreur » la décision des Emirats de normaliser leurs liens avec Israël, les « mettant en garde contre l'ouverture pour Israël d'une voie d'accès à la région », selon l'agence de presse iranienne Mehr.
Si cela devait arriver, « ce serait une autre histoire, et ils (les Emirats, NDLR) seraient traités d'une autre manière », a averti le président iranien.
Les Emirats arabes unis ont dénoncé dimanche un discours « inacceptable et provocateur », qui pourrait avoir selon eux « de graves répercussions sur la sécurité et la stabilité de la région ».
Ce riche pays arabe du Golfe et Israël doivent signer d'ici trois semaines à Washington un accord de normalisation de leurs relations, annoncé par surprise jeudi par le président américain Donald Trump.
Cet accord, dénoncé par les Palestiniens, fera des Emirats le troisième pays arabe à suivre ce chemin depuis la création de l'Etat hébreu en 1948, après l'Egypte et la Jordanie, deux pays frontaliers d'Israël.
Samedi, le journal ultraconservateur iranien Kayhan a affirmé que les Emirats étaient devenus une « cible légitime » pour les forces pro-Téhéran, dénonçant l'accord comme une « trahison » de la cause palestinienne.
Le gouvernement iranien a condamné la « stupidité stratégique d'Abou Dhabi et de Tel-Aviv qui renforcera sans aucun doute l'axe de la résistance », en référence aux alliés de Téhéran au Moyen-Orient.
Partenaires économiques
Abou Dhabi a réduit en 2016 ses relations avec Téhéran dans un contexte de vives tensions entre les deux poids lourds de la région : l'Arabie saoudite, proche alliée des Emirats, et l'Iran.
Le chef de la diplomatie iranienne a néanmoins tenu début août avec son homologue émirati de rares discussions ayant porté notamment sur la coopération dans la lutte contre la pandémie de Covid-19.
La République islamique et les Emirats, deux pays riverains du Golfe, sont d'importants partenaires économiques, en particulier Dubaï, géant portuaire et plus grand hub aéroportuaire au monde pour les passagers étrangers.